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Eugénie Bastié: «Comment nous sommes passés du culte des héros à la religion des victimes»

Eugénie Bastié.
Eugénie Bastié. Le Figaro

CHRONIQUE - Dans Du héros à la victime : la métamorphose contemporaine du sacré (Gallimard), l’historien François Azouvi enquête sur les sources d’une mutation anthropologique arrivée au tournant des années 1960-1970. Passionnant.

Qui connaît le nom de Yoav Hattab ? Ce jeune Tunisien de 23 ans, appartenant à l’une des dernières familles juives de Tunisie, a été tué par Amedy Coulibaly le 9 janvier 2015 dans l’attentat de l’Hyper Cacher. Prisonnier avec les autres otages, Yoav Hattab a tenté de se saisir de l’arme du terroriste pour le neutraliser, mais celle-ci s’est enrayée. Il a été abattu en représailles.

Yoav Hattab a été un héros, mais personne ne s’en souvient : il a été englouti dans la catégorie plus vaste des victimes du terrorisme. À Paris, une plaque commémorative en l’honneur du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame avait été rédigée initialement ainsi : « Assassiné lors de l’attentat terroriste du 23 mars 2013 à Trèbes. Victime de son héroïsme. » Des mots maladroits, corrigés depuis, témoignant d’un malaise contemporain à appréhender la catégorie héroïque.

Que le paradigme victimaire soit devenu la matrice de notre société, c’est une évidence. Depuis 2016, il existe même une médaille de reconnaissance…

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23 commentaires
  • Et toujours en été

    le

    JILAUMU
    le 21/03/2024 à 18:10 "Le lien entre cet article et celui de Pascal Brukner pourrait etre développé. Il me semble qu'il est indispensable que l'occident retrouve une fierté salutaire et que soient condamnés ceux qui depuis longtemps développent la haine de soi en tant qu'occidentaux".

  • Jean Morris

    le

    Oui, bien vu, le film de Lanzmann est fascinant sous cet aspect, d’une récusation de l’intellect humain, sommé d’abdiquer, forcément réducteur, écarté comme incapable d’appréhender l’indicible de l’extermination. Je ne dis pas que l’approche est inappropriée, celle de la victime traitée ainsi, telle qu’en elle-même, extraite de tous les mondes ordinaires possibles. Je remarque simplement que, semble-t-il alors, elle sert une sacralisation (légitime) qui court, qui affleure sous cet « espace du vide » dans lequel le film avance précautionneusement, et comme dans l’exploration, à l’aveugle, d’une suite de chambres religieuses.

  • Jboss

    le

    Dans le monde ancien, l’accès à la culture était top-down, la famille, l’école ou l’église créaient les images ou symboles qui descendaient dans la société. Dans une société numérisée cet accès est horizontal, les gens se passent les références entre eux, il n’y a plus de hiérarchisation. Et le top-down institutionnel a disparu, on ne croit plus ce qui descend d’en haut.
    Ensuite la mise en avant de la victime vient de la perte du sens collectif, de l’individualisation et de l’explosion des droits. Chacun est victime de quelque chose et réclame un droit pour compenser son préjudice. Et le politicien donne ces droits et les fait payer par la collectivité. L’empathie est devenue une religion.
    Pour ce qui est de la perte du sacré, elle est largement encouragée par le consumérisme. Pourquoi chercher un sens quand il suffit de consommer ?

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