"Un plan de réindustrialisation massif" sur l'usine Guy-Degrenne de Vire-Normandie

Thomas Mulliez est le directeur de Guy-Degrenne. Il a endossé le costume de la grande faucheuse en fermant plusieurs points de vente dans toute la France et à Vire. Entretien.

En présence de Richard Mir, sous-préfet de Vire Normandie, et du maire, Marc Andreu Sabater, Thomas Mulliez a inauguré, mercredi 20 décembre, le nouveau magasin d’usine Guy-Degrenne. (©La Voix Le Bocage)
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  • Un peu plus d’un an que vous êtes le patron d’un groupe aussi important que celui de Guy-Degrenne. Quel bilan faites-vous ?

Ce n’était pas tous les jours facile. Parce que fermer des activités, ce n’est pas très amusant. Il a fallu renouveler aussi une partie de la direction qui était là depuis de nombreuses années et qui, je pense, était usée par la tâche. Il s’agissait de changements indispensables. Il y a un beau projet. Une très belle marque. Avec la stratégie qui est en cours, on va faire de belles choses mais ça prend du temps. Notamment, lorsque vous avez un outil industriel à faire évoluer, ça ne peut pas se faire du jour au lendemain.

  • Ces changements ont d’ailleurs engendré une baisse du chiffre d’affaires.

L’année en cours est une année de transformation. Beaucoup de choses sont à changer. On est sur un chiffre d’affaires qui est en baisse, mais c’était prévu comme ça, parce que l’on a arrêté plusieurs activités. On a fermé certains factory et boutiques. La raison est qu’ils perdaient de l’argent. Soit parce qu’ils n’étaient pas bien situés soit les loyers étaient trop chers. C’est moi qui ai lancé toutes ces rationalisations.

De plus, au 31 décembre de cette année, plus aucun produit Guy-Degrenne ne sera vendu en grande distribution. À partir du moment où on se dit haut de gamme, avoir des produits en supermarché, ce n’est plus possible. Il y avait une discordance entre l’image que l’on voulait donner et le positionnement.

  • La boutique de Vire a déménagé. Est-ce aussi une politique de rendement ?

On a effectivement relocalisé notre magasin de l’avenue Bischwiller sur le site de l’usine. Ce qui nous permet d’économiser le prix du loyer et, surtout, d’avoir un magasin d’usine au sein même de l’usine. Je suis très fier de ce changement.

  • L’usine de Vire va-t-elle recevoir des investissements dans un avenir proche ?

On a fermé l’usine de Thaïlande qui fabriquait des couverts. Tous les produits haut de gamme, on les a rapatriés à Vire. On a un projet ? Projet Vire 2021 ? qu’on présentera à nos actionnaires au premier trimestre 2018, qui est un plan de réindustrialisation massif sur l’usine de Vire. Pour nous permettre de rapatrier justement toutes nos productions de couverts en France. Un projet d’investissement sur trois ans pour réinvestir dans l’usine qui a souffert d’investissements depuis de nombreuses années et qui en a besoin pour être compétitive.

C’est indispensable pour la pérennité du site virois. J’insiste là-dessus. Si on ne fait rien, elle n’aura pas d’avenir. Il faut automatiser, changer les machines, revoir les flux, digitaliser. Les techniques de production d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier.

  • Le Made in France devient-il donc une priorité ?

Fabriquer en France est important pour accélérer le développement à l’export. Dans un marché où il y a beaucoup de concurrents qui sont arrivés, plutôt bas de gamme, ce qui nous permet de nous différencier, c’est le produit avec un design différenciant et le Made in France, qui est un gage de qualité.

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On a fait un gros travail sur la marque Guy-Degrenne. On a changé le logo : Degrenne Paris. Et on a lancé une collaboration avec un grand designer international, Philippe Starck, sur une nouvelle gamme de couverts et d’accessoires.

  • Comment s’inscrit l’avenir de Guy-Degrenne ?

Il faut développer la marque et le produit. Il faut qu’on reprenne la parole sur l’innovation. Parce qu’aujourd’hui on reste une marque très réputée sur les arts de la table, avec une belle notoriété, mais on s’est un peu endormis en termes de développement de nouveaux produits. Quand on est une marque haut de gamme comme la nôtre, il faut qu’on ait des produits différents.

Il faut également développer la partie hôtel-restaurant à l’étranger. Le focus, c’est l’Europe et les États-Unis. On a eu tendance, par le passé, à vouloir aller à l’autre bout du monde mais pas de manière durable. Alors je pense qu’on doit d’abord attaquer ces marchés-là, et faire plus qu’aujourd’hui.

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