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L'Assemblée condamne la "répression sanglante et meurtrière des Algériens" du 17 octobre 1961
Le texte porté ce jeudi 28 mars « souhaite » en outre « l’inscription d’une journée de commémoration (de ce) massacre » à « l'agenda des journées nationales et cérémonies officielles ».
Xose Bouzas / Hans Lucas

L'Assemblée condamne la "répression sanglante et meurtrière des Algériens" du 17 octobre 1961

Historique

Par Marianne avec AFP

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L'Assemblée nationale a approuvé ce jeudi 28 mars une proposition de résolution qui « condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 », au cours de laquelle entre une trentaine et plus de 200 manifestants pacifiques sont morts, selon les historiens.

Soixante-sept députés ont voté pour et 11 contre – issus des rangs du Rassemblement national (RN). Ce jeudi 28 mars, l'Assemblée nationale a approuvé une proposition de résolution qui « condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 » à Paris, au cours de laquelle entre une trentaine et plus de 200 manifestants pacifiques sont morts, selon les historiens. Le texte « souhaite » en outre « l’inscription d’une journée de commémoration (de ce) massacre » à « l'agenda des journées nationales et cérémonies officielles ».

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À l'origine du texte, Sabrina Sebaihi a salué par avance un « vote pour l'histoire », représentant la « première étape » du « travail pour la reconnaissance de ce crime colonial, pour la reconnaissance de ce crime d'État ». Cependant, le terme – « crime d'État » – ne figure pas dans la proposition de résolution, ne faisant pas consensus.

Car si la députée écologiste des Hauts-de-Seine est à l'origine du texte – qu'elle portait avec sa collègue Julie Delpech (Renaissance) –, son écriture a fait l'objet de fréquents échanges avec l'Élysée, dans un contexte où les questions mémorielles pèsent toujours lourd dans les relations entre la France et l'Algérie.

« Ayons aujourd'hui à cette tribune une pensée pour ces victimes et leurs familles frappées de plein fouet par l'engrenage de la violence », a déclaré à la tribune ce jeudi 28 mars la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales Dominique Faure, sous les yeux de représentants des collectifs qui plaident depuis plusieurs années pour cette reconnaissance.

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La ministre a néanmoins émis des réserves quant à l'instauration d'une journée de commémoration, soulignant que trois dates existaient déjà pour « commémorer ce qu'il s'est passé pendant la guerre d'Algérie ». « Beaucoup reste à faire pour écrire cette histoire, mais c'est à mon sens la seule façon de bâtir une réconciliation sincère et durable. Je pense important de laisser l'histoire faire ce travail avant d'envisager une nouvelle journée commémorative spécifique pour les victimes du 17 octobre 61 », a-t-elle dit.

Il y a 63 ans, quelque 30 000 Algériens venus manifester pacifiquement à Paris ont subi une violente répression des forces de police. Le bilan officiel de trois morts et d'une soixantaine de blessés est très en deçà des estimations des historiens, qui recensent « au moins plusieurs dizaines » de morts.

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Emmanuel Macron avait amorcé cette reconnaissance en octobre 2021, en déclarant que « les crimes commis le 17 octobre 1961 sous l'autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ». Paris avait annoncé en décembre de la même année un accès élargi aux archives sur la guerre d'Algérie (1954-1962). En 2012, le président François Hollande avait déjà rendu « hommage aux victimes » d'une « sanglante répression » qui s'était abattue sur ces hommes et femmes manifestant pour « le droit à l'indépendance ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne