Colère des agriculteurs : surprise à l’Assemblée nationale l’établissement des prix planchers a été voté contre l’avis de la majorité
C’était une mesure demandée par de nombreux acteurs du monde agricole qui a été adoptée jeudi soir par l’Assemblée nationale contre l’avis de la majorité présidentielle. L’établissement de prix planchers pour les produits agricoles est censé garantir un revenu aux producteurs et faire cesser le phénomène de vente à perte.
A l’ouverture du Salon de l’Agriculture, le 24 février dernier, Emmanuel Macron s’est engagé à la mise en place de "prix planchers". Plus d’un mois plus tard, c’est en passe de devenir une réalité. Ce jeudi 4 avril, une proposition de loi pour "garantir un revenu digne aux agriculteurs et accompagner la transition agricole" a été adoptée à l’Assemblée nationale. Ce texte était porté par la députée Marie Pochon, députée EELV de la Drôme, lors de la niche parlementaire du groupe les Écologistes. Les députés ont approuvé la proposition de loi par 89 voix contre 66.
? VICTOIRE !
— Marie Pochon (@MariePochon) April 4, 2024
L'Assemblée a adopté ma proposition de loi pour garantir un revenu digne aux agriculteurs !
Nous venons de poser une première pierre, absolument fondamentale, pour garantir enfin, que les agriculteurs puissent vivre de leur travail \ud83d\udc69\ud83c\udf3e pic.twitter.com/gv4gKfiYsS
Les députés RN (Rassemblement National) se sont abstenus tandis que les Républicains n’ont pas participé au vote. Dans un hémicycle clairsemé, l’ensemble des députés de gauche ont soutenu le texte et ont fait nombre pour permettre son adoption. Malgré l’engagement du président, la majorité a pourtant voté contre le texte car le concept de prix planchers défendu par le président de la République et son camp n’est pas le même.
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La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, a rappelé la "préoccupation" du gouvernement pour le revenu des agriculteurs, mais a fustigé un dispositif qu’elle qualifie d’inopérant. Elle dit craindre qu’un prix fixé sur la seule production agricole nationale ne favorise les importations au détriment des producteurs français.
Des prix administrés pourraient favoriser les produits importés au détriment de nos agriculteurs \ud83c\uddeb\ud83c\uddf7
— Agnès Pannier-Runacher \ud83c\uddeb\ud83c\uddf7\ud83c\uddea\ud83c\uddfa (@AgnesRunacher) April 5, 2024
Loin donc de leur redonner du revenu, cela diminuerait leur rémunération.
Est-ce vraiment ce que nous voulons ? #DirectAN pic.twitter.com/mQJmYG1r9y
En réalité, le texte ne prévoit pas une fixation des prix par l’État, mais bien par les conférences publiques de filière. Ces conférences réunissent l’ensemble des acteurs d’une filière pour qu’ils estiment, chaque année, les "perspectives d’évolution des marchés agricoles et agroalimentaires".
La proposition de loi prévoit de laisser le soin à ces conférences d’estimer les coûts de production en incluant une "rémunération des agriculteurs comprise entre 1,5 et 2 Smic". C’est à partir de ces estimations que sera défini le prix minimal d’achat des produits agricoles. Ce prix pourra ensuite être revu tous les 4 mois. Cette mesure avait été refusée de peu en novembre dernier dans un texte porté par LFI (La France Insoumise).
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VICTOIRE \ud83d\udd25
— Mathilde Panot (@MathildePanot) April 4, 2024
Nous l’avions manquée à 6 voix lors de notre niche parlementaire en novembre 2023.
Aujourd’hui la loi sur les prix planchers rémunérateurs pour les agriculteurs est enfin adoptée par l’Assemblée.
Malgré le vote contre des macronistes et l’abstention de… pic.twitter.com/y3eQAnHs38
Parmi les autres mesures contenues dans cette loi, il y a la création d’un fonds pour la transition agroécologique avec une contribution de 10 % supplémentaires sur les bénéfices des industries agroalimentaires et phytosanitaires pour le financer et une extension du soutien aux exploitations biologiques. Prochaine étape pour le texte, un examen au Sénat, largement ancré à droite…
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