Accueil

Politique
La (trop) grande bouffe : Stéphane Layani, ce puissant "ami de Macron" qui règne sur Rungis
Stéphane Layani et Emmanuel Macron, le 1er mai 2021, à Paris.
LUDOVIC MARIN/AFP

Article abonné

La (trop) grande bouffe : Stéphane Layani, ce puissant "ami de Macron" qui règne sur Rungis

Jamais rassasié

Par et

Publié le

Je m'abonne pour 1€

Stéphane Layani dirige la Semmaris, qui gère le plus grand marché de produits frais au monde. Ce fonctionnaire a peu à peu étendu son emprise sur cette machine à cash et a réduit à peau de chagrin l’implication de l’État, qui en détient pourtant 33 %. Cet « ami du président », comme il s’en vante, se croit-il protégé ?

Des rencontres avec deux conseillers à l’Élysée et trois à Matignon ; le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ; l’ancien à l’Agriculture Julien Denormandie et son homologue chargé des PME, Alain Griset ; l’ex-patron de l’Agence des participations de l’État (APE) Martin Vial ; le préfet d’Île-de-France Marc Guillaume ; l’adjointe à la maire de Paris Audrey Pulvar. Ainsi que les maires d’une dizaine de communes situées aux abords de l’aéroport de Roissy… Stéphane Layani n’a pas ménagé sa peine pour vendre Agoralim, ce « Rungis bis » qu’il rêve de voir sortir de terre au nord de Paris.

C’est que le Rungis historique, le plus grand marché de produits frais au monde, avec ses 3 millions de tonnes de produits transitant chaque année et ses 10 milliards de chiffre d’affaires y afférents, ne le rassasie pas. Il veut plus et voit grand, très grand. Il s’agit pour Layani d’élargir le périmètre de la Semmaris, la société d’économie mixte gestionnaire du marché de Rungis dont il est le PDG, et d’en prolonger la concession, comme le révèle le rapport confidentiel interne couvert par le secret des affaires – que s’est néanmoins procuré Marianne.

A LIRE AUSSI : Colère des agriculteurs : bisbille entre la FNSEA et la Coordination rurale sur le blocage du marché de Rungis

Pour ce faire, il a confié en 2021 à Jacques Attali le soin de présider un comité d’experts dans le cadre d’un vaste appel à idées et a remis son rapport au Premier ministre Jean Castex. Oubliant manifestement d’en faire mention auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). L’année de réalisation du rapport, la Semmaris n’a en effet déclaré auprès de la HATVP que 10 000 € de dépenses de lobbying. Impossible de faire entrer dans cette enveloppe toutes les actions de promotion réalisées par la Semmaris et l’épais rapport cartonné de 139 pages, quand bien même Attali aurait travaillé pro bono. Résultat : « La HATVP procède actuellement à des vérifications », confirme-t-on à Marianne. L’enjeu : ce rapport fait-il suite à une « demande du Premier ministre », comme le prétend la Semmaris ? Ou constitue-t-il, comme l’affirme Matignon, « une initiative » de Layani pour « approfondir la réflexion » ; en clair, ce rapport vise-t-il à faire du lobbying ?

Une direction à sa main

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne