Treize ans que les enquêteurs recherchent les traces de Xavier Dupont de Ligonnès - vivant ou mort -, principal suspect dans le quintuple assassinat de son épouse et leurs enfants, dont les cadavres ont été retrouvés. Ces dernières années, les pistes n’ont d’ailleurs pas manqué, révèle Le Parisien, dans une dense enquête publiée lundi 18 mars 2024.

Un témoin évoquait un lien entre "XDDL" et Jean-Claude Romand

Les enquêteurs de la police judiciaire de Nantes, de l’Office central de lutte contre le crime organisée (OCLCO) et de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) ont d’abord reçu un bon nombre de fausses alertes. La sortie en 2020 d’un documentaire sur Netflix consacré à l’affaire a d’ailleurs provoqué une nouvelle vague de signalements, notamment en provenance des États-Unis.

Sur le terrain, les enquêteurs se sont toutefois intéressés à plusieurs pistes sérieuses, dévoile Le Parisien. Ils se sont notamment rendus le 15 juillet 2021 à l’abbaye traditionaliste de Notre-Dame de Fontgombault, située dans l’Indre, pour interroger Jean-Claude Romand. Le célèbre tueur, un faux docteur ayant été condamné à la perpétuité en 1996 pour les meurtres de son épouse, de leurs deux enfants et de ses deux parents, aurait pu aider Xavier Dupont de Ligonnès à se cacher au sein de la communauté monastique où il s’est lui-même installé depuis sa libération conditionnelle en juin 2019.

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Un témoin a fait état de la possible présence de l'homme recherché en ces lieux et affirme avoir discuté avec Jean-Claude Romand, qui aurait laissé croire qu’il savait quelque chose sur cette affaire. Une hypothèse jugée crédible par l’abbé de Fontgombault. Interrogés, les deux hommes ont finalement affirmé n’avoir aucune information sur la présence de Xavier Dupont de Ligonnès au sein du monastère.

Recherche au cœur d’une secte apocalyptique

Ces recherches ont également mené les enquêteurs jusqu’en Italie, les enquêteurs soupçonnant Xavier Dupont de Ligonnès d'y avoir trouvé refuge temporairement dans une secte apocalyptique appelée "Notre Dame d’Alvenia", située dans la commune de Seborga. L’association religieuse a été crée par Stéphane Ravel d’Estienne, un ancien médecin français radié de l’Ordre, et sa compagne. Le couple aurait entretenu des liens étroits avec la famille de Xavier Dupont de Ligonnès, notamment avec la mère de ce dernier, qui aurait été à la tête du groupe de prière "l’Église de Philadelphie". Les deux groupes partageraient les mêmes croyances cataclysmiques.

Ces informations ont poussé les enquêteurs à s’intéresser davantage à la commune de Seborga. Il faut dire que la zone est particulière : les dernières traces de vie de Xavier Dupont de Ligonnès ont été localisées à Roquebrune-sur-Argens, à 200km de la frontière italienne. Un campeur avait d’ailleurs signalé avoir aperçu l'homme dans les montagnes de Sospel. Les enquêteurs se sont donc rendus à Seborga en octobre 2020 pour interroger la veuve de Stéphane Ravel d’Estienne. Elle a alors assuré n’avoir jamais hébergé le fugitif.

Aujourd’hui, la juge d’instruction serait sur le point de clore l’enquête, estimant que les enquêteurs ont mis tout en œuvre pour obtenir des informations sur la localisation de Xavier Dupont de Ligonnès. Xavier Dupont de Ligonnès pourrait donc être renvoyé aux assises et jugé malgré son absence. Ce scénario permettrait de l’envoyer directement en prison… S’il était retrouvé en vie.