Béton bas carbone : « Une vraie accélération sur les chantiers depuis un an »

Moins de 10 % de la construction neuve en France est réalisée en béton bas carbone. Jean-Marc Golberg, président du Syndicat du béton prêt à l’emploi (SNBPE) et directeur général de Lafarge Béton France (Holcim), s’attend à une évolution rapide.

Moins de 10 % de la construction neuve en France est réalisée en béton bas carbone.
Moins de 10 % de la construction neuve en France est réalisée en béton bas carbone. (Photo d’illustration Xavier Dubois/le Télégramme)

Quel est l’état des lieux en France de la construction bas carbone ?

Aujourd’hui, en France, moins de 10 % des constructions neuves utilisent du béton qui a une empreinte carbone inférieure à celle du béton classique, même s’il y a beaucoup de chantiers pilotes un peu partout. Mais cela va croître rapidement avec la réglementation environnementale RE2020, en vigueur depuis janvier 2022. Elle impose des normes de CO2 au mètre carré construit, contraignantes et évolutives avec des seuils d’émissions qui diminuent jusqu’en 2031. La France est le premier pays au monde à avoir légiféré sur le sujet, et on sent une vraie accélération sur les chantiers depuis un an, également parce que les donneurs d’ordre et promoteurs demandent du bas carbone, même s’il est plus cher.

Quelles techniques peut-on mettre en place pour réduire l’empreinte carbone du béton, qui représente à lui seul 7 % des émissions de CO2 sur la planète, donc plus que l’aviation, selon l’ONU environnement ?

La première voie est d’utiliser des ciments moins émissifs (Le « clinker », le liant du ciment, et son constituant principal, issu de la cuisson d’un mélange de calcaire et de silice à 1 450 °C, est responsable de plus de 90 % de l’empreinte carbone du ciment, NDLR). Il faut trouver des produits qui ajoutent de la résistance au bâtiment mais sont moins émissifs que le clinker. Le plus connu est le laitier de sidérurgie, un déchet de la cuisson de l’acier. Mais la sidérurgie change de technologie, elle aussi, pour décarboner ses procédés, et on aura de moins en moins de laitier disponible. Les autres solutions qui émergent sont l’utilisation d’argile calciné cuit à basse température, de métakaolin ou de cendres volantes. Nous regardons aussi du côté de certains adjuvants qui permettent de réduire la quantité de ciment utilisé. Les solutions de start-up, comme Hoffmann Green, qui propose du béton à très, très faible émission sont intéressantes, mais leurs volumes sont trop faibles. L’enjeu, c’est de décarboner en masse. Ce qui compte aussi est de réduire la quantité de béton utilisé. Il est possible de le réduire en optimisant les systèmes constructifs, par exemple alléger les étages en utilisant du bois. La solution sera de l’utiliser intelligemment.

Est-il possible de se passer de béton d’ici 2050 ?

Il y en aura moins dans le logement, mais il est irremplaçable pour les fondations, les digues, les barrages, les mats d’éoliennes, les ponts, les centrales électriques, les grandes infrastructures. D’ici à une dizaine d’années, je pense que plus de la moitié, 60 % environ, des bétons, seront bas carbone en France, c’est-à-dire avec, au moins, 30 % d’émissions de CO2 de moins qu’actuellement.

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