Le président du Conseil européen, Charles Michel, a souligné lors de sa visite à Rome jeudi (11 avril) que la gestion des migrations, le retour de migrants et les accords avec les pays tiers resteront une priorité pour l’UE pour la prochaine législature (2024-2029).
Lors d’une visite à Rome, Charles Michel a rencontré la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, pour discuter des priorités de cette dernière pour l’UE. Le président du Conseil européen a notamment commenté le Pacte sur l’asile et la migration adopté mercredi (10 avril) par le Parlement européen.
Avant de pouvoir entrer en vigueur, le Pacte doit encore être validé par le Conseil de l’UE, composé des ministres des États membres. Il sera soumis au vote des représentants des pays de l’UE dans les prochaines semaines, mais l’on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’il soit adopté en dépit des critiques de certains pays comme la Hongrie.
« Il est essentiel de travailler ensemble à échelle européenne pour traiter la question de l’immigration. Nous avons besoin de meilleurs outils, par exemple pour faciliter les politiques de retour [de migrants]. Le Pacte sur le migration permettra d’atteindre cet objectif », a affirmé l’homme politique belge.
« Avec l’Italie, nous collaborons avec des pays tiers d’origine et de transit [des migrants]. Nous ne sommes pas seuls ; nous devons impliquer le reste du monde », a-t-il ajouté, faisant écho aux propos tenus la veille par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
« Nous devons collaborer avec la Tunisie, l’Égypte, le Liban et d’autres pays de la Méditerranée », a-t-il indiqué, évoquant l’accord conclu le mois dernier avec Le Caire.
Depuis près de dix ans, le gouvernement italien cherche activement à réduire le nombre d’arrivées irrégulières à ses frontières méditerranéennes, faisant appel à la solidarité de ses voisins face à l’afflux de demandeurs d’asile.
M. Michel élabore actuellement un nouvel agenda stratégique pour la législature 2024-2029, avec des domaines prioritaires pour les 27 États membres de l’UE, et effectue une tournée des capitales. Après Rome, il se rendra à Varsovie et à Vienne.
Conflits au sein du gouvernement Meloni
Le vote de mercredi au Parlement européen a révélé des divergences significatives au sein de la majorité au pouvoir en Italie sur la question de l’immigration.
Le parti de Mme Meloni, Frères d’Italie (Fratelli d’Italia, FdI), qui siège avec les Conservateurs et Réformistes (CRE) au sein de l’hémicycle de l’UE, a voté en faveur des textes du pacte migratoire à raison de sept voix sur dix.
Une position soutenue par le vice-Premier ministre Antonio Tajani, dont le parti, Forza Italia, appartient au Parti populaire européen (PPE) de centre droit. L’ancien président du Parlement européen a décrit le pacte comme « le meilleur compromis possible ».
Toutefois, l’autre vice-Premier ministre, Matteo Salvini, dont le parti, la Ligue (Lega), se situe à l’extrême droite du Parlement européen (Identité et Démocratie, ID), a fustigé l’accord.
« Une proposition décevante qui ne résout en rien le problème des flux illégaux et clandestins, laissant l’Italie seule une fois de plus », peut-on lire dans un post Instagram du parti.
Interrogé sur la possibilité que l’ancien Premier ministre italien Mario Draghi obtienne un poste important — un des fameux « top jobs » — au sein des institutions européennes, Charles Michel, qui présidera les négociations entre les Vingt-Sept pour nommer les titulaires de ces postes après les élections européennes de juin, a esquivé la question.
Prolonger les délais du Fonds de relance
Charles Michel a également commenté la possibilité d’une extension de la date limite pour les versements de fonds dans le cadre de la Facilité européenne pour la reprise et la résilience au-delà de la date butoir de 2026, suite à la récente demande en ce sens du ministre de l’Économie et des Finances italien, Giancarlo Giorgetti.
« Il y a des options pour prolonger les délais par le biais de certaines procédures, mais je ne veux pas poser de jugements prématurés », a annoncé M. Michel.
Car il s’agit d’ « un débat qui doit avoir lieu au sein de la Commission européenne et du Conseil », a-t-il précisé.
Malgré les nombreuses difficultés auxquelles les États membres sont confrontés pour mettre en œuvre les projets à temps dans le cadre du Fonds de relance de l’UE, la Commission européenne insiste sur la date limite de 2026, soulignant la nature « temporaire » du fonds.
[Édité par Anna Martino]