Les films à voir en ce moment

Humain, Caitlin Cronenberg

Soyons honnêtes, si on s’intéresse tant à la sortie du suspense Humain, c’est d’abord en raison du nom de la réalisatrice, la photographe Caitlin Cronenberg, fille du maître du suspense David Cronenberg qui nous présente ici son premier long métrage. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la pomme n’est pas tombée très loin de l’arbre.

Caitlin Cronenberg réussit à tenir le spectateur en haleine du début à la fin, maîtrisant très bien les codes du genre. L’histoire se situe dans un futur dystopique où une catastrophe mondiale et la diminution des ressources a amené tous les pays à fermer leurs frontières alors qu’ils disposent d’un an pour atteindre leurs objectifs de «réduction de la population».

Un plan «d’engagement» a ainsi été mis en place où les gens peuvent se porter volontaires afin d’être euthanasiés pour sauver le reste de la planète... IB

La promesse d’Irena, Louise Archambault

Irena Gut est une jeune Polonaise catholique qui a sauvé plusieurs Juifs des camps d’extermination durant la Deuxième Guerre mondiale,

C’est à la Québécoise Louise Archambault que revient l’honneur de la raconter au grand écran avec une autre Québécoise, Sophie Nélisse, dans le rôle principal.

Il raconte l’histoire d’Irena (Nélisse), qui supervise des Juifs qui ont été embaucher de force pour travailler comme tailleurs. Elle va bientôt en cacher certains qu’elle a pris sous son aile, au nez et à la barbe des nazis.

Dans son ensemble, le film présente une histoire bien racontée d’une femme dont les actes altruistes ont permis de sauver des vies durant l’une des périodes les plus sombres de l’humanité. IB

La promesse d’Irena est présenté au cinéma.

Guerre civile, Alex Garland

Guerre civile, le nouveau film d’Alex Garland (Ex Machina, Annihilation) n’a rien du film de guerre de traditionnel ni du film dystopique traditionnel. Dans des États-Unis, ou même sur une planète, où les gens sont de plus en plus divisés, il sert cependant un sérieux avertissement et constitue aussi en ce sens une grande fable antiguerre.

Le film se déroule dans des États-Unis divisés par une guerre civile dont on ignore à peu près tout des raisons et des motifs. On sait seulement que le pays est séparé en quelques camps et qu’un président aux tendances autocrates (Nick Offerman), qui en est à son troisième mandat, a aboli le FBI et que le Texas et la Californie ont fait sécession et se sont unis sous le nom de Forces de l’Ouest.

Celles-ci s’apprêtent à marcher sur Washington et à renverser le pouvoir en place. Lee (Kirsten Dunst) et Joel (Wagner Moura) se préparent à se rendre dans la capitale pour documenter les événements. Ils devront traîner avec eux, un peu à contrecœur au départ, la jeune Jessie (Cailee Spaeny), une photographe recrue. IB

Guerre civile est présenté au cinéma.

Hôtel Silence, Léa Pool

Lorsque Léa Pool a débuté l’écriture du scénario d’Hôtel Silence, il y a environ cinq ans, elle ne se doutait pas que son film prendrait l’affiche au moment même où plusieurs guerres font rage un peu partout dans le monde.

Adaptée du roman Ör de l’écrivaine islandaise Audur Ava Ólafsdóttir, l’œuvre de Léa Pool nous plonge dans l’après-guerre et prouve que la vie triomphe souvent, que l’espoir d’un avenir meilleur peut se pointer à l’horizon.

Porté en grande partie par Jean (Sébastien Ricard), Hôtel Silence illustre toutefois, dès le départ, le mal de vivre de ce personnage principal. Un homme triste, récemment divorcé, qui a le don de pouvoir tout réparer… Sauf lui-même. Sa soudaine envie de «partir à la rencontre de lui-même» le mènera dans un pays détruit par la guerre. Il atterrira cependant dans un village où les gens sont bien décidés à reprendre le cours de leur vie. LH

Hôtel Silence est présenté au cinéma.

Le successeur, Xavier Legrand

Xavier Legrand a marqué les imaginaires avec le puissant Jusqu’à la garde (2017). Le réalisateur français est de retour avec un film qui se déroule... au Québec !

Ellias Barnès (Marc-André Grondin) vient d’être promu à titre de directeur d’une grande maison de haute couture française. En pleine réunion de production, il apprend le décès de son père. Enfant unique, il devra rapidement s’envoler pour le Québec, où il n’a pas mis les pieds depuis vingt ans. Le tout, afin de gérer les funérailles et la succession de son géniteur, un héritage empoisonné.

Le cinéaste déroule son histoire avec une grande finesse. Et ce, jusqu’à la toute dernière minute. Là où bien des œuvres n’auraient fait que devenir ennuyantes, Le successeur nous garde bien accrochés devant l’écran. Alors que les pièces du casse-tête s’emboîtent tranquillement, le mystère, lui, ne fait que s’étirer davantage. LH

La zone d’intérêt, Jonathan Glazer

Grand prix du Festival de Cannes et nommé cinq fois aux Oscars, La zone d’intérêt était fort attendu dans les cinémas du Québec. Le film campe sa trame principale chez le commandant Rudolf Höss (Christian Friedel). Un père de famille dont le métier est de gérer le plus gros centre d’extermination nazi, celui d’Auschwitz.

Pendant que son mari est au boulot, Hedwig (Sandra Hüller) construit quant à elle un petit coin de paradis pour ses enfants. Alors que certains plantent quelques arbres dans leur cours pour avoir un brin d’intimité, elle sèmera des vignes afin de camoufler le mur qui sépare son jardin d’une violence inouïe.

Accompagné par une musique anxiogène et des plans riches de sens, La zone d’intérêt nous propulse à la frontière de l’horreur. Une zone où la vie continue sa course oppressante et cruelle. D’un côté comme de l’autre.

Présenté sur Apple TV +. LH

Napoléon, Ridley Scott

Il y a bien longtemps que le cinéaste Ridley Scott ne nous avait pas livré un grand film, comme il l’a si souvent fait durant sa longue carrière. Sans être parfait, Napoléon redonne ses lettres de noblesse au réalisateur.

Le défi était colossal. Le réalisateur de Gladiateur a centré l’histoire autour de l’ascension fulgurante du général Napoléon Bonaparte à la tête de la France à travers le prisme de sa relation tumultueuse avec son grand amour, Joséphine, ses tactiques militaires et politiques, ainsi que les grandes batailles qui ont fait sa renommée. Pour porter une telle histoire, il fallait un acteur d’exception. Et Joaquin Phoenix (oscarisé pour Joker) remplissait toutes les cases.

Sans être digne des plus grands chefs-d’œuvre du cinéaste âgé de 85 ans (Blade Runner, Alien, Gladiateur), Napoléon demeure son film le mieux réussi en près d’une décennie.

Présenté sur Apple TV+. TT

Ru, Charles-Olivier Michaud

Adapter un livre pour le grand écran comporte son lot de défis. Mais, avec Ru, Charles-Olivier Michaud réussit merveilleusement l’exercice. Pourquoi? Principalement parce que le long métrage conserve l’aspect littéraire de l’œuvre de Kim Thúy.

À travers une succession de petits tableaux, le film porte ainsi un certain lyrisme et met de l’avant la propre histoire de l’écrivaine. Si Kim Thúy quitte à dix ans le Vietnam avec sa famille comme boat people, ils ont toutefois dû s’arrêter dans un camp de réfugiés en Malaisie avant de prendre finalement un avion vers le Québec.

À l’aube du temps des fêtes, Ru, qui signifie « bercer » en vietnamien, débarque dans le paysage culturel comme une longue étreinte qui nous réconforte. LH

Présenté en vidéo sur demande.

Priscilla, Sofia Coppola

Réduite à un rôle de soutien dans le drame biographique de Baz Luhrmann sorti en 2022, Priscilla Presley vole cette fois la vedette à son célèbre mari dans Priscilla, une œuvre intimiste signée Sofia Coppola. Inspiré de la biographie Elvis and Me, écrite par Priscilla Presley, le film se veut un récit sur les coulisses de la relation amoureuse inattendue entre une étudiante de 14 ans et la vedette du rock’n’roll, Elvis Presley.

Sofia Coppola est loin de nous montrer seulement les côtés toxiques de la relation entre les deux protagonistes. Le film nous montre la tendresse à leurs débuts, ainsi que les moments d’euphorie lors de l’arrivée de Priscilla dans le quotidien d’Elvis. Gagnante du prix de la meilleure actrice au dernier festival de la Mostra de Venise, Cailee Spaeny brille à l’écran. Son interprétation sobre, mais très convaincante de Priscilla Presley est impressionnante. TT

Offert en vidéo sur demande.

Anatomie d’une chute, Justine Triet

Vainqueur de la prestigieuse Palme d’or au dernier Festival de Cannes, le film raconte l’histoire de Sandra Voyter, Samuel Maleski et de leur fils malvoyant Daniel, âgé de 11 ans, qui vivent à la montagne. Un jour à la suite d’une promenade, Daniel retrouve le corps de son père tout près du chalet. Accident? Suicide? Meurtre? C’est le mystère total! L’enquête est ouverte et Sandra est inculpée de meurtre.

Habilement, le film nous plonge dans le doute. Non seulement par le mystère entourant la mort de Samuel, mais surtout par la manière dont Justine Triet raconte son histoire. Car comme un vrai procès, notre perception du crime change à mesure que nous apprenons de nouvelles informations... TT

Offert en vidéo sur demande.