"Ivan Mordisco", numéro un de la dissidence des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), le 16 avril 2023 à San Vicente del Caguan, dans le département de Caqueta, en Colombie

"Ivan Mordisco", numéro un de la dissidence des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), le 16 avril 2023 à San Vicente del Caguan, dans le département de Caqueta, en Colombie

afp.com/JOAQUIN SARMIENTO

Le leader de l'Etat-major central (EMC), connu sous le surnom d'Ivan Mordisco (la morsure), n'est plus à la table des négociations (...), nous ne savons pas où il se trouve, a déclaré à la presse le négociateur Camilo Gonzalez.

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Le gouvernement est en pourparlers depuis octobre 2023 avec l'EMC, principale faction des dissidents qui n'ont jamais accepté l'accord de paix historique signé en 2016 avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

- Problème interne -

Ces négociations traversent une crise depuis que le président Gustavo Petro a ordonné le 17 mars la suspension de la trêve militaire dans trois départements du sud-ouest, après des violations répétées de cette même trêve par l'EMC, accusé d'en avoir tiré profit pour accroître son influence territoriale et continuer de recruter. Petro avait alors qualifié Mordisco de truand, de trafiquant de drogue déguisé en révolutionnaire et avait ordonné sa capture.

Des combats et des incidents réguliers ont depuis lieu, notamment dans les départements du Cauca et de Valle du Cauca, où l'armée affirme réaliser depuis plusieurs semaines des opérations offensives contre l'EMC.

Ces dernières semaines ont aussi été marquées par l'apparition au grand jour de divisions entre différents fronts de l'EMC, voire d'une claire scission entre partisans et adversaires du dialogue avec le gouvernement.

Les représentants des fronts réputés les plus durs de l'EMC, en particulier ceux du Cauca et d'Arauca (nord-est), n'ont pas participé au dernier cycle des discussions le 5 avril.

Dans un entretien le 12 avril avec un hebdomadaire local, Andrey Avendano, un moment l'un des principaux négociateurs de l'EMC, a reconnu un problème interne concernant les façons de voir et d'interpréter la situation politique actuelle du pays. Il y a une grande division ici, a-t-il dit.

- Dispute sur la marque -

Les négociations avec l'aile Mordisco sont actuellement gelées mais elles se poursuivent avec les partisans du dialogue qui représenteraient près de 50% des effectifs de l'EMC, en particulier avec M. Avendano, qui commande une région du nord-est, a expliqué mardi le négociateur gouvernemental.

Nous n'avons qu'un seul processus (avec l'EMC), les négociation sont en cours, avec ceux qui respectent le cessez-le-feu et tous les protocoles et accords signés, a noté M. Gonzalez, jugeant que pour l'instant, la priorité était de renforcer ces accords avec ceux qui restent.

Le leader de l'Etat-major central (EMC), connu sous le surnom d'Ivan Mordisco (la morsure), à San Vicente del Cagua, dans le département de Caquera, en Colombie, le 16 avril 2023

Le leader de l'Etat-major central (EMC), connu sous le surnom d'Ivan Mordisco (la morsure), à San Vicente del Cagua, dans le département de Caquera, en Colombie, le 16 avril 2023

© / afp.com/JOAQUIN SARMIENTO

Lundi, Ivan Mordisco est apparu dans une vidéo pour avertir le gouvernement que l'avenir des négociations dépendait de la reprise de la trêve. Il a également affirmé que les communautés indigènes rejoignaient son armée révolutionnaire de leur plein gré, alors que l'EMC a tué début mars une leader communautaire et que les relations avec les indigènes Nasa, dans le sud-ouest, sont depuis lors particulièrement tendues.

Notoirement impliqué dans le trafic de drogue, les mines illégales et autres activités criminelles, l'EMC compte plus de 3.500 hommes, selon le renseignement militaire colombien.

Selon Jorge Mantilla, un expert en conflits armés interrogé par l'AFP, les négociations auront désormais un caractère régional ou plus territorialisé.

Alias Calarca, l'un des commandant les plus puissants de l'EMC, continue de participer aux discussions, au côté d'Andrey Avendano, même s'il a récemment assuré que son groupe poserait des conditions inamovibles à la signature d'un accord de paix, comme le refus remettre les armes ou de se soumettre à une justice spéciale.

Le cessez-le-feu et la table des négociations sont liés. Si l'un est rompu, l'autre aussi, a commenté mardi à l'AFP un autre commandant des Farc, Gafas, partisan de la ligne de Mordisco. En rompant le cessez-le-feu dans trois départements, c'est le gouvernement qui a rompu les négociations, et non Ivan Mordisco, a jugé ce chef politique du Front Carlos Patino, dans le Cauca.

Elu en 2022 premier président de gauche de l'histoire de la Colombie, Gustavo Petro tente de suivre une ambitieuse politique de paix totale et de mettre définitivement fin aux violences qui déchirent son pays depuis plus d'un demi-siècle.

Des discussions sont en cours avec l'ELN guévariste, une autre faction de la dissidence des Farc, des paramilitaires, des narcotrafiquants et des groupes criminels. Ces pourparlers sont vivement critiqués par l'opposition conservatrice.

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