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En Bretagne, l’érosion côtière pourrait coûter jusqu’à dix milliards d’euros d’ici à 2100
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Par
Frédéric Jacq
Logements, commerces, campings, hôtels… En Bretagne, plus de 46 000 bâtiments seraient menacés par l’érosion côtière, d’ici à 2100, dévoile un rapport publié ce vendredi. Ce scénario du pire conduirait à des pertes estimées à dix milliards d’euros.
Par les coups de boutoir des tempêtes et les effets de l’élévation continue des mers, le rabotage des plages et falaises se poursuit. Un cinquième des côtes françaises sont concernées par ce phénomène d’érosion côtière et, en l’espace de 50 ans, l’équivalent de 4 200 terrains de foot a été dévoré. « Le phénomène va s’accélérer et s’aggraver », s’inquiète Sébastien Dupray, directeur de la direction risques, eaux, mer du Cerema (1). Cet établissement public a publié, ce vendredi, un nouveau rapport dévoilant les secteurs « qui pourraient être menacés à l’avenir par le recul du trait de côte sur les littoraux de métropole et d’outre-mer ».
Alors que le précédent, en 2019, se concentrait sur le nombre et la valeur des logements menacés, celui-ci prend en compte tous les bâtiments et précise leur nature : résidence principale ou secondaire, logements vacants, commerces, hôtels, campings, etc. L’estimation se fait sur trois échelles de temps : 2028, 2050 et 2100. Le document doit servir de support de réflexion au Comité national du trait de côte (CNTC), constitué il y a un peu plus d’un an.
Des secteurs bretons très touchés
Le littoral breton n’est pas épargné par le phénomène d’érosion côtière : « Au cours les 50 dernières années, la Bretagne n’est peut-être pas la région qui a affiché le plus de reculs. Toutefois, certains, localisés, peuvent être très importants. Notamment dans le Pays bigouden où des cordons de galets ont pu enregistrer des retraits de l’ordre d’un mètre par an. Le secteur de Guissény, dans le Nord-Finistère, est aussi concerné », rappelle François Hédou, responsable du rapport, et basé à Plouzané (29).
Relative bonne nouvelle, les falaises bretonnes résisteraient bien mieux que celles de Normandie, très friables car constituées de roches sédimentaires. Elles peuvent reculer de 30 centimètres par an. « On constate néanmoins des éboulements ponctuels en Bretagne », observe François Hédou.
À l’horizon 2028, dans un scénario « réaliste mais à fourchette haute », 38 bâtiments bretons ont été identifiés par le Cerema comme pouvant être touchés par le recul du trait de côte, pour une valeur estimée de 2,7 millions d’euros. Dans le lot, cinq maisons et appartements. Les auteurs du rapport se refusent à préciser leur localisation exacte : « Notre travail vaut au niveau national. Et c’est aux collectivités locales concernées d’établir leur propre carte d’exposition au recul du trait de côte. Si on donnait des informations au niveau de la commune, on pourrait donner l’impression qu’on fait le travail qui leur est demandé », justifie Julia Jordan, directrice adjointe des activités risques, eaux, mer du Cerema, elle aussi basée à Plouzané.
À l’heure actuelle, 242 communes, dont 93 en Bretagne, se sont engagées dans cette réalisation de cartes et figurent dans une liste établie par décret. « Ces cartes s’intégreront dans les documents d’urbanisme et d’aménagement du territoire, en identifiant précisément les zones affectées à 30 et 100 ans », souligne Julia Jordan. Avec des interdictions de construction à la clé.
Un nouveau décret, comptant 75 communes de plus, « dont plusieurs en Bretagne », devrait être publié dans les semaines qui viennent. En tout, 500 communes à risque auraient été identifiées, a rappelé le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, jeudi soir, sur TF1.
Un scénario de « l’inaction » pour 2100
D’ici à 2050, quel sort vont connaître les communes littorales bretonnes ? En poursuivant le recul du trait de côte déjà connu, près de 700 logements - dont la moitié de résidences secondaires - pourraient être touchés. Leur valeur cumulée ? Près de 130 millions d’euros. Des chiffres à comparer au milliard d’euros calculé au niveau national.
En 2100, l’estimation a été construite de manière différente : « On s’est placé dans un scénario d’inaction où il n’y aurait pas de stratégie d’adaptation, dans le but de conduire à une réflexion en matière d’aménagement du territoire. On a inclus les zones basses du littoral. On y a ajouté un mètre d’eau, soit le scénario du Giec (2), et on a effacé complètement les structures de défense », précise Julia Jordan.
Et là, les chiffres deviennent astronomiques en Bretagne, comme ailleurs en France, avec un nombre de logements menacés par l’érosion atteignant les 40 000 (et 6 000 locaux d’activité), pour un coût faramineux de près de dix milliards d’euros. L’Ille-et-Vilaine serait particulièrement exposée car « elle présente des zones basses en baie de Saint-Malo ou en bordure du Mont-Saint-Michel », note François Hédou. La Bretagne serait relativement moins ébranlée que les Pays-de-la-Loire ou les Hauts-de-France, où de telles zones sont très étendues.
« Ici comme ailleurs, il faudra prendre ces problématiques à bras-le-corps », conclut l’expert breton. En matière de solution, le Cerema pointe, notamment, celles « fondées sur la nature », comme la reconstitution des dunes ou des plages. « Il n’existe pas une solution miracle qui s’appliquerait partout, met en garde Sébastien Dupray. Il faudra trouver la bonne solution qui fonctionne au bon endroit. »
1. Centre d’études et d’expertise sur les risques, la mobilité et l’aménagement
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