Matin Première

Financement des partis : l'intelligence collective pour sortir de l'impasse politique ?

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Par Kevin Dero, sur base d'une interview de Thomas Gadisseux

Thomas Gadisseux et François Heureux recevaient ce matin Dorian Feron, Investment Manager à la Société Fédérale de Participations et d’Investissement (SFPI-FPIM) au quotidien et membre du Groupe du vendredi.

Avec d’autres associations, ce " groupe du vendredi " s’intéresse à la chose publique. Un de leurs objectifs, dans une initiative qu’ils lanceront fin mars, est de réfléchir au financement des partis politiques. A la fin de la démarche, ils renverront leurs idées aux partis politiques, qui se sont engagés à les prendre en compte.

Questions d’argent

Tout d’abord le principe du financement des partis. C’est tout simple. Lors de chaque élection, chaque citoyen donne, via son vote, environ 5 euros par an au parti de son choix. Cette somme, sorte de dotation aux partis politiques, sert ensuite à l’emploi de personnes pour leur fonctionnement, à la publicité, à la tenue de meeting, de congrès… Bref, à faire fonctionner la vie politique et démocratique du pays. Ce type de financement permet aux partis de ne pas dépendre de financements privés – entreprises, états…- (et les contributions citoyennes ne pouvant s’élever qu’à hauteur de 500 euros maximum). Un financement public qui permet d’éviter donc trafic d’influence voire corruption privée vis-à-vis des partis. Mais qui peut aussi conduire à certaines dérives, comme les investissements dans l’immobilier ou le placement en bourse. " Une étude européenne a montré que l’an dernier, sur les dix politiques qui ont dépensé le plus sur Facebook, sept sont belges. Dans une année sans campagne électorale " note aussi Dorian Feron.

Même si cela est notamment dû au fait que les règles appliquées en Belgique pendant les campagnes électorales sont très strictes par rapport à celles d’autres pays, le problème reste entier, selon Dorian Feron. Et sans revenir aux financements privés comme c’était le cas avant l’affaire Agusta-Dassault, il faudrait, selon lui, arriver à résoudre cette problématique du financement et de son " manque de transparence ".

Explications sur le financement des partis dans notre journal télévisé :

Sortir de l’impasse

Et Dorian Feron de s’interroger : " Les partis politiques belges, contrairement à leurs voisins, reçoivent beaucoup plus d’argent. Et on remarque qu’il y a très peu de règles, en Belgique, qui les encadrent. C’est problématique pour les experts. Mais aussi par les partis politiques eux-mêmes. Et par le gouvernement actuel, qui indique dans son accord la volonté de réformer le financement des partis ". Très bien, mais on arrive toujours à un nœud : l’impasse politique. " Et on peut un peu le comprendre. C’est très dur de s’autoréguler, de s’autolimiter. Ce sont les partis qui décident pour eux-mêmes ".

C’est donc une sorte de " coup de pouce " que voudrait donner le mouvement citoyen aux politiques. Via un panel, dans ce cas. " Quand on arrive dans une impasse politique, un panel citoyen, ça permet le déblocage ". Et Dorian Feron de citer les cas de L’Irlande (avec les initiatives sur l’avortement et le mariage pour tous), qui a permis d’apaiser les débats et d’avancer, et même de la France, via l’initiative citoyenne lancée par le président Macron à la suite du mouvement des gilets jaunes.

Ce sont les partis qui décident pour eux-mêmes. Et c’est très dur de s’autoréguler, de s’autolimiter.

Pour cela six groupes de réflexion (Itinera, Institut Egmont…) ont été sollicités et des panels citoyens vont être organisés. " Donnons la parole aux citoyens " argue Daniel Feron. Un tirage au sort puis sur base volontaire, trois week-ends thématiques (avec des experts, les présidents de partis puis des discussions entre les citoyens). Encadrées par des figures comme Marius Gilbert du côté francophone, des recommandations au monde politique seront ensuite formulées.

C’est donc une sorte de " coup de pouce " que voudrait donner le mouvement citoyen aux politiques. Via un panel, dans ce cas. " Quand on arrive dans une impasse politique, un panel citoyen, ça permet le déblocage ". Et Dorian Feron de citer les cas de L’Irlande (avec les initiatives sur l’avortement et le mariage pour tous), qui a permis d’apaiser les débats et d’avancer, et même de la France, via l’initiative citoyenne lancée par le président Macron à la suite du mouvement des gilets jaunes.

Ce sont les partis qui décident pour eux-mêmes. Et c’est très dur de s’autoréguler, de s’autolimiter.

Pour cela six groupes de réflexion (Itinera, Institut Egmont…) ont été sollicités et des panels citoyens vont être organisés. " Donnons la parole aux citoyens " argue Daniel Feron. Un tirage au sort puis sur base volontaire, trois week-ends thématiques (avec des experts, les présidents de partis puis des discussions entre les citoyens). Encadrées par des figures comme Marius Gilbert du côté francophone, des recommandations au monde politique seront ensuite formulées.

" Intelligence collective "

L’objectif : faire émerger une " intelligence collective " et des nouvelles idées concernant le financement des partis. Celles-ci seront ensuite soumises au monde politique. Bien que ce fameux panel citoyen n’ait aucun pouvoir, " ce serait dommage et étonnant que le politique ne s’empare pas de l’initiative ". Les présidents de partis se disent prêts à écouter, souligne-t-il.

Ce serait dommage et étonnant que le politique ne s’empare pas de l’initiative 

Extrait de notre 19h30 de ce jeudi :

Confiance à restaurer

Pour Dorian Feron " le but n’est pas de s’opposer aux politiques, mais de créer un pont entre les citoyens et le monde politique, de les aider lorsqu’il y a une impasse. Les citoyens sont libres par essence ". Ces initiatives citoyennes via des panels seraient 600 dans le monde, et les résultats probants selon le porte-parole. Cela peut, selon lui, contrer l’érosion de la confiance de la population dans la démocratie, comme on peut le voir actuellement. " Il faut innover. Le statu quo est négatif, et on remarque chaque année, notamment via ‘Bye bye démocratie’, qu’il y a de moins en moins de citoyens qui croient à nos institutions. Le panel citoyen est un des mécanismes parmi d’autres qui va permettre de redonner de la confiance ".

Le statu quo est négatif

 

La phase de débat est donc à présent lancée (on vous renvoie d’ailleurs vers notre formulaire en ligne) et les lettres pour constituer le panel d’ores et déjà été envoyées de manière aléatoire.

Plus d'infos ci-dessous :

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