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Grogne chez les pompiers du Pas-de-Calais : les syndicats réclament 280 embauches, dont 60 immédiates

Ce jeudi, les syndicats des pompiers du Pas-de-Calais ont organisé une action devant la direction départementale, à Saint-Laurent-Blangy, près d’Arras. Ils dénoncent un sous-effectif dans les casernes et réclament des embauches de pompiers professionnels.
Journaliste aux faits-divers justice à La Voix du Nord Arras depuis 2006
Temps de lecture: 4 min

Les casernes de pompiers du Pas-de-Calais souffrent-elles d’un sous-effectif chronique potentiellement dangereux pour les habitants du département ? C’est ce qu’estiment les syndicats des Autonomes SPP PATS 62 et Sud SDIS 62, qui ont déposé un préavis de grève le 4 avril. Ils ont en outre mis en place un barrage filtrant ce jeudi, à l’entrée du service départemental d’incendie et de secours du Pas-de-Calais, à Saint-Laurent-Blangy, près d’Arras.

Si des discussions avec le Département sont en cours depuis un an et demi afin que la question du sous-effectif soit intégrée dans le règlement opérationnel, ce document de référence prévoyant les moyens humains et matériels des pompiers pour les années à venir, elles semblent toutefois achopper. À tel point que les syndicats ont rendez-vous lundi avec le préfet.

Apparemment, le Département n’aurait plus les moyens de fournir des effectifs »
Gabriel Delhomez, Président du syndicat Autonomes SPP PATS 62.

« Nos casernes sont vides, on est en manque d’effectifs flagrant, un constat partagé de tous, on est à la fin des discussions et on n’obtient pas gain de cause, déplore Gabriel Delhomez, président du syndicat des Autonomes 62. On nous demande de s’adresser à l’État parce qu’apparemment le Département n’aurait plus les moyens de fournir des effectifs ».

Selon les syndicats, il manque soixante sapeurs-pompiers professionnels immédiatement sur les effectifs de référence, tandis qu’une crise de recrutement de pompiers volontaires couve depuis la pandémie de Covid-19. Et, toujours selon les syndicats, ce n’est pas le recours aux soldats du feu ayant le double statut (pompier professionnel et volontaire sur leurs jours de repos) qui peut régler le problème, alors que les pompiers subissent une « sursollicitation » en termes d’interventions, souligne Fabien Delsart (Autonomes). « Nous avons pu établir un manque de 280 pompiers professionnels pour le futur règlement opérationnel », a calculé Maxime Sauvage, par rapport à la hausse du nombre d’interventions.

Des délais d’intervention déjà plus longs

« Il n’y avait pas assez d’opérateurs au 18 pour décrocher à la fin 2023, des départs de camions sur des incendies ont été décalés, les délais sont un peu plus longs », assurent les syndicats. « C’est particulièrement vrai en milieu rural. C’est gravissime si on n’arrive pas à être dans les délais en cas de problème grave » regrette Gabriel Delhomez. Les syndicats relatent ainsi les difficultés chroniques des officiers ou sous-officiers chargés, qui s’arrachent les cheveux et harcèlent les volontaires pour que le tableau de garde soit complet.

Actuellement, la préfecture doit réquisitionner les pompiers grévistes afin que le service public ne soit pas impacté par la grève. « On ne peut se permettre de ne pas répondre aux sollicitations, mais on va s’organiser pour que les professionnels arrêtent de se mettre en double statut car c’est scier la branche sur laquelle on est assis », indique M. Delhomez.

On ne peut pas aller plus vite »
Raymond Gaquère, président du SDIS 62

Le président du SDIS 62, Raymond Gaquère, rappelle que « le dialogue a toujours lieu » : « Avec le président du Département, on a reçu les délégations syndicales, on s’est expliqué sur les contraintes actuelles, aussi bien financières que techniques, il faut absolument mener l’étude du règlement opérationnel jusqu’au bout pour définir les besoins qui s’avéreront nécessaires. C’est un dialogue permanent et on continue à dialoguer. On vient de sortir d’une embauche de 150 pompiers sur deux années, on ne peut pas aller plus vite, tout simplement ».

Les syndicats affirment de leur côté que ces embauches ont eu lieu sur quatre ans et ne suffisent pas.

Grogne nationale en parallèle

Le mouvement départemental télescope un autre mouvement, national cette fois, lancé en février. Les pompiers revendiquent une meilleure prise en compte de leur santé et de leur sécurité, alors que la profession souffre de davantage de cancers que d’autres.

Fabien Delsart (Autonomes 62) résume : « En entrant chez les pompiers, à 18-20 ans, on a une espérance de vie supérieure à la moyenne de sept années. Au moment de la retraite, cette espérance de vie est inférieure de sept ans par rapport à la moyenne. Notamment à cause de l’exposition aux fumées, aux maladies, aux nuits hachées, au manque de sommeil. Les études disent que 10 % des sapeurs-pompiers ont, ont eu ou auront un cancer ! »

Les pompiers réclament aussi une réforme de la filière (passages des sous-officiers en catégorie B) et davantage de professionnalisation de leur métier, avec plus de spécialisations.

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