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Souveraineté agricole : le projet de loi laisse la profession dubitative

DOUTES. Après les annonces du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, les professionnels du secteur attendent toujours du concret.

Stanislas du Guerny
Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, expose son projet de loi lors du dernier Conseil des ministres.
Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, expose son projet de loi lors du dernier Conseil des ministres. AFP / © Ludovic Marin

« Ce projet de loi fixe une orientation claire pour affronter deux défis intrinsèquement liés : celui du changement climatique d’une part et celui du renouvellement des générations d’autre part », a indiqué le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau au moment de présenter son projet de loi en Conseil des ministres, qui sera débattu à partir du 13 mai à l’Assemblée nationale, puis à la mi-juin au Sénat.

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Pêle-mêle, ce projet revu et abondé depuis la récente crise agricole prévoit une vaste série de mesures pour « affirmer le caractère stratégique de la souveraineté alimentaire, préparer les transitions agroécologiques », mais aussi accompagner la recherche, les installations et transmissions, et améliorer la compétitivité. D’importants moyens financiers sont prévus, notamment 400 millions d’euros pour le portage foncier et 2 milliards d’euros de prêts pour soutenir les nouvelles installations. Faciliter ces transmissions relève en effet de l’urgence : près de 50 % des exploitants agricoles partiront à la retraite d’ici à 2030.

Le syndicat majoritaire agricole FNSEA n’en démord pas : toutes les mesures égrainées, de l’accompagnement à l’inscription de l’agriculture comme « intérêt général majeur », doivent très rapidement se mettre en place. « Si le changement annoncé de logiciel n’est pas au rendez-vous, il est évident que cela ira très mal. Il faut que les évolutions positives soient palpables dans les cours de ferme », insiste un porte-parole de la FNSEA.

De son côté, la Confédération paysanne pousse la critique plus loin encore et évoque un gouvernement qui « utilise de vieilles recettes du passé qui, au nom de la compétitivité, favorisent l’agrandissement, l’endettement… au profit de quelques-uns et au détriment du plus grand nombre ». Le son de cloche est à peu près identique à celui de la Coordination rurale qui appelle « l’ensemble du monde paysan à se mobiliser pour que ce projet de loi ne soit pas adopté sur cette base ». Retournés dans les champs qui mobilisent à l’arrivée du printemps, les exploitants ne sont plus dans les rues. Mais ici ou là, des rassemblements de mécontents se poursuivent, comme récemment à Guingamp, pour réclamer de toute urgence le versement des aides européennes de la PAC…

« Les belles paroles, c’est très bien, mais maintenant on veut des actes », dit de son côté Maxime Perrot, propriétaire de l’exploitation maraîchère bio Savez-vous planter les choux ?, composée d’une quarantaine d’hectares. Avec son associé Thomas Cotty, ils travaillent dur pour réussir, mais se disent toujours prêts à poursuivre « la solidarité avec les collègues qui souffrent » en participant à d’éventuelles prochaines manifestations et rassemblements de tracteurs.

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Les obstacles sont légion pour les reprises d'exploitation

Il reste tant à faire, notamment pour les reprises d’exploitations pour lesquelles les obstacles sont légion. Anthony Martaux et Alicia Dabrio, qui veulent absolument changer de vie, en savent quelque chose. Elle travaillait dans la blanchisserie d’un hôpital, lui était ouvrier agricole. Tous deux ont récemment obtenu un bac pro agricole avec l’ambition de reprendre une exploitation d’élevage de veaux élevés sous la mère. Refus catégorique des banques. Adaptation, détermination, persévérance : ils ouvrent dans quelques jours la Ferme de Popali dans les Deux-Sèvres, un atelier de maraîchage complété par un élevage de poules pondeuses.

Pour s’aider, ils ont lancé un financement participatif sur le site Leetchi. Pareil pour Titouan, qui vient de reprendre une ferme d’élevage bio de 72 hectares dans la Sarthe. Cet ingénieur agronome ne trouvant pas de financements auprès des banques a fini par se tourner du côté du fonds participatif Feve qui a acheté les terres dont il pourra, à terme, devenir le propriétaire. Ce sont justement ces reprises que le gouvernement souhaite faciliter et mieux structurer.

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