« Dieu seul sait à quel point nous rêvions de ce jour ! » C’est par un message ému, publié sur les réseaux sociaux, que la ministre de l’égalité raciale du Brésil, Anielle Franco, a commenté la nouvelle qui a réveillé son pays, dimanche 24 mars au matin : l’arrestation par la police fédérale des trois commanditaires présumés de l’assassinat de sa sœur, Marielle Franco. Une avancée attendue depuis six années dans ce dossier.
L’annonce a eu lieu dix jours après l’anniversaire du meurtre, survenu le 14 mars 2018. Conseillère municipale de gauche, noire, LGBT et issue des favelas, Marielle Franco a trouvé la mort en compagnie de son chauffeur Anderson Gomes, fauchée dans sa voiture par une rafale de mitraillette à la sortie d’une réunion publique. L’affaire avait provoqué une immense émotion au Brésil ainsi qu’à l’étranger.
Les deux assassins présumés, Elcio de Queiroz et Ronnie Lessa, d’anciens policiers reconvertis en tueurs à gages, ont été arrêtés en mars 2019, mais les commanditaires du meurtre sont longtemps restés dans l’ombre. Les trois individus arrêtés ce dimanche par la police fédérale sont pourtant des figures importantes de la vie publique carioca. Dans l’ordre, on trouve les frères Domingos et Joao Francisco Inacio Brazao (dit « Chiquinho » Brazao), respectivement conseiller au Tribunal des comptes et député fédéral de Rio de Janeiro, mais aussi et surtout le commissaire Rivaldo Barbosa : rien moins que l’ancien chef de la police civile locale, un temps en charge de l’enquête sur le meurtre de Marielle Franco.
« Un long chemin à parcourir »
Voilà des années que la famille Brazao était suspectée d’être à l’origine de l’assassinat. Ex-conseiller municipal et député régional de Rio de Janeiro, Domingos Brazao a déjà été poursuivi par le passé pour un autre meurtre et accusé d’achats de voix (sans être condamné). Il a cependant toujours nié son implication dans l’affaire Marielle Franco. « Il ne connaissait pas Marielle et n’avait aucun lien avec elle (…), j’ai la certitude absolue qu’il est innocent », a déclaré son avocat à la presse dimanche.
Le cas de Rivaldo Barbosa est plus troublant encore. Nommé à la tête de la police civile de Rio un jour seulement avant le crime, « il disait qu’élucider cette affaire était pour lui une question d’honneur », a confié dimanche Marinete da Silva, la mère de Marielle Franco, sur la chaîne GloboNews. Le commissaire est soupçonné d’avoir perçu 400 000 reais (74 000 euros) de pots-de-vin pour empêcher l’avancée de l’enquête.
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