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Expo : les sublimes lumières normandes de David Hockney aux Beaux-Arts de Rouen

David Hockney au Centre Pompidou, en 2017.
David Hockney au Centre Pompidou, en 2017. © Luc Castel / Getty Images
Benjamin Locoge

Pour les 150 ans du mouvement impressionniste, le musée des Beaux-Arts de Rouen accueille les dernières œuvres 
de l’artiste anglais. Un éblouissement.

Il est le plus classique des modernes. David Hockney n’a jamais couru après l’abstraction, préférant l’art figuratif, peignant notamment les paysages qu’il avait sous les yeux, les hommes qu’il aimait et les femmes qu’il admirait. L’Anglais, né en 1937, révolutionna – avec d’autres – l’art contemporain par son humour et son engagement sans faille envers la peinture. Mais contrairement à nombre de ses complices des années 1960, Hockney, lui, est toujours vivant.

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Il est installé depuis 2019 en Normandie, dans le pays d’Auge, pour le plus grand bonheur des directeurs de musée et des commissaires d’expo français. Alors quand le festival Normandie impressionniste a commencé à réfléchir à la manière de célébrer les 150 ans du mouvement, quoi de mieux que de se tourner vers les peintres locaux ? C’est la démarche simple entreprise il y a deux ans par la manifestation normande, sous la houlette de Florence Calame-Levert, conservatrice au musée des Beaux-Arts de Rouen. « David Hockney a accepté de nous recevoir, nous lui avons parlé du projet d’exposition. Il est venu visiter les collections du musée, l’idée étant de faire dialoguer nos œuvres avec les siennes. Et il a donné son accord. »

Hockney se frotte à Monet, Renoir, Sisley, Modigliani...

Du haut de ses 86 ans, le Britannique ne s’enferme pas dans sa tour d’ivoire. Bien au contraire, l’exposition « David Hockney, Normandism » est un moyen pour lui de se confronter à Monet, autre régional de l’étape et influence évidente. Il se frotte ici aussi à Renoir, à Sisley et à Modigliani, interrogeant dans ses œuvres récentes la place de la lumière, laissant dans ses toiles des touches « impressionnistes ». Tout en restant un génie pop.

À Rouen donc, Hockney s’offre trois salles. Une première consacrée aux portraits des gens qui lui rendent visite dans son havre normand. On reconnaît son compagnon Jean-Pierre Gonçalves de Lima, son médecin, son jardinier mais aussi l’historien de l’art Donatien Grau. Hockney, lui, ouvre l’accrochage et se représente dans un autoportrait récent, trônant à côté de celui de Giacometti. Le trait presque naïf de l’Anglais est tout sauf une approximation, selon Florence Calame-Levert. « Les pieds de ses personnages sont peints de telle sorte qu’ils nous donnent la sensation qu’ils sont en mouvement. »

Au pays de Monet, il n’a pu s’empêcher ­de traîner à Giverny

Dans la deuxième salle, la plus éblouissante, Hockney propose ses paysages. Vivant au pays de Monet, il n’a pu s’empêcher ­de traîner à Giverny pour mieux se laisser impressionner. Son « Giverny by DH » remet en doute la notion de perspective, tout en rendant le plus beau des hommages au maître et à son jardin. Hockney choisit de laisser l’eau de l’étang occuper les deux tiers de la toile. Sommes-nous dans un paysage réel ? Un rêve ? Il y répond quelques mètres plus loin avec « The Entrance », diptyque montrant l’entrée de sa propriété, incroyable fourre-tout d’influences et de clins d’œil.

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Au premier plan, des aplats classiques, une prairie pop, mais très vite les troncs violets des arbres évoquent Van Gogh quand la cime de ceux qui sont nichés au fond de la toile est noyée dans un brouillard emprunté à Sisley ou à Turner. On se laisse prendre devant la jubilation de Hockney sous le soleil normand. Et devant la lune aussi. Puisque, en fin de parcours, les spectateurs sont invités dans la « Moon room », soit quinze clairs de lune, peints depuis sa demeure.  Treize des quinze œuvres présentées sont des tirages de tableaux créés sur iPad. Impeccables, impressionnistes à souhait, nous invitant à réfléchir sur le temps qui passe et la beauté du monde.

Sur les contreforts de la salle, deux toiles de 2023 rendent justice à la matière. Aussi passionné soit-il par les images digitales, rien ne vaut la comparaison avec ces deux pièces réalisées au pinceau et à l’acrylique. « David Hockney nous montre combien il faut se réjouir de faire partie de ce monde, poursuit Florence Calame-Levert. C’est quelqu’un qui se réveille chaque matin en étant émerveillé d’être en vie. Et qui sait combien le pouvoir des images nous permet de mieux appréhender la société qui nous entoure. » Quoi de plus beau qu’un clair de lune normand ou que le sourire de ceux qu’on aime ? nous interroge David Hockney à Rouen. La réponse est dans sa peinture.

Normandie impressionniste, mode d’emploi

La cinquième édition du festival, qui a lieu tous les quatre ans, célèbre cette année les 150 ans du mouvement pictural. Elle propose 150 manifestations dans toute la Normandie (expos, installations, photos, spectacles). L’exposition de David Hockney, celle consacrée à James Whistler et la venue de Bob Wilson, qui projettera un film de vingt-cinq minutes sur la cathédrale de Rouen, sont les temps forts des six prochains mois.

«David Hockney, Normandism », jusqu’au 22 septembre au musée des Beaux-Arts de Rouen
«David Hockney, Normandism », jusqu’au 22 septembre au musée des Beaux-Arts de Rouen © Musée des Beaux-Arts de Rouen

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