Mars 2020. La France vit dans un confinement en raison de la pandémie de Covid-19. A Roubaix (Nord), dans l’un des bâtiments d’une ancienne usine textile, une véritable opération commando se met en place. En quelques jours, près de 130 machines à coudre industrielles arrivent et le bâtiment, silencieux depuis des décennies, se remet en route. D’anciennes couturières, des jeunes de quartier, des gens qui n’avaient jamais enfilé une aiguille se mettent à produire à la chaîne des masques commandés par l’Etat et des collectivités comme la métropole de Montpellier ou la Ville de Paris. Ainsi naît Résilience, une société textile d’insertion.
Quatre ans plus tard, début avril 2024, dans ce même lieu, ouvrières et ouvriers mettent la dernière main à une énorme commande de Decathlon, qui les aura occupés une année : des tee-shirts destinés aux bénévoles des Jeux olympiques (26 juillet-11 août). Le contrat aura permis de relancer l’atelier à la recherche de productions en gros volumes. Une vraie bouffée d’air pour une entreprise qui est confrontée aux difficultés du made in France.
Le projet a vu le jour ici, au cœur de cette vieille terre textile et dans la tête de ses créateurs, notamment la styliste Stéphanie Calvino. L’ambition de départ est de créer « le premier réseau d’ateliers de confection textile inclusif français ». Dans tout le pays, 80 structures, des établissements ou des services d’aide par le travail − ces ateliers emploient des personnes en situation de handicap −, et des entreprises d’insertion se fédèrent derrière la tête de pont roubaisienne, qui rêve de relocalisation textile et de relancer un véritable « made in France » de masse dans la filière.
Quelques belles commandes
La première étape avait été un succès, porté par l’urgence sanitaire : 43 millions de masques sortis des ateliers du réseau. Fort de cet exploit qui l’a fait connaître, Résilience se voit attribuer un autre contrat important : 180 000 kits « 1 000 premiers jours » commandés par le ministère de la santé et des solidarités pour être distribué dans les maternités.
Cette fois, il faut coudre des turbulettes, des bavoirs, des étuis à savon − des pièces plus techniques. De quoi faire gagner en compétence les salariés. Une occasion en or pour le réseau Résilience, qui cherche alors à se positionner sur de la production en grand nombre afin d’alimenter les quatre-vingts ateliers qu’il a fédérés.
Il y aura quelques belles commandes, comme ce marché de 36 000 maillots pour les bénévoles des JO, sur lequel travaille aussi Fil Rouge, à Marseille, membre du réseau Résilience, ou celui du Comité d’organisation des Jeux olympiques pour les serviettes qui serviront aux athlètes. Toutefois, ces contrats sont exceptionnels.
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