"Il reste encore demain" de Paola Cortellesi : une comédie dramatique de mauvais goût selon Le Masque

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"Il reste encore demain" de Paola Cortellesi : une comédie dramatique de mauvais goût selon Le Masque

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"Il reste encore demain" de Paola Cortellesi (2024) : Pourquoi le Masque n'a pas marché
"Il reste encore demain" de Paola Cortellesi (2024) : Pourquoi le Masque n'a pas marché
- Luisa Carcavale

Paola Cortellesi signe une fable en noir et blanc qui a eu un très grand écho en Italie, dépeignant les mœurs patriarcales du pays durant l'après-guerre, au point d'être devenue là-bas un phénomène cinématographique de société, quelques mois après notamment le féminicide de Giulia Cecchettin.

Le phénomène italien aux 5 millions d’entrées, c’est ce qui est écrit sur l’affiche italienne du film “C’e encora domani”. C’est le premier film écrit et réalisé par Paola Cortellesi, humoriste et actrice très populaire en Italie. C’est d’ailleurs elle qui tient le rôle principal. Nous sommes en 1946, à Rome. Delia a trois enfants, plusieurs petits boulots - mal payés - un beau-père à la maison – insupportable avec les mains baladeuses et un mari - qui la gifle en guise de bonjour au réveil. Jusqu’au jour où Delia reçoit un courrier qui va changer le cours de sa vie, comme celui de la société italienne tout entière.

Xavier Leherpeur n'a pas trouvé le film très bon

Bien que le critique de 7e Obsession estime plus que nécessaire que le sujet des féminicides et de la violence faite aux femmes soit porté à l'écran, il ne cache pas ses réserves quant à la mise en scène du film qu'il trouve très moyenne, notamment dans le contexte choisi pour porter à l'écran des sujets sociétaux, aussi cruciaux : "Le sujet, s'il est fondamental, aurait mérité d'être traité de manière contemporaine, car j'ai un problème avec les films qui parlent des sujets d'aujourd'hui, mais conjugués au passé, comme si le temps était passé, que maintenant tout va bien alors que non, la violence faite aux femmes est encore extrêmement contemporaine. Je n'ai pas envie qu'on se réfugie dans un petit film chromo en noir et blanc pour nous dire que tout va mieux aujourd'hui.

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Paola Cortellesi veut faire un film tout public et se retrouve à ménager constamment une violence qu'elle ne filme jamais. Si son principe, c'est de faire venir les jeunes spectateurs pour être sensibilisés à la cause, oui, mais à un moment, transformer la violence maritale en scène de tango, une, deux, trois fois, sans jamais aucune évolution et aucun contrepoint, ça me gêne. Sans compter les personnages secondaires qui sont embarrassants de stéréotypes. C'est un sujet qu'il faut traiter, mais de manière plus actuelle, pas de cette manière-là."

Au contraire, Florence Colombani aime ce film pour son mauvais goût

C'est justement parce que ce n'est pas un film qui a les codes conventionnels de la mise en scène, que la critique de Le Point a trouvé le film très efficace et très malin : "C'est le film d'une femme qui a fait des one-woman-show et qui écrit sous la forme du sketch, donc ce qui est très fort dans le film, c'est qu'il y a des blocs. Quant au tango, lorsqu'elle décide de transformer cette scène de violence en chorégraphie, c'est une réponse intelligente à une autre forme de vulgarité qui est celle de toujours montrer en gros plan la violence faite aux femmes, de s'attarder avec une certaine complaisance. C'est vraiment un film qui va marquer et qui va rester."

Ariane Allard a trouvé que c'était un film compliqué à regarder

En effet, si elle rappelle que le sujet et le message sont irréprochables, la journaliste pour Causette a finalement trouvé très problématique la forme empruntée pour raconter cette histoire : "Au début, je reconnais que j'étais quand même intriguée par ce noir et blanc qui oscille entre la comédie néoréaliste et le mélo, avec des images très stylisées, un peu raides, un peu clichées qui me font penser au roman-photo. Jusqu'à ce qu'un moment donné, on arrive à cette scène de tango qui s'avère hyper embarrassante avec une façon de filmer presque lyrique, presque enchantée, presque ravie qui relève selon moi du mauvais goût. "

Pour Pierre Murat, on est très en deça du style de la grande comédie italienne à l'ancienne

S'il n'est pas tout à fait sûr que ça soit un grand film, le critique de Térérama salue néanmoins une grande actrice : "Je trouve que Paola Cortellesi porte complètement le film : "Il y a quelque chose de très élégant dans l'interprétation de cette actrice-cinéaste. Après, ce film repose sur des blocs de séquences pas très réussies, avec quelques fois seulement des choses réussies dans la mise en scène, d'où la méchanceté, le cynisme, l'insolence qui rejoignent absolument la grande comédie à l'italienne de jadis. Mais le grand problème, c'est que les comédies italiennes à l'ancienne étaient bien meilleures et bien plus insolentes que cela."

🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume :

"Il reste encore demain" de Paola Cortellesi

7 min

► Toutes les autres critiques de films du Masque et la Plume  sont à retrouver ici.

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