Conservateur, colorant ou épaississant : les additifs alimentaires ont envahi nos assiettes, venant les rendre plus appétissants tout en permettant aux consommateur.ices de conserver leurs aliments plus longtemps. Naturels ou de synthèse, les additifs sont surtout présents dans les produits ultra-transformés

Mais ces derniers ne veulent pas toujours du bien à notre santé. D'ailleurs, un additif bien particulier pourrait augmenter le risque de développer une intolérance au gluten, aussi appelée maladie cœliaque : l'E551.

C'est ce que pensent des chercheur.euses de l'INRAE, qui ont étudié comment réagissaient des rongeurs à l'additif.

Leurs résultats sont parus le 21 février 2024 dans la revue Environmental Health Perspectives.

L'additif alimentaire "le plus utilisé au monde"

E 300, E 104, E 129 : nombreux sont les additifs que l'on peut retrouver au quotidien dans nos assiettes. Mais l'un d'entre eux serait nocif pour nos intestins : l'E551. 

“Le E551, plus communément connu sous le nom de dioxyde de silicium, est une poudre constituée de nanoparticules (particules inférieures à 100 nm) utilisée comme additif antiagglomérant dans des aliments secs ou en poudre tels que les soupes, les épices, les préparations infantiles à base de céréales, les cafés solubles et produits chocolatés ou encore les pâtes alimentaires lyophilisées”, commence le communiqué de presse de l'INRAE

Une substance, qui empêcherait la formation de grumeaux et viendrait "préserver le goût, la texture et la stabilité des aliments” mais qui ne serait pas sans conséquences sur notre risque de développer la maladie cœliaque. 

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"C’est l’additif le plus fabriqué et le plus consommé au monde. On le retrouve dans la composition d’au moins 2 800 aliments transformés dans le monde. Mais il est aussi utilisé comme auxiliaire technologique lors de la transformation alimentaire et, dans ce cas, n’apparaît pas dans la liste des ingrédients indiquée sur les emballages", explique Eric Houdeau, le directeur de recherche à Toxalim (qui anime le groupe de chercheurs), auprès de La Dépêche.

D'après les scientifiques français.es, chez la souris "une exposition quotidienne au E551 pendant 3 mois réduit la mise en place de la tolérance aux protéines alimentaires et favorise l’induction d’une inflammation intestinale, preuve d’une intolérance”, peut-on lire. 

Une minorité de la population concernée

Alors que les symptômes d'une intolérance vont des troubles digestifs - diarrhées, douleurs, ballonnements - aux aphtes, crampes et anémies, d'après le site de l'Assurance Maladie, le risque d'en développer une à cause de l'additif concernerait toutefois peu d'individus

"Environ 40% de la population générale possède un gène dit ‘de susceptibilité’ pouvant mener l'apparition de la maladie. Et, en fin de piste, environ 1% seulement de ces personnes finissent par effectivement développer cette maladie”, explique Bruno Lamas, auteur de l'étude, à BFMTV. C'est pour elles que la consommation d'E551 risquerait "d'exacerber les symptômes". 

Toutefois, comment expliquer ce lien ? “L’exposition à cet additif réduit le nombre de cellules immunitaires intestinales produisant des molécules anti-inflammatoires nécessaires au maintien de la tolérance aux aliments”, peut-on lire dans le communiqué de presse.

Finalement, “l'exposition chronique au E551 alimentaire pourrait agir comme un composant favorisant le développement d’une intolérance au gluten cœliaque dépendante chez les personnes génétiquement sensibles”, concluent les chercheur.euses. 

Des résultats à confirmer à l’aide de nouvelles études, cette fois-ci basées non pas sur la souris mais sur l’être humain.