DOSSIER. Violence des jeunes : parentalité, conseil de discipline, "pause numérique"… Les pistes du gouvernement pour endiguer le phénomène

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l'essentiel Face à la multiplication des faits de violences, avec la mort au rendez-vous dans certains cas, chez les jeunes, le gouvernement cherche à trouver les bonnes réponses pour endiguer le phénomène.

Passage à tabac de Samara, 14 ans, devant son collège de Montpellier (Hérault) ; mort de Shemseddine, 15 ans, après avoir été roué de coups la veille à proximité de son établissement scolaire de Viry-Châtillon (Essonne) ; un ado du même âge enlevé et séquestré par trois autres jeunes près de Tours (Indre-et-Loire) ce week-end ; ou encore, mardi soir, un autre mineur mortellement blessé à l’arme blanche à Romans-sur-Isère (Drôme)…

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Ces derniers jours, les faits de violences extrêmes impliquant des jeunes se multiplient sur l’ensemble du territoire. Un phénomène à côté duquel ne peut passer la classe politique, le président de la République Emmanuel Macron dénonçant en fin de semaine dernière "une forme de violence désinhibée chez nos adolescents, et parfois de plus en plus jeunes".

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Emmanuel Macron: "On a une forme de violence désinhibée chez nos adolescents et parfois de plus en plus jeune" pic.twitter.com/i0vLUZvwUS

— BFMTV (@BFMTV) April 5, 2024

Il y a urgence à apporter des réponses, et c’est en ce sens que le gouvernement cherche à trouver la bonne formule. Ce qui n’a rien d’évident. "Je ne suis pas sûr que l’État, les collectivités locales soient bien organisés pour prévenir, réduire ce type de phénomène bien que ce soit possible", a notamment pointé en début de semaine le sociologue Marwan Mohammed, spécialiste des bandes, sur le plateau de Quotidien.

Interpellé ce mardi à l’Assemblée nationale par Marine Le Pen (RN), Gabriel Attal a évoqué "une série de drames" récents qui "ont profondément ému nos concitoyens". Et le Premier ministre de marteler la nécessité d’un "ressaisissement sociétal" face à une "forme de perte de respect, de l’autorité, qui existe aujourd’hui chez nos jeunes". Avant de promettre des mesures "extrêmement fortes" dans les semaines à venir pour un retour de l’ordre "partout".

Violences entre jeunes : le Premier ministre @GabrielAttal appelle à un "sursaut" et promet des "mesures extrêmement claires, extrêmement fortes".
Le gouvernement présentera un plan "dans les prochaines semaines".#DirectAN pic.twitter.com/m3BT3LM0nn

— LCP (@LCP) April 9, 2024

Rôle des parents, plus de sévérité à l’école

Plusieurs pistes ont déjà pu être évoquées ces dernières heures pour endiguer la problématique des violences, le locataire de Matignon mentionnant des enjeux liés au rôle des parents, à l’Éducation nationale, mais également à la justice des mineurs. Ce mardi, la ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, Sarah El Haïry, a annoncé dans La Croix, la reformation de la commission parentalité.

Cette dernière avait vu le jour en décembre dernier, notamment en réponse aux émeutes de l’été dernier, avant d’être enterrée dans la foulée à la suite d’une série de démissions de ses membres. Qui déploraient alors une commission placée "sous l’égide de méthodes répressives". "Nous avons reconstruit une feuille de route avec les deux coprésidents (dont le psychanalyste Serge Hefez) qui a vocation à être travaillée en toute indépendance", souligne la ministre. Le Premier ministre a lui rappelé sa détermination à faire preuve de plus de sévérité à l’égard des parents ne remplissant pas leur rôle. Le président des députés LR Olivier Marleix a lui remis sur la table, ce mercredi au micro de franceinfo, la suppression des allocations familiales pour les parents défaillants.

Sur le volet école, l’idée de la création d’un conseil de discipline dès le primaire a été avancée. Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal avait aussi suggéré que les enfants "sur la mauvaise pente" puissent être placés en internat pour les couper des mauvaises fréquentations. Mardi, il a appelé à "aller plus loin sur l’échelle des sanctions" et ne pas attendre que la situation s’aggrave pour provoquer un conseil de discipline quand "un jeune part à la dérive".

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L’exécutif, qui souhaite en finir avec le "pas de vagues" dans les établissements, a également promis, par exemple, la création d’une "force scolaire mobile" dont les contours et les missions restent flous. Elle viendrait s’ajouter aux équipes mobiles de sécurité en place depuis 2009 pour gérer le climat scolaire.

Réseaux sociaux : Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale, en faveur d'une "pause numérique" dans les collèges #QuestionsPol pic.twitter.com/nrYaaaiLTo

— France Inter (@franceinter) April 7, 2024

Nicole Belloubet, ministre de l’Education nationale s’est déclarée en faveur d’une "pause numérique" dans les collèges, ce week-end sur France Inter. À savoir l’obligation pour chaque élève de déposer son téléphone à l’entrée de l’établissement pour ne le récupérer que le soir. Pour rappel, l’usage du smartphone est interdit au collège même si les élèves sont autorisés à l’avoir sur eux.

Des mesures à venir sur la justice des mineurs

Sur le terrain judiciaire, Gabriel Attal a rappelé que le garde des Sceaux travaille depuis plusieurs semaines sur un projet de loi concernant la justice des mineurs. Y figure notamment des travaux d’intérêt éducatif à destination des 13-16 ans, déjà en décrochage et ayant commis des infractions. De son côté, le président des députés LR Olivier Marleix réclame une "vraie révolution dans la réponse pénale aux mineurs". Et de proposer, dès le premier acte de délinquance "une semaine, un mois de privation de liberté pour mettre un peu de plomb dans la cervelle des gamins" dans des "établissements adaptés". Ou encore de poser la question de la majorité pénale.

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