De gauche à droite : le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, le président de la Chine Xi Jinping, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le Premier ministre Narendra Modi and le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le 23 août 2023. (Photo by ALET PRETORIUS / POOL / AFP)

De gauche à droite : le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, le président de la Chine Xi Jinping, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le Premier ministre Narendra Modi and le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le 23 août 2023. (Photo by ALET PRETORIUS / POOL / AFP)

AFP

Il n’y a encore pas si longtemps, les dirigeants politiques de Washington et des autres capitales occidentales n’accordaient que peu d’importance à la possibilité que le reste du monde puisse ne pas partager leurs opinions. A quelques exceptions près, les régimes que l’Occident considérait comme de "bons partenaires" - en d’autres termes, ceux qui étaient prêts à promouvoir la sécurité ou les intérêts économiques des Etats-Unis et de l’Europe - continuaient à bénéficier de son soutien même s’ils ne se gouvernaient pas selon les valeurs occidentales. Mais après la fin de la guerre froide, la plupart des décideurs politiques occidentaux semblaient s’attendre à ce que les pays en développement se tournent, avec le temps, vers la démocratie et la mondialisation. Peu d’entre eux s’inquiétaient du fait que des Etats non occidentaux puissent s’opposer à leurs normes, ou percevoir la répartition du pouvoir de l’ordre international comme un vestige injuste du passé colonial. Les dirigeants qui exprimaient de telles opinions, à l’image du Vénézuélien Hugo Chávez, étaient considérés comme des excentriques aux idées dépassées.

Publicité
LIRE AUSSI : Hein de Haas : "L’idée de grandes vagues de migrations climatiques est très improbable"

Aujourd’hui, au contraire, le débat public occidental considère comme un fait établi l’existence d’un "Sud global" avec ses propres perspectives. Cette expression est devenue un raccourci presque inévitable. Des dirigeants, comme l’indien Narendra Modi et la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, ont commencé à énoncer les priorités du Sud global - bien qu’encore assez amorphe - sur des questions telles que le financement du climat et le rôle des institutions internationales. Déçus par le refus d’un certain nombre de pays en développement de sanctionner la Russie pour son agression en Ukraine, les responsables américains et européens prêtent une attention de façade aux préoccupations de ce groupe d’Etats.

Singularité des défis

Bien que cette reconnaissance des intérêts du reste du monde soit une évolution bienvenue, elle est liée à une compréhension particulière du Sud global qui est un concept difficile à manier. Il n’existe pas de définition stricte du terme, mais il est généralement utilisé pour désigner l’ensemble des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Il désigne autant certaines puissances du G20, tels que le Brésil et l’Indonésie, que la Sierra Leone et le Timor Oriental, faisant partie des pays les moins développés au monde. Certes, ces Etats ont partagé des expériences historiques semblables et ont des intérêts communs, comme la modification de l’équilibre des pouvoirs dans le système international. Mais ils ont aussi des valeurs, des perspectives et des intérêts qui diffèrent drastiquement.

Le risque de ce terme est de faire perdre de vue cette diversité aux décideurs politiques occidentaux. En abordant le Sud global comme une coalition plus ou moins homogène, ils risquent de simplifier voire d’ignorer les intérêts spécifiques de ces pays pris individuellement. Les responsables occidentaux souhaitant entretenir de meilleures relations avec leurs homologues non occidentaux pourraient être tentés de se concentrer sur la conquête des quelques Etats du Sud supposés leaders, tels que le Brésil et l’Inde, en supposant que le renforcement des liens avec Brasilia ou New Delhi suffira à maintenir de bonnes relations avec les autres pays du Sud global. C’est en partie pour cette raison que l’administration Biden et ses alliés ont investi si lourdement dans la réussite du sommet du G20 qui s’est tenu en Inde l’année dernière.

LIRE AUSSI : Christophe Ayad : "Le Hezbollah est un Hamas puissance 100"

Mais une politique trop axée sur un groupe restreint d’Etats non occidentaux serait insuffisante. Elle occulte les tensions qui existent entre les pays en développement et ne permet pas de prendre en compte la singularité des défis qui façonnent la politique de ces pays : dette, changement climatique, évolutions démographiques, violence… Ce faisant, une politique ne prenant pas en compte les intérêts spécifiques de ces Etats de petite et moyenne taille ne permet pas d’établir avec eux de bonnes relations. L’expression "Sud global", si elle est d’une simplicité convaincante, est en fait trompeuse (tout comme son pendant, "l’Occident"). Traiter les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine comme un bloc géopolitique homogène ne permettra pas de résoudre les problèmes auxquels ces derniers sont confrontés, et n’apportera pas aux Etats-Unis et à leurs partenaires l’influence internationale recherchée.

Qui parle au nom du Sud global ?

Il est vrai que les pays du Sud, tels qu’ils sont définis ici, ont des causes communes, des incitations à se coordonner. La plupart de ces Etats ont lutté contre le colonialisme (et, dans certains cas, contre les interventions américaines) et ont coopéré au sein d’organisations qui ont rassemblé les pays en développement du temps de la guerre froide, comme le Mouvement des non-alignés et le G77. Ces deux coalitions existent toujours en tant que blocs officiels aux Nations unies. Aujourd’hui, dans un contexte de multilatéralisme pluriel, les Etats non occidentaux choisissent souvent de se regrouper pour négocier avec les Etats-Unis et leurs alliés. Cette coordination renforce les affinités entre ces pays frustrés par un ordre international qui va trop souvent à l’encontre de leurs intérêts.

Les événements internationaux récents ont accentué les fractures entre ces pays et l’Occident. Lorsque de nombreux gouvernements non occidentaux ont refusé de prendre parti après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, certains dirigeants occidentaux se sont sentis obligés de répondre aux accusations de "double standard" - en particulier, l’impression qu’ils se tenaient à des positions de principe uniquement lorsqu’une nation européenne était attaquée. Après tout, c’est grâce au soutien d’un large bloc d’Etats généralement considérés comme faisant partie du Sud global que l’Assemblée générale des Nations unies a pu manifester sa solidarité avec l’Ukraine. Mais les gouvernements occidentaux n’ont pas appliqué cette leçon au-delà de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Si la guerre de Gaza est apparue comme un test pour voir si les dirigeants occidentaux avaient enfin compris l’importance de répondre aux accusations d’hypocrisie, il semble qu’ils aient échoué. Dans toute l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine, des responsables et des citoyens estiment que les Etats-Unis et certains de leurs alliés en Europe ont donné leur caution à la destruction de Gaza par Israël. La perception d’un deux poids deux mesures est plus forte que jamais.

LIRE AUSSI : Comment Israël est tombé dans le piège du Hamas, par Thierry Wolton

Ces similitudes de perspectives ne signifient toutefois pas que les pays considérés comme appartenant au Sud global agissent comme un seul et même groupe. Les dirigeants non occidentaux, comme leurs homologues occidentaux, désirent défendre les intérêts de leurs Etats, et tous ne considèrent pas leur pays comme membre d’un vaste groupe. Prenons, par exemple, leurs activités aux Nations unies. Lors des débats de l’Assemblée générale sur la politique de développement, un petit groupe de membres intransigeants du G77, dirigé par Cuba et le Pakistan, défend une approche offensive de la négociation des réformes du système financier international avec les Etats-Unis et l’Union européenne. Ce groupe n’hésite pas à dénoncer le non-respect des promesses d’aide faites dans le passé par l’Occident. De son côté, la Russie, en coordination avec ce groupe, a profité des discussions sur les objectifs de développement durable des Nations unies en 2023 pour critiquer l’impact économique mondial des sanctions américaines. Pourtant, en privé, de nombreux autres membres du G77 ont exprimé leur malaise face à cette diplomatie tranchante, en arguant qu’elle sapait les efforts déployés pour trouver un terrain d’entente avec Washington et Bruxelles afin de réduire le fardeau de la dette de ces pays.

Conflit de valeurs

Les divisions au sein de ce supposé Sud global s’étendent au-delà des questions économiques. Certains pays d’Amérique latine dirigés par des gouvernements de gauche progressiste, par exemple, aimeraient promouvoir au sein de l’ONU les questions de genre et de droits des LGBTQ, mais ils se heurtent à l’opposition des membres plus conservateurs du G77, notamment de nombreux Etats à majorité musulmane. Le Brésil et l’Inde cherchent depuis longtemps à obtenir des sièges permanents au Conseil de sécurité, mais leurs rivaux régionaux, tels que l’Argentine et le Pakistan, tentent de les en empêcher. Et bien que les diplomates non occidentaux aient souvent des raisons pratiques de se serrer les coudes, ceux qui représentent les grandes puissances du Sud global font régulièrement passer leurs positions nationales avant la solidarité de groupe.

Si beaucoup prétendent parler au nom du Sud - à l'ONU ou ailleurs -, aucun pays ne peut se prévaloir de ce titre. Au cours de l’année écoulée, le Brésil, la Chine et l’Inde se sont affrontés pour se présenter comme les leaders naturels du groupe. Ces trois pays sont des membres fondateurs des Brics, dont les membres principaux comprennent également la Russie et l’Afrique du Sud. Lors de la présidence indienne du G20 en 2023, Narendra Modi a promis de représenter "nos compagnons de route du Sud" et a aidé l’Union africaine à obtenir un siège permanent. La Chine, quant à elle, s’est concentrée sur l’expansion des Brics, en menant une campagne, couronnée de succès, pour inviter l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis à les rejoindre (l’Argentine a décliné l’invitation). Le Brésil, qui va présider le G20 cette année et accueillir le sommet sur le climat COP30 en 2025, va en profiter en tentant de faire avancer une vision d’un "ordre multipolaire, équitable et inclusif", pour reprendre les termes du président Lula, dans lequel les pays du Sud auraient plus d’influence qu’aujourd’hui.

La realpolitik finit souvent par prendre le dessus

Pourtant, malgré cette lutte pour la place de leader des pays en développement, certains choix récents de ces puissances en matière de politique étrangère suggèrent qu’elles donnent la priorité à d’autres relations. La Chine a par exemple, en toute discrétion, renforcé ses liens avec la Russie depuis que les deux pays ont déclaré un "partenariat sans limites" en 2022. L’Inde a accru ses échanges commerciaux avec la Russie et s’est rapprochée des Etats-Unis et de leurs alliés dans le cadre du dialogue quadrilatéral sur la sécurité, un forum sur la sécurité maritime auquel participent également l’Australie et le Japon. Le gouvernement Modi, enfin, a rompu avec la majorité des membres du Mouvement des non-alignés à l'ONU en octobre, en refusant de signer une résolution de l’Assemblée générale appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Bien que New Delhi ait soutenu une résolution ultérieure en décembre, le vote d’octobre témoigne de l’approfondissement, au cours des dernières années, des liens unissant l’Inde et Israël.

LIRE AUSSI : Conflit israélo-palestinien : comment sortir du piège, par Yuval Noah Harari

Le Brésilien Lula, quant à lui, a adopté une position plus ferme que d’autres dirigeants non occidentaux sur la guerre entre Israël et le Hamas, comparant l’offensive israélienne à Gaza à la Shoah - des propos qui ont valu au président brésilien d’être déclaré persona non grata en Israël en février. Dans le même temps, le Brésil a cherché à s’attirer les faveurs des grandes puissances mondiales, en gérant habilement les frictions entre la Chine, la Russie et les Etats-Unis afin de renforcer ses liens avec les trois pays. Pour le Brésil, la Chine et l’Inde en particulier, revendiquer le leadership du Sud mondial offre des avantages évidents, notamment la possibilité d’accroître leur poids diplomatique mondial tout en renforçant leurs relations économiques. Malgré leur soutien rhétorique aux pays de ce groupe, la realpolitik finit souvent par prendre le dessus.

D’autres prétendants à la direction du Sud global semblent encore moins bien armés pour assumer cette position. L’Afrique du Sud, par exemple, envisage très sérieusement de prendre la tête de ce groupe ; les responsables sud-africains se sont notamment montrés particulièrement enthousiastes à l’idée de jouer un rôle de pacificateur en Ukraine. Le président Cyril Ramaphosa a conduit une délégation de dirigeants africains à Moscou et à Kiev l’été dernier afin de favoriser une sortie de la guerre, sans succès. L’Afrique du Sud a sans doute eu plus d’impact en portant plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice au titre de la convention sur le génocide, tant cela a influé sur les débats internationaux au sujet de la guerre à Gaza. Du reste, l’Afrique du Sud, qui a encore du mal à se projeter en tant que leader sur son propre continent - où d’autres puissances comme le Kenya et le Nigeria préfèrent tracer leur propre voie - ne risque pas de rallier une coalition à l’échelle mondiale.

Aucun autre candidat à la position de leader du Sud global n’est susceptible d’émerger. Les pays arabes du Golfe, petits mais influents, siègent à l'ONU aux côtés des pays en développement, au sein du Mouvement des non-alignés et du G-77, et ils ont utilisé ces liens pour obtenir un soutien à la cause palestinienne. Malgré cela, les responsables arabes ont tendance à présenter leurs intérêts comme étant distincts de ceux du Sud global, compte tenu de la croissance économique et de la relative stabilité politique que connaissent leurs pays. La Russie a également tenté de gagner le soutien des pays non occidentaux, et utilise une rhétorique anticoloniale pour justifier sa confrontation avec l’Europe et les Etats-Unis. Mais de nombreux responsables de ces pays considèrent que Moscou est trop erratique et belliqueuse pour lui accorder une confiance totale. Le Kenya, en particulier, a critiqué la Russie pour avoir mené une guerre impérialiste en Ukraine.

Régler les vrais problèmes

En fin de compte, il ne sert pas à grand-chose de chercher à savoir qui peut diriger le Sud global. Lorsque les pays pauvres examinent les candidats en lice, ils se demandent souvent s’ils ont quelque chose en commun avec les grandes puissances et les puissances moyennes. Comme me l’a récemment confié un homme politique africain, les petits pays pauvres s’inquiètent d’être amenés à jouer le rôle du "Sud du Sud" : ils ont besoin d’un soutien extérieur et sont confrontés à la condescendance non seulement des anciens dirigeants coloniaux, mais aussi des Etats non occidentaux mieux lotis.

La course au leadership du Sud global détourne également l’attention des véritables défis auxquels sont confrontés les États de petite et moyenne taille. Alors que les experts occidentaux spéculent sur les nouvelles formes de pouvoir que les pays en développement pourraient exercer en tant que bloc, la situation de nombreux Etats non occidentaux s’est dégradée. Près des deux tiers des pays les moins développés du monde sont aujourd’hui confrontés à un grave problème d’endettement. Certains des plus pauvres, dont plusieurs en Afrique de l’Ouest, connaissent une instabilité politique et une détérioration des conditions de sécurité, qui ne feront qu’aggraver leurs difficultés économiques. Les organismes régionaux créés pour résoudre les problèmes politiques, tels que l’Union africaine (UA) et l’Organisation des États américains (OEA), ont perdu de leur crédibilité en raison des querelles qui opposent leurs membres. Il est plus urgent d’aider les pays vulnérables, en particulier ceux qui sont confrontés à des conflits et à des catastrophes humanitaires, à surmonter les chocs de la violence, de l’inflation, de l’insécurité alimentaire, du changement climatique et des effets persistants de la pandémie qui se renforcent mutuellement, que de déterminer à quelle puissance ils s’alignent dans le jeu diplomatique mondial.

LIRE AUSSI : La défaite de l’Occident ? Quand Emmanuel Todd prend ses rêves pour la réalité

Même les Etats qui visent à diriger l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine sont confrontés à de graves fractures internes, comme le niveau élevé de criminalité au Brésil et en Afrique du Sud ou la récente recrudescence des conflits ethniques dans le nord-est de l’Inde. Le statut de l’Ethiopie s’est peut-être accru depuis qu’elle a été invitée à rejoindre les Brics, mais le pays se remet d’une guerre civile sanglante et doit faire face à de multiples insurrections. Les gouvernements de nombreuses grandes puissances non occidentales, alors même qu’ils sont confrontés à une instabilité persistante ou croissante à l’intérieur, cherchent à jouer un rôle plus important sur la scène internationale. Bien que l’on puisse dire la même chose de plusieurs économies avancées de l’Occident, il reste qu’il ne s’agit pas là d’une recette efficace pour exercer un leadership cohérent et résoudre les problèmes mentionnés ici.

Négociations multilatérales

Le récent regain d’intérêt pour le Sud a au moins le mérite de mettre en lumière les problèmes croissants auxquels sont confrontés les pays non occidentaux, qui nécessiteront un effort mondial pour être résolus. Pour prévenir les instabilités dans le futur, les Etats-Unis et leurs alliés doivent prioriser l’atténuation de la crise de la dette internationale, aider les Etats vulnérables à résoudre leurs conflits internes et leurs problèmes de gouvernance. Ces progrès nécessiteront des négociations multilatérales afin de réformer l’architecture financière mondiale - au cours desquelles les pays en développement continueront probablement à travailler en bloc - ainsi qu’une attention accrue aux circonstances économiques et politiques spécifiques de chaque pays ou région. Les initiatives chinoises telles que le Fonds pour la coopération Sud-Sud et la nouvelle banque de développement des Brics constituant des alternatives aux finances publiques occidentales, il sera particulièrement important que Washington et ses partenaires déploient de véritables efforts pour répondre aux préoccupations de ces pays.

Mais le problème de la terminologie demeure. Bien que de nombreux décideurs politiques occidentaux pensent qu’ils savent mieux que quiconque qu’il ne faut pas traiter le monde non occidental comme un ensemble homogène, ils devraient utiliser l’expression "Sud global" avec beaucoup de prudence. L’avenir politique des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine sera davantage façonné par les dynamiques spécifiques qui traversent ces Etats et les relations qu’ils entretiennent entre eux, que leur identité en tant que groupe. L’Occident doit regarder ces Etats tels qu’ils sont, plutôt que de tomber dans le piège de les voir comme une entité homogène sur le plan géopolitique.

*Comfort Ero est président de l’ONG International Crisis Group. Cet article est paru en version originale sur le site de la revue Foreign Affairs. © 2024 Foreign Affairs. Distributed by Tribune Content Agency.

Publicité