Le Fonky festival, du rap 100 % marseillais… à Marseille

Alors que rien n’existait encore sur les rives du rap français, l’architecte du son de la Fonky Family, DJ Djel, organise ce vendredi et ce samedi la première édition du Fonky festival.

DJ Djel (ici à Marseille le 13 mars) est le  chef d’orchestre du Fonky Festival de Mars ces 12 et 13 avril. PhotoPQR/La Provence/Nicolas Vallauri
DJ Djel (ici à Marseille le 13 mars) est le chef d’orchestre du Fonky Festival de Mars ces 12 et 13 avril. PhotoPQR/La Provence/Nicolas Vallauri

    « Ambiance scandale, danse de vandales, sens d’où vient la chaleur… » Nous sommes en 2001 et la chanson « Art de rue » de la Fonky Family fait bouger les têtes sous le soleil de Marseille mais pas seulement sur la Canebière. Une chanson devenue mythique et un disque d’or à peine un mois après sa sortie. Plus de vingt ans plus tard, la ligne n’a pas changé chez la Fonky Family toujours fidèle à cet « art de la rue ! » que le groupe défendait alors à travers son hip-hop.

    Il a pourtant fallu attendre 2024 pour que la cité phocéenne, berceau incontesté du rap français, voie enfin naître un événement digne de son héritage musical, avec la première édition du Fonky Festival de Mars. Une initiative offrant ce vendredi et ce samedi une plate-forme aux artistes locaux au cœur de la friche de la Belle-de-Mai, tout en célébrant l’essence même du rap dans la ville avec, à l’affiche, ses pères fondateurs qui occupaient la scène trente ans avant que le désormais incontournable Jul n’explose les ventes.

    En chef d’orchestre de l’événement, l’emblématique DJ Djel qui, avec la Fonky Family, a représenté la deuxième génération de Marseillais, a insufflé un vent nouveau sur le rap après IAM. Pour le maître des platines, en solitaire sur ce projet, ce festival est surtout une ambition longtemps contenue. Celle de donner à la culture hip-hop de la ville l’écho qu’elle mérite. « Aucun festival rap n’existait mettant en avant les talents marseillais. Pourtant, elle en regorge, on a une identité, un argot et une façon de faire qui fait ses preuves depuis maintenant 30 ans. Il y a une force ici que j’ai envie d’unifier. »

    Kaléidoscope musical

    Coach scénique, juge dans des concours rap, puis aux platines quotidiennement dans des soirées bondées aux Docks des Sud de Marseille, DJ Djel a pu dénicher « un arc-en-ciel de propositions musicales », réunissant des artistes de toutes générations et une multitude de styles, de sujets et de formes d’expression. Bien sûr, l’artiste a fait appel à ses confrères : le 3e Œil, Faf la Rage, Puissance Nord… Mais la nouvelle vague émergente incarnée par Soumeya, dévoilée dans « Nouvelle École » sur Netflix, Stony Stone, ou encore So La Zone, rappeur de la Castellane, occuperont aussi la scène pour les plus jeunes. Sans oublier ses semblables aux platines, DJ Kamel Night, notamment, qui avait fait bouillonner le Vélodrome en première partie de SCH, l’an dernier.

    Un kaléidoscope musical qui fédère toutes les générations. « C’est une musique à part entière, si elle est devenue la première en termes de vente, c’est qu’elle peut parler à tout le monde », pose le musicien, acteur et spectateur de cette évolution.

    Et, forcément, le public a rapidement répondu présent. Car ici, si ça cause de rap toute l’année, au-delà des tremplins musicaux associatifs, seul le festival Hip-Hop Non Stop, organisé par Urban Prod, propose un rendez-vous aux aficionados au cours de l’été. « En fait… les rappeurs sont souvent limités à un rôle d’acteurs sociaux. Pourtant, nous avons fait nos preuves dans l’industrie. Malheureusement, les pouvoirs publics continuent de nous catégoriser ainsi, considérant le rap comme une musique de quartiers. »

    D’où l’importance pour le Fonky Festival de mettre également en lumière d’autres facettes de cette culture hip-hop avec au programme des sessions de graffitis, des concours de rap et de danse avec la Compagnie Les Sancho, troisième du concours « La France a un incroyable talent ».

    Fonky Festival de Mars, ce vendredi et ce samedi à Marseille. Places : 26 euros.