Sa façade rythmée par des voiles de béton, qui rappellent les rideaux d’un théâtre, fait la fierté des Berruyers. Sur la place Séraucourt, la nouvelle maison de la culture de Bourges (MCB), dessinée par l’agence d’architecture Ivars&Ballet, fait face au bâtiment art déco qui abritait jusqu’au début des années 2010 l’établissement qu’André Malraux, le ministre de la culture du général de Gaulle, inaugura le 18 avril 1964. L’architecte de la politique de décentralisation culturelle avait alors pour dessein de « rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France au plus grand nombre de Français ».

Devenue inadaptée et contrainte d’exercer ses activités hors les murs pendant dix longues années, la première maison de la culture du pays a retrouvé un toit que Roselyne Bachelot, successeure d’André Malraux, ne manqua pas d’inaugurer à son tour le 10 septembre 2021. Quant au bâtiment historique, construit entre 1936 et 1938 par l’architecte Marcel Pinon, il ne restera pas longtemps une friche au milieu de la ville. Irène Félix, la présidente de Bourges Plus, vient d’annoncer sa volonté d’y installer la Maison de l’agglomération.

La nouvelle maison de la culture, baignée de lumière, se déploie sur 5 500 m2 répartis sur trois niveaux, abritant une salle modulable de 700 places, une autre de 200 places aux gradins rétractables, un lieu de répétition de 400 m2, un espace de médiation, deux salles de cinéma et un restaurant. Dans la grande salle, le vaste plateau des techniciens, qui ressemble à une plateforme logistique, a été construit à hauteur de la rue, de sorte que les camions puissent décharger les décors et le matériel, « sans aucune rupture de charge », se réjouit Olivier Atlan, le directeur de la MCB depuis septembre 2011.

Cœur battant de la prochaine capitale européenne de la culture

Depuis son ouverture, le public a repris ses marques. Les spectacles font régulièrement jauge pleine, tandis que les projets de création s’enchaînent. Ce jour-là, la salle Pina-Bausch est occupée par Jean Varela, le directeur artistique du Domaine d’O à Montpellier, et le sociologue Jean-Claude Monnet, en pleine répétition d’un spectacle – programmé en décembre prochain – sur Gabriel Monnet, le premier directeur de la maison de la culture de Bourges.

Cœur battant de la vie culturelle, la MCB se projette déjà sur l’année 2028, qui mettra la ville de Bourges, désignée en décembre dernier capitale européenne de la culture, sous les feux des projecteurs. Deux artistes associés sont déjà à pied d’œuvre. Le metteur en scène Jacques Vincey va enregistrer l’intégrale de L’Odyssée d’Homère, tandis que l’écrivaine franco-roumaine Alexandra Badea prépare un projet à « destination des voyageurs en train ».

D’ici là, la scène de la grande salle accueillera, vendredi 26 avril, le public du Printemps de Bourges venu assister à Come as You Are, une création originale – en hommage à Kurt Cobain, le chanteur du groupe Nirvana disparu il y a trente ans – portée par Beatrice Dalle et Youv Dee.