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Guerre à Gaza : la polémique enfle autour des livraisons d'armes à Israël

Les Etats-Unis restent le soutien militaire majeur d'Israël. L'administration Biden maintient son aide malgré les critiques mais le président américain a demandé jeudi des « mesures concrètes » sur la protection des civils à Gaza. Une mise en garde qui a fait réagir Benyamin Netanyahou.

Un F-35 dirigé par un pilote israélien près de la base de Hatzerim, dans le désert du Neguev, en juin 2023.
Un F-35 dirigé par un pilote israélien près de la base de Hatzerim, dans le désert du Neguev, en juin 2023. (JACK GUEZ/AFP)

Par Véronique Le Billon, Virginie Robert

Publié le 4 avr. 2024 à 17:44Mis à jour le 5 avr. 2024 à 10:22

Comment appeler au cessez-le-feu et continuer dans le même temps à armer Israël pour pilonner Gaza ? L'équation devient de plus en plus impossible pour Joe Biden, qui plus est après la mort de sept travailleurs internationaux de l'organisation humanitaire américaine World Central Kitchen, sous une frappe israélienne « par erreur » le 1er avril.

Les Etats-Unis ont approuvé le transfert de plus d'une centaine de livraisons d'armes à Israël depuis l'offensive du Hamas le 7 octobre, selon le « Washington Post », qui cite des sources anonymes au Pentagone et au département d'Etat. Des armes qui vont d'engins pour détruire des bunkers à des bombes d'une tonne en passant par des munitions à guidage de précision. Seuls deux programmes ont été rendus publics, parce qu'ils ne faisaient pas partie de ceux déjà autorisés par le Congrès dans le cadre du support régulier apporté à Israël.

De passage à Paris cette semaine, le Secrétaire d'Etat Antony Blinken a rappelé « qu'il y a des requêtes faites par Israël pour des systèmes complexes qui prennent des années à être réalisés et qui ont été approuvés par le Congrès… Nous ne voulons pas qu'un 7 octobre se reproduise. Israël est aussi menacé par le Hezbollah et l'Iran dans la région… donc les armes qu'elle a cherché à avoir vont à sa défense et au remplacement de vieux matériels ».

« Cessez-le-feu immédiat »

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La Maison-Blanche n'a pour l'instant pas laissé entendre qu'elle pourrait couper ces vivres militaires. Mais Joe Biden a tout de même assuré avoir durci le ton à l'égard d'Israël, à l'occasion d'un échange téléphonique avec Benyamin Netanyahou ce jeudi.

Le président américain a demandé à Israël d'annoncer et de « mettre en oeuvre une série de mesures spécifiques, concrètes et mesurables pour remédier aux dommages causés aux civils, aux souffrances humanitaires et à la sécurité des travailleurs humanitaires », indique le compte rendu de l'appel par la Maison Blanche. Joe Biden « a précisé que la politique des Etats-Unis à l'égard de Gaza sera déterminée par notre évaluation de l'action immédiate d'Israël sur ces mesures », précise le communiqué.

Cette mise en garde, inédite de la part des Etats-Unis, a eu des conséquences immédiates. Ce vendredi, Israël a annoncé l'acheminement « temporaire » d'aide humanitaire dans la bande de Gaza via le port d'Ashdod et le point de passage d'Erez. Le cabinet de guerre a autorisé le gouvernement à « prendre des mesures immédiates pour augmenter l'aide humanitaire » afin d'« éviter une crise humanitaire » et « assurer la poursuite des combats », écrit le bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou dans un communiqué.

La Maison Blanche a exhorté Israël à mettre « rapidement » en oeuvre ces livraisons d'aide humanitaire. Par ailleurs, « un cessez-le-feu immédiat est essentiel pour stabiliser et améliorer la situation humanitaire et protéger les civils innocents », rappelle Washington.

Washington premier fournisseur d'aide militaire

Les sénateurs ont voté mi-février un plan de 95 milliards d'aide internationale, centré sur l'Ukraine mais dont 14 sont prévus pour financer Israël dans sa guerre contre le Hamas. Seule l'aile gauche du parti démocrate - notamment le sénateur du Vermont Bernie Sanders - y est hostile.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Israël a été le plus gros bénéficiaire étranger de l'aide militaire américaine, avec plus de 150 milliards de dollars de financements. Le dernier plan décennal d'aide militaire, signé en 2016, court jusqu'en 2028, avec un engagement américain à hauteur de 38 milliards de dollars.

Israël est notamment le plus important utilisateur du F-35 Joint Strike Fighter, l'avion furtif de cinquième génération du Pentagone - avec 50 exemplaires financés par les Etats-Unis, dont 30 livrés, selon un rapport du Congrès. L'administration Biden cherche actuellement à obtenir l'accord du Congrès pour vendre à Israël des F-15 pour un montant de 18 milliards de dollars.

Désaccord à Londres

La vente d'armes à Israël devient de plus en plus polémique. Notamment au Royaume-Uni, car trois des sept humanitaires de World Central Kitchen tués cette semaine étaient britanniques. A Londres, plusieurs élus conservateurs comme le député David Jones, mais aussi plus de 600 juristes qui ont publié une lettre de 17 pages également signée par trois anciens juges de Cour suprême, ont demandé la suspension de livraison de matériel militaire britannique vers Israël, faisant pression sur le Premier ministre Rishi Sunak.

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« Cela ne changera pas le cours de la guerre. Mais cela serait un message politique puissant. Et cela peut stimuler le débat aux Etats-Unis, ce qui serait un vrai changement », a souligné Peter Ricketts, ancien ambassadeur et conseiller de David Cameron sur BBC Radio 4.

Mi-mars, le Canada a été le premier pays à suspendre les envois d'armes après un vote au Parlement, face au nombre croissant de victimes civiles à Gaza. Les opinions publiques commencent à peser sur les dirigeants politiques, mais il faut se souvenir que les deux principaux exportateurs d'armes sont les Etats-Unis et l'Allemagne, le reste étant anecdotique.

L'ONU examine un projet de résolution

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU examine ce vendredi à Genève un projet de résolution appelant à stopper les ventes d'armes à Israël. Si le texte était adopté, il s'agirait de la première prise de position du Conseil des droits de l'homme sur ce conflit.

Véronique Le Billon et Virginie Robert (Bureau de New York)

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