EN IMAGES - "On sera prêt", la chapelle Saint-Denis devrait faire peau neuve juste à temps pour les JO 2024
À 104 jours du début des JO, les travaux de la chapelle Saint-Denis à Châteauroux devraient être terminés à temps. Une promesse en passe d'être tenue grâce à l'organisation des travaux, un défi en terme d'organisation qui permettra de proposer un nouveau lieu d'hébergement dans la ville.
"Les Jeux olympiques n'attendront pas, on sera prêt pour les J.O." Le défi initié par le maire de Châteauroux se résumait très simplement, les équipes des JO devront pouvoir poser leurs valises dans cet écrin flambant neuf, installé dans le quartier pour les décennies à venir. Une visite du lieu avec des élus et ouvert à la presse a eu lieu ce mardi 9 avril 2024.
Le compte à rebours des JO
Dès l'annonce de l'accueil des JO, le chronomètre a commencé sa course. Un défi pas forcément hors de portée estime Gil Avérous le maire de Châteauroux. "Quand Tony Estanguet, le 12 juillet 2022, nous a dit qu'on était retenus, notre problématique première était de trouver de l'hébergement accessible aux handicapés, on a tout de suite pensé à ce site en friche. Mais le problème, c'était le délai. L'idée, c'était de trouver une entreprise qui puisse mener le chantier d'une traite et qui fasse son affaire de tous les sous-traitants. C'est ce qu'on a fait avec l'entreprise Viano." Cette société très enracinée à Châteauroux a l'habitude de "missions impossibles", elle a en effet mené des séries de travaux pour le zoo de Beauval.
La construction rapide de 25 appartements équipés, pour 77 occupants, répartis sur 1.700 m², tout en respectant l'intégrité historique du lieux, et sans renoncer à la performance énergétique, font que face à de tels enjeux, l'entreprise Viano BTP a mis les moyens pour réussir.
Réutiliser l'existant
Pour gagner du temps, il a fallu utiliser ce qui existait déjà, un exemple avec les planchers. Patrice Brochard, l'architecte du projet, explique que "la vraie bonne idée c'était de les garder. On s'en est servi pour couler nos bétons en fond de coffrage. On a gagné un temps phénoménal pour ne pas les démonter et avoir restabiliser le bâtiment." L'architecte ajoute dans un sourire, "il n'est pas envisageable de repousser les Jeux olympiques".
Restent les moyens humains qui, par définition, sont incompressibles : "On ne peut pas demander aux gars d'aller deux fois plus vite", justifie Clément, le chef de chantier de l'entreprise Viano. "On a donc tout organisé différemment, on a commencé à peindre les premières chambres, les placos, les plomberies étaient faites alors qu'on n'avait pas terminé de faire encore du gros œuvre." Souriant lui aussi, le jeune chef reste serein sur la suite des opérations car "tout s'enchaîne pas mal, c'est une vraie fourmilière depuis un mois".
Jean-Philippe Viano, PDG de l'entreprise du même nom, a même clairement pris date. "Les travaux seront finis à temps. On n'a pas le droit de se louper. Ce sera près huit jours avant la date fatidique, je me suis engagé." Sur le papier, la livraison du bâtiment sera effective le 1ᵉʳ juillet, et si l'on compte l'ameublement, "il sera entièrement opérationnel deux semaines plus tard". Une échéance théoriquement réalisable juste avant le début des Jeux olympiques le 26 juillet 2024.
Construire l'après JO
Pour gagner du temps les structures déjà existantes ont été mises à contribution. L'ancien patrimoine religieux voisine avec des nouvelles coursives latérales pour permettre à un public valide ou non de mieux circuler. Pour le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, "c'est fondamental parce que ces lieux aient une âme. C'est un bâtiment du début du XIXe siècle. Ici vont venir des personnes qui sont dans un système d'appartements très modernes, mais dans un lieu qui a une histoire, agréable à voir, mais dans un lieu qui donne tout son sens au quartier. Plutôt que de tout foutre par terre, le choix de la réhabilitation est un magnifique choix."
Cet argument décisif a convaincu la Région de s'impliquer très fortement sur le plan financier. Car en plus de la sauvegarde patrimoniale, "c'est un lieu de performance environnementale. On nous le dit en général, c'est un lieu historique, donc il consomme beaucoup, beaucoup d'énergie. Là, on a de la géothermie, on a refait des isolations sans toucher la façade et je pense que c'est assez exemplaire." Cette église a été détruite et reconstruite plusieurs fois depuis sa vente à la Révolution. L'ancienne crypte était dédiée à la reine mérovingienne Sainte-Radegonde et partout où cela été possible, les traces du passé ont été laissées et parfois mise en avant.
Des perspectives à long terme
Les vitraux de la chapelle ont été restaurés et mis en sécurité avec des vitres pour permettre une meilleure performance énergétique et prévenir des ravages du climat, comme ceux du temps. La grand nef de l'ancienne chapelle, dont les portes d'entrée sont ornées de vitraux ouvragés cernés de bois, est devenue une grande salle à manger polyvalente dont pourront profiter les habitants du quartier. Douze jours par an ont été négociés par la municipalité pour eux. Mais le lieu vise aussi l'accueil des comités d'entreprise et veut devenir une étape obligée dans les circuits de cyclotourisme, un atelier d'entretien des vélos sera d'ailleurs à disposition des voyageurs.
Un investissement de 8,4 millions d'euros pour la Ville
La chapelle Saint-Denis a d'abord été vue comme un point idéal sur la route du CNTS, mais dès que les murs de l'enceinte ont été abattus les habitants ont découverts ce qui se dérobait à leur regard depuis des années. Une partie du jardin d'entrée leur sera accessible. Il ne manquait en fait qu'une occasion de réhabiliter les lieux et pour cela d'élaborer un montage financier adéquat.
"Les Jeux olympiques, ça a été clairement l'occasion", souligne Gil Avérous. "Un investissement très lourd, mais avec le soutien des collectivités, au premier rang desquels l'État, la Région, le Département et l'Europe. Ça nous permettait, nous, d'arriver sur un montage financier qui devenait plus soutenable". D'autant que l'investissement pour la Ville s'élève à 8,4 millions hors taxe, mais "pour nous, ça va être une source de revenus qui va nous permettre d'amortir l'opération sur 30 ans. 30 ans c'est long, mais pour sauver un élément de patrimoine, c'est quelque chose d'essentiel et de déterminant dans notre choix".
L'exploitation des lieux se fera "par une société privée, comme on le fait sur le camping. Porter des opérations immobilières, on sait le faire. Gérer de l'hôtellerie, ce n'est pas vraiment notre notre métier à la mairie. On va avoir un délégataire qui va travailler pour notre compte, pour accueillir au mieux les salariés des entreprises, les touristes et aussi les cyclotouristes", conclue le maire de la ville. Le montage financier a été élaboré main dans la main avec l'État et la Région**, qui a facilité l'obtention de fonds européens. La Région a mobilisé 289.000 euros, puis elle a été chercher une aide européenne du même montant. Le département a apporté 42.000 euros.
Les Jeux olympiques commencent le 26 juillet jusqu'au 11 août, deux jours avant le jour de la Sainte-Radegonde, la reine des Francs morte en 587, à laquelle les Castelroussins vouaient jadis un culte, se réunissant pour cela dans une chapelle au bord de l'Indre, qui sera amenée plus tard à devenir la chapelle Saint-Denis, 1437 ans plus tard.
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