Les débuts de Gabriel Attal à la tête du gouvernement : entre attentes et réalités. Selon Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'Université Paris-Panthéon Assas, l'idée des 100 jours pour réformer «s'applique généralement au président de la République, bénéficiant d'une période d'état de grâce post-électorale». Pour le Premier ministre, cette notion est moins pertinente. Benjamin Morel souligne qu'«une embellie dans les sondages, durant environ deux mois», offre une marge de manœuvre limitée pour des réformes. Les premiers 100 jours servent plutôt à affirmer «un style politique», influencé par les raisons de sa nomination par le président.

Dans le cas de Gabriel Attal, nommé en vue des élections européennes du 9 juin, sa désignation visait à créer «une forme d’effet de souffle», selon Benjamin Morel. En outre, ses compétences en communication ont rapidement fait leur marque, un atout crucial dans un contexte de manque de majorité parlementaire. Car, «gouverner sans majorité implique souvent d'utiliser la voie réglementaire, en promulguant des décrets» pour maintenir une action gouvernementale visible malgré les obstacles parlementaires.

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Alors qu'il était encore ministre de l'Education, Gabriel Attal s'est illustré dans cet exercice lors de l'incident de l'abaya en septembre dernier, prolongeant artificiellement l'attention médiatique. Son intérêt pour l'éducation s'est également manifesté dès son arrivée à Matignon, affirmant que cette cause était au cœur de ses priorités. Benjamin Morel souligne que la réforme des services publics, notamment l'éducation, peut se faire sans nécessiter de législation parlementaire, offrant une marge de manœuvre supplémentaire.

Bilan mitigé pour le Premier ministre Gabriel Attal

Cependant, le bilan de Gabriel Attal jusqu'à présent est mitigé. Son impact sur la campagne des européennes a été limité, et il n'a pas réussi à s'imposer sur les grands sujets d'actualité. «Les conflits émergents dans le domaine de l'éducation ont été repris en main par le président Emmanuel Macron, tandis que des questions cruciales telles que le budget et la crise agricole ont été traitées directement par le chef de l'Etat», résume Benjamin Morel. «Le phénomène Attal n’est pas aussi fort que ce qu’on aurait pu penser», souligne notre expert.

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Malgré cela, Gabriel Attal conserve jusqu'à présent le soutien de la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale, bien que cet équilibre puisse être menacé par les résultats des élections européennes ou par une motion de censure des Républicains. En conclusion, les premiers mois de Gabriel Attal à la tête du gouvernement témoignent d'un effort pour maintenir le cap présidentiel, mais sans marquer de véritable avancée politique.