Avec « Dis-moi », Didier Guyon (directeur de la compagnie Fiat Lux) s’est lancé dans une nouvelle aventure : enregistrer des personnes âgées et en faire un spectacle.
Il a été pendant plusieurs jours dans des maisons de retraite des alentours de Saint-Brieuc. Les « Anciens » lui ont conté leur vie. Il en ressort un patchwork de souvenirs dits par les résidents eux-mêmes sur une bande-son, tandis que les comédiens évoluent. Comédiens ou mimes ? Pas un mot n’est dit par les artistes lors des scènes qui accompagnent ces tranches de vie.
Les comédiens portent des masques – une belle création de Barbara Gay – chaque fois différents. Ils apparaissent et disparaissent au gré des histoires dans un ballet incessant. Les visages sont figés dans une expression presque toujours triste. Triste comme les scènes de vie qui se succèdent, à part quelques petits rayons de soleil…
Résidence et création
La compagnie briochine a ainsi présenté deux fois dans la même journée (il y avait une séance publique le soir même) sa dernière création, peaufinée pendant quelques jours de résidence au palais des congrès.
Tout commence ainsi : « J’ai oublié ma vie, j’oublie tout, ça porte un nom certainement… » Puis deux « gamins » font leur apparition sur scène. Ils écoutent les histoires un peu embrouillées de leur grand-père peut-être, tour à tour attentifs ou ensommeillés par la litanie. Plus loin, une voix déclare : « dans les grandes familles, qu’est ce qu’on se sent orphelins », ou encore, « j’vous parle de choses pas trop gaies, mais ça fait partie de la vie ».
Puis tout est terminé… et les trois comédiens, deux hommes et une femme, se présentent sur scène, à la grande surprise des élèves : « vous n’êtes que trois ! »
« Vous êtes les premiers spectateurs, qu’en pensez-vous ? », enchaîne Didier Guyon. Les jeunes, dont beaucoup travailleront un jour dans le domaine du service à la personne, s’intéressent surtout à la façon dont les histoires ont été collectées. « Soit une quarantaine d’heures d’enregistrement, avec des pépites, des choses très intéressantes, mais parfois trop « impliquantes » que l’on n’a pas pu garder », répond le comédien-directeur.
« Si vous avez encore des grands-parents, profitez-en avant qu’il ne soit trop tard »
Cette conclusion de Didier Guyon met en valeur à elle seule l’importance de ce spectacle, un peu triste, mais bouleversant et réalisé avec une grande sensibilité.
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