Natura 2000, c’est un réseau écologique européen de sites naturels remarquables où des actions sont menées pour maintenir la biodiversité, restaurer les milieux et instaurer des conditions favorables pour des espèces en danger d’extinction. Alors que partout ailleurs, la biodiversité est en chute.
Les marais de Vilaine sont classés Natura 2000 depuis 2004, soit 10 900 ha répartis dans 34 communes de trois départements et deux régions. L’Établissement public territorial de bassin (EPTB) Vilaine est opérateur de Natura 2000 par le travail de la coordinatrice Anne Le Normand, qui agit sous l’égide d’un comité de pilotage réunissant des élus des 34 communes concernées, poussé par l’ancien maire de Saint-Nicolas-de-Redon Jean-Louis Fougère. La présidence est assurée par Fabrice Sanchez, maire de Massérac (44).
Une organisation unique en France
« Notre organisation est unique en France », souligne Fabrice Sanchez. « Notre comité de pilotage est composé de 12 élus et de trois vice-présidents représentant chacun un de nos trois départements, qui travaillent sur les thématiques de l’agriculture, du tourisme et de la gestion des milieux aquatiques. Et ça fonctionne bien. Natura 2000 venait de l’Europe. Mais nous le gérons par la base, avec tous les partenaires et usagers des marais que sont les agriculteurs, les pêcheurs, les chasseurs, les associations environnementales, les départements, les régions et les services de l’État. »
Les activités humaines maintenues et encadrées
« En 2000, certains voyaient de manière favorable la gestion du milieu naturel riche en biodiversité et l’ambition et l’ambition en termes de gestion de la qualité des eaux brutes », explique Jean-François Mary, président d’Eaux et Vilaine et président de Redon agglomération. « Mais d’autres craignaient qu’on mette les marais sous cloche. On peut constater aujourd’hui que l’on a tenu compte des activités humaines, à travers notamment des Mesures agroenvironnementales et Climatiques (MAEC), pour faire en sorte que le marais ne se referme pas. Le marais est ce qu’il est du fait de l’activité humaine depuis 1000 ans. Sans l’homme, il se couvrirait de saules et de chênes et ne serait plus accessible à l’Homme. »
« L’aménité rurale »
Alors que « monte la sensibilisation à l’environnement et à la biodiversité », reprend Jean-François Mary, la contribution de Natura 2000 à « l’aménité rurale », « pose la question de la reconnaissance par la Région, l’État et l’Europe » de Natura 2000. « La Région est au rendez-vous », assure Simon Uzenat, référent de la Région pour le Pays de Redon, qui assure depuis 2023, le suivi administratif à la place de l’État. Le Conseil régional de Bretagne a augmenté ses crédits en la matière, passant de 50 000 € en 2022 à 78 000 € en 2023 et 84 000 € en 2024, dont « 50 000 € de crédits européens FEDER. »
Précurseur également, ce comité de pilotage a établi une charte du territoire Marais de Vilaine destiné aux propriétaires fonciers et à tous les usagers du territoire, les incitant à « s’impliquer dans la protection d’espèces et de milieux à très fort intérêt patrimonial ».
Trois temps forts
Pour ses 20 ans, Natura 2000 des Marais de Vilaine organise trois temps forts cette année, réservés aux membres du Comité de pilotages et à des invités. Un premier rendez-vous est prévu le 12 avril, en plein réveil de la nature printanière, avec notamment l’observation des oiseaux. Les participants resteront en dehors des marais, justement pour préserver la vie sauvage.
Le 5 juillet, un deuxième rendez-vous est prévu au Dresny à Plessé en immersion avec des éleveurs bovins, un agronome et des naturalistes spécialistes des insectes, des oiseaux et mammifères, dans des milieux gérés par les agriculteurs.
Le 4 octobre à Langon à Corbinière, place à la “contemplation” sur un site identifié pour une extension du classement Natura 2000.
Des outils pédagogiques à créer
Le Pays de Redon recèle de nombreux trésors, dont la biodiversité repérée et préservée sous l’égide de Natura 2000. « Il faudrait des outils pédagogiques pourquoi pas numériques pour relayer l’information auprès du grand public », estime Jean-François Mary, qui évoque même « un parc naturel régional qui serait très intéressant à condition qu’il reste compatible avec les activités humaines dans les marais ».
Extension
À l’échelle régionale, 80 sites sont classés Natura 2000, soit plus de 100 000 ha. « Nous sommes en réflexion pour augmenter leur surface de 40 %, soit 40 000 ha supplémentaires », indique Simon Uzenat. Une annonce qui a fait bondir Jean-François Mary : « Gare à bien définir le périmètre et ne pas mettre le territoire sous cloche. »
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