En Gironde, un stade sacrifié pour devenir un lotissement : "Ça fait mal au cœur mais pas le choix"

Pour financer la rénovation de l'école, le maire de Salaunes a fait voter le 18 mars en conseil municipal la vente du terrain de foot à un promoteur. Il va devenir un lotissement.

Le stade de Salaunes doit être vendu à un promoteur et va devenir un grand lotissement.
Le stade de Salaunes doit être vendu à un promoteur et va devenir un grand lotissement. (©Actu.fr / Nicolas Gosselin)
Voir mon actu

« Plutôt que vendre les bijoux de famille, on aurait pu faire un emprunt », plaide l’ancien maire et conseiller municipal d’opposition Jérôme Pardes, qui proteste comme bon nombre d’habitants de Salaunes contre la cession du stade de foot du village à un promoteur immobilier.

Lors du conseil municipal du 18 mars 2024, le maire Damien Hoareau et sa majorité ont acté la vente de ce terrain d’un hectare et demi, plus aux normes depuis belle lurette pour accueillir des compétitions sportives, afin de récupérer des fonds « indispensables » au financement de la nouvelle école.

À lire aussi

« L’école est actuellement sous-dimensionnée et la cantine fonctionne sous dérogation exceptionnelle, en attendant le projet de rénovation et d’agrandissement », répond l’édile aux sollicitations d’actu Bordeaux.

Le lancement d’un collectif et d’une pétition est en cours

Sur ce point, l’ancien maire et les opposants à la vente du stade de foot sont bien d’accord : il est urgent de faire des travaux, sachant qu’une partie des enfants suivent leurs cours dans des Algeco®. En revanche, ils s’opposent à l’option retenue pour le financement.

« Le stade est un des derniers espaces verts qui reste sur la commune. Les gosses viennent jouer dessus, il fait office de parc. Nous ne sommes pas contre le projet de rénovation de l’école, on est conscient que des travaux sont nécessaires mais il faut trouver un autre financement », enjoint Philippe Gravey, un riverain du stade, né à Salaunes il y a plus de 60 ans. Ce dernier projette de monter un collectif et de lancer une pétition.

À lire aussi

« Le financement sur la seule base de crédits n’est pas à viable », rétorque le maire Damien Hoareau. « L’ancien maire avait la solution », poursuit Philippe Gravey. Oui mais selon la majorité actuelle, le budget estimé à l’époque avait été sous-estimé car Jérôme Pardes n’avait pas pris en compte tous les frais. Vrai ou faux ? Une chose est sûre, la note a gonflé de plus de deux millions d’euros désormais et s’élève à 5,3 millions d’euros.

Je suis le premier à promener mon chien sur le stade. Bien sûr que ça fait mal au cœur de sacrifier ce terrain à un promoteur mais on n'a pas le choix. L'intérêt de dix riverains passe après l'intérêt de mille Salaunais.

Hervé Durandadjoint à la mairie en charge des finances

À ses côtés, le quatrième adjoint Jean-Pierre Pique, délégué à l’urbanisme, raconte avoir été consulté par sept promoteurs immobiliers et a reçu cinq offres. La mairie promet de consulter la population sur le choix du projet, lors d’une réunion publique, après avoir retenu au préalable deux dossiers parmi l’ensemble de ceux reçus.

Vidéos : en ce moment sur Actu

Un projet avec une cinquantaine de logements envisagé

La majorité privilégie les options avec une forte densité de logements. « Les lotissements traditionnels avec des terrains de 1 000 m2 et des maisons de 200 m2, c’est fini, avance Jean-Pierre Pique. Il y aura des petites maisons mais aussi des studios ou des T2. On se dirige vers une cinquantaine de logements au total. »

Dans l’idée, la mairie aimerait un projet avec des résidences à un étage composées de six à huit petits logements ainsi que des pavillons et 20 à 30 % d’espaces verts au sein du lotissement. Ce qui ferait un afflux d’une grosse centaine de nouveaux habitants.

Jérôme Pardes (à gauche) s'oppose à l'urbanisation de Salaunes.
Jérôme Pardes (à gauche) s’oppose à l’urbanisation de Salaunes. (©Actu.fr / Nicolas Gosselin)

Outre la disparition du stade, cette nouvelle n’enchante pas une partie de la population qui est attachée à l’identité rurale du village, sur laquelle a surfé Jérôme Pardes pour se faire élire maire en 2020. Il avait d’ailleurs pour slogan « Stop à l’urbanisation de Salaunes », rappelant que la population de la commune a quasiment doublé en 15 ans (de 750 habitants en 2009 à plus de 1 400 en 2024).

La problématique des eaux usées et des eaux pluviales

« Les gens qui habitent à Salaunes tiennent à cette ruralité, confirme Hélène Rivière, 78 ans. On ne veut pas devenir une cité dortoir ! Si on vend le stade pour mettre une cinquantaine de logements, il y aura des conséquences écologiques et sur la tranquillité publique. Peut-être même financières. Il va falloir adapter les infrastructures en conséquence. Il n’est pas impossible que les impôts augmentent. »

Le réseau d’assainissement est en première-ligne. Comme sur le bassin d’Arcachon, il est complètement saturé dès qu’il y a de fortes précipitations hivernales. Michel Teynié, un riverain du stade, raconte avoir des voisins dont les égouts remontent dans leurs toilettes ou leurs salles de bain. « Et on est de plus en plus souvent inondé, ajoute-t-il. En 2023, j’ai été inondé trois fois. Si on bétonne, où va s’évacuer l’eau ? »

À lire aussi

Il suffit de mettre les pieds sur le stade en hiver, ou même actuellement, pour se rendre compte qu’il ressemble à une éponge gorgée d’eau. Jean-Pierre Pique, le quatrième adjoint de la mairie, affirme que tous les acteurs compétents sur la question se sont réunis pour améliorer l’évacuation de l’eau et annonce des pistes de travail.

La mairie veut construire un nouveau complexe sportif

Pour le réseau d’assainissement, il reconnaît que le poste de relevage des eaux usées est sous-dimensionné ». « Avec le lotissement, il va être adapté et redimensionné. Au contraire, la situation va s’améliorer », promet l’élu.

Pas sûr que cela suffise à rassurer les opposants à la vente du stade. Surtout que le maire a annoncé aussi la cession d’un terrain communal de cinq hectares dans la zone artisanale de la Confrérie pour permettre l’installation de nouvelles entreprises et financer avec les fonds un nouveau complexe sportif. « Ça commence à faire beaucoup », peste Philippe Gravey, bien décidé à monter un collectif pour stopper cette urbanisation.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.

Dernières actualités

Actu Bordeaux

Voir plus