WEB SlEUTHINGComment la YouTubeuse Marine Bou enquête sur les personnes disparues

Comment Marine Bou enquête grâce à sa chaîne YouTube sur les personnes disparues

WEB SlEUTHINGEnquêtrice bénévole pour l'ARPD, la Lyonnaise Marine Bou gère depuis trois ans la chaîne YouTube « Marine B. » sur laquelle elle médiatise les affaires de personnes disparues
Marine Bou a lancé une chaîne YouTube dans laquelle elle se consacre aux affaires médiatiques et à la recherche de personnes disparues.
Marine Bou a lancé une chaîne YouTube dans laquelle elle se consacre aux affaires médiatiques et à la recherche de personnes disparues.  - C. Girardon  / 20 Minutes
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • La série Anthracite mettant en avant le « Web Sleuthing » sortira le 10 avril sur Netflix.
  • A cette occasion, 20 Minutes s’est penché sur ces passionnés de faits divers qui, derrière leur écran et grâce aux réseaux sociaux, parviennent à résoudre des affaires.
  • C’est le cas de Marine Bou qui vit à Lyon. Depuis trois ans, la jeune femme gère sa propre chaîne YouTube « Marine B. », consacrée à la recherche de personnes disparues. Rencontre.

Il suffit parfois d’une émission télé pour engendrer une fascination ou déclencher une vocation. Lorsqu’elle était « petite », Marine Bou le confesse volontiers, elle ne manquait pas un épisode de « Faites entrer l’accusé ». Un rendez-vous partagé en famille avec ses parents. « Je me souviens encore de l’affaire des frères Jourdain, raconte-t-elle en écarquillant ses grands yeux bleus. Les détails, la dureté du récit m’ont marqué ».

Aujourd’hui, la jeune femme de 33 ans est devenue enquêtrice sur YouTube, même si elle préfère le terme de « relais ». Créatrice de contenus, elle gère, depuis 2021, la chaîne « Marine B. », suivie par près de 54.000 abonnés. S’inspirant de la Québecoise Victoria Charlton, elle y décortique des affaires connues. Mais pas seulement. Son credo : médiatiser les disparitions dont personne ne parle ou peu. « C’est mettre à profit le true crime pour aider les familles », résume-t-elle à l’heure de parler de ses activités. Un travail à temps plein, bien loin de ses premières activités.

« Faire avancer les dossiers »

Née à Annecy, élevée au Gabon puis au Nigeria, Marine Bou a rêvé, enfant, de devenir paléontologue. Elle a finalement intégré une école d’ingénieurs en biotechnologies avant de se tourner vers la recherche contre le cancer. Le dénominateur commun reste « la recherche », constate-t-elle en souriant. Aujourd’hui, elle consacre 60 % de son temps à l’ARPD (Association de recherche de personnes disparues, dont elle est la vice-présidente) et 40 % à sa chaîne YouTube qui lui permet de se rémunérer modestement grâce aux « placements de produits et au nombre de vues ».

Pas question pour autant « d’empiéter sur les plates-bandes des enquêteurs », rassure-t-elle. L’objectif est de « faire avancer les dossiers ou les relancer quand ils sont au point mort ». Pour ce faire, Marine n’hésite pas à traverser la France pour rencontrer les proches, les écouter, scruter les photos, noter le moindre détail.

« Parfois, on découvre des petites choses qui n’apparaissaient pas dans les dossiers et sur lesquelles les investigateurs ne s’étaient pas attardés », explique-t-elle. Son travail passe par la « confiance » nouée avec les familles qui ont « toujours un droit de regard sur les vidéos avant leur mise en ligne ». Recherche d’informations, scripts, interviews, tournage, montage… chaque publication nécessite en moyenne une semaine de labeur. « Parfois, on n’a pas de retour mais bien souvent, elles s’avèrent précieuses », précise Marine Bou.

« Cela montre toute la puissance d’Internet »

Par ce biais-là, la jeune femme a déjà reçu l’aide de ses followers pour traduire des vidéos étrangères, dans une affaire de disparition en Inde. Ou lancer une battue citoyenne en Normandie, sur un lieu qu’elle avait identifié. « En voyant cette publication, la police a pris les choses en main, en déployant de nouvelles recherches dans la zone prévue, ce qui a permis de retrouver le corps de la personne recherchée », explique-t-elle. D’autres fois, cela passe par un appel à témoins anonymes : « On a des noms qui ressortent et qu’on avait vus dans le dossier. Les pistes peuvent se recouper ». « C’est là qu’on mesure toute la puissance d’Internet », résume-t-elle.

Toutefois, les résolutions restent rares. « On n'a encore jamais retrouvé de personnes grâce aux vidéos, confesse Marine. Mais cela permet de faire bouger les choses. » Et de donner de nouvelles billes aux enquêteurs. Elle, a résolu une affaire. Sa toute première. Un père de famille marginal s’était volatilisé de Lyon après son divorce. Sans « même se déplacer », en scrutant les réseaux sociaux et en recoupant les pistes par des appels téléphoniques, la jeune femme l’a localisé dans le sud de la France. « La chance du débutant », réagit-elle modestement. « Il ne pensait pas que ses proches s’inquiétaient. Ils ont ensuite pu renouer le contact. » « La belle récompense, ce sont les mails envoyés par les familles pour me remercier », poursuit-elle. Et de conclure : « Cela redonne de l’énergie. »

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