EscaladeAprès l’attaque de l’Iran sur Israël, le conflit peut-il dégénérer ?

Attaque de l’Iran contre Israël : Le conflit peut-il gagner tout le Moyen-Orient ?

EscaladePlusieurs pays, y compris ceux qui dénonçaient l’opération israélienne à Gaza, ont exprimé leur soutien à Tel-Aviv
L'aviation militaire israélienne est en état d'alerte.
L'aviation militaire israélienne est en état d'alerte. - Israeli Army / AFP / AFP
Xavier Regnier

Xavier Regnier

L'essentiel

  • L’Iran a attaqué Israël dans la nuit de samedi à dimanche en représailles à une frappe israélienne sur son consulat au Liban. Une majorité des drones et missiles ont été interceptés, mais une base militaire israélienne a tout de même été touchée, et une fillette a été gravement blessée.
  • Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont contribué à intercepter les missiles et drones iraniens, apportant un soutien à Israël face à ces attaques. Même certains États arabes ont soutenu la riposte israélienne.
  • L’ampleur du conflit à venir dépend désormais de la réaction israélienne, selon les analystes. Tel-Aviv a déjà commencé à répliquer en frappant un bâtiment du Hezbollah, parti pro-iranien, au Liban.

Le scénario était redouté quasiment depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre. En réaction à une frappe israélienne sur une annexe de son consulat en Syrie, le 1er avril, l’Iran a attaqué Israël dans la nuit de samedi à dimanche. Une attaque qui n’a pas fait de dégâts ou presque, une attaque sans suite, mais tout de même une attaque. « Une étape sans précédent dans une guerre régionale de plus en plus profonde et de plus en plus directe », estime Julien Barnes-Dacey, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du Conseil européen des relations étrangères.

L’Iran a « lancé un essaim de 200 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière », dont « la grande majorité » a été interceptée, a indiqué l’armée israélienne dans la nuit. La plupart de ces drones ont d’ailleurs été interceptés avant d’atteindre le territoire israélien, au-dessus de la Syrie ou de la Jordanie. Le ministre iranien des Affaires étrangères a indiqué avoir averti la Maison Blanche d’une opération « minime, limitée » environ « 72 heures avant l’opération », dimanche après-midi.

Inévitable riposte

Entre cette large anticipation et la relative « faiblesse » de l’attaque, l’incident aurait pu en rester là, condamnations occidentales à la clé. Mais si la plupart des drones iraniens ont été interceptés cette nuit, une base militaire a été touchée, et une fillette de 7 ans d’origine bédouine a été placée en soins intensifs, selon le porte-parole de l’armée israélienne. Impossible dès lors pour Tel-Aviv de rester sans répondre. Téhéran a indiqué que « l’affaire peut être considérée comme close » et s’estime « vengée », appelant Israël à ne pas remettre une pièce dans la machine.

« C’est facile », s’est offusquée Alona Fisher-Kamm, l’ambassadrice d’Israël en France, faisait un parallèle avec l’attaque du 7 octobre sur BFMTV. Sur le même plateau, le professeur à Sciences po Frédéric Encel, spécialiste du Moyen-Orient, évoquait deux réactions possibles : une « attaque sur le sol iranien » ou bien « contre ses alliés du Hezbollah ».

Option retenue par Israël, qui a bombardé un bâtiment du parti pro-iranien dans l’est du Liban ce dimanche après-midi. Un conflit direct avec l’Iran ne pourrait, de plus, se faire que par bombardement et aviation interposée, étant donné qu’il faut enjamber a minima la Syrie ou la Jordanie et l’Irak.

Difficile donc d’imaginer une réponse d’ampleur dans l’immédiat. Mais « la nature des attaques peut renforcer le sentiment israélien que Téhéran est en retrait, qu’il n’a ni la volonté ni la capacité de s’engager plus avant », et qu’il est temps de porter un grand coup à l’Iran, analyse pour 20 Minutes Julien Barnes-Dacey.

Israël a gagné des alliés

Et l’Etat hébreu n’est pas le seul impliqué. Les Etats-Unis ont indiqué avoir contribué à abattre « presque tous » les drones iraniens, et le Premier ministre britannique Rishi Sunak a affirmé que l’aviation britannique avait elle-même abattu « plusieurs » drones. Quant à la France, une source militaire assure que l’armée n’a agi que pour « l’autodéfense » de ses bases au Proche-Orient.

« Les attaques de l’Iran ont également rallié un nouveau soutien international à Israël, y compris de la part d’États arabes clés qui ont critiqué l’offensive de Gaza, mais qui ont néanmoins soutenu la réponse militaire israélienne aux attaques de drones », ajoute le spécialiste du Moyen-Orient.

« La volonté manifeste de Téhéran d’éviter de se laisser entraîner dans un conflit direct ne contribue guère à renforcer sa posture de dissuasion », résume-t-il. L’ampleur du conflit à venir repose donc dans les mains d’Israël, sur qui les Occidentaux doivent « faire pression pour qu’il ne riposte pas davantage ».

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