Athlétisme. Louise Maraval, l’ascension à 400 mètres/minute en vue des Jeux olympiques de Paris

C’est souvent dans les souvenirs que l’on peut percevoir un avenir… Lorsqu’à 14 ans, Louise Maraval a réalisé 28’’73 sur 200 m haies (2015), son éducateur, Samuel Auneau, savait que son élève pouvait avoir un destin international. « En fait, dès ses premiers chronos en benjamine (2013) sur 50 m et 50 m haies en salle, j’avais décelé le potentiel de Louise », se souvient celui qui l’entraîne depuis 2010. La suite n’est pas un conte de fées, mais un roman d’anticipation devenu un livre biographique que l’athlète de l’Entente Sèvre écrit au jour le jour…

Entre le destin d’une benjamine douée et la réalité d’une athlète internationale, il y a eu de nombreuses étapes… Dans son plan de carrière, même si son premier titre national fut en juniors sur 200 m en salle (2020), c’est avec les épreuves combinées (heptathlon) et le relais 4 x 400 m (déjà) que Louise a porté pour la première fois le maillot de l’équipe de France, aux championnats d’Europe juniors en 2019. Deux ans plus tard, elle obtenait sa première médaille d’argent internationale sur 4 x 400 m et était finaliste à l’heptathlon (8^e) en espoirs.

Lire aussi. L’ascension tricolore de Louise Maraval

« Une discipline exigeante où il faut se former »

Sa carrière, multipliée par cinq (pentathlon) et par sept (heptathlon), a été auréolée d’or à trois reprises en espoirs au niveau national. Une discipline où elle était encore performante en janvier 2023, alors que l’été précédant, elle fut championne de France du 400 m haies. « Le changement s’est fait progressivement, rappelle Louise. Il y a eu une année de transition. Il fallait du temps, car dans mon esprit, c’était dur de passer de : « Je fais plein de choses » à « je me consacre à une seule épreuve ». Au final, le « 4H » (400 m haies) est une discipline exigeante où il faut se former sur plein de choses. »

Lauréate du 400 m en salle chez les espoirs et deuxième en seniors en février 2023, cinq mois plus tard, Louise était la meilleure Française sur 400 m haies aux élites. Une ascension fulgurante avec un chrono de niveau international (55’’83). « Depuis 2015, Louise a toujours travaillé les qualités pour faire du « 4H », rappelle Samuel. Le projet était qu’elle soit performante pour la suite de sa carrière, sans le vérifier en cadette ou en junior, où elle s’est consacrée aux épreuves combinées. Tant que les indicateurs étaient bons sur 200 m (23’’78), 100 m haies (13’’52) et 800 m (2’14’’71), on savait que cela allait forcément donner un bon chrono sur 400 m haies. »

L’anticipation de la performance sur le « 4H » s’est révélée exacte, lors des championnats d’Europe espoirs en Finlande, l’été dernier. À Espoo, elle a été médaillée d’argent sur 400 m haies. Mais ce qui a fait le tour du microcosme de l’athlétisme, c’est sa dernière ligne droite lors du 4 x 400 m, qui a permis à la France d’être championne d’Europe. Un final et un chrono, (50’’61 sur un 400 m lancé), qui lui a permis d’être sélectionnée aux Mondiaux de Budapest. « C’était l’un de mes objectifs, confie-t-elle. Mais entre vouloir et pouvoir, il y a un monde… »

Et des Monde où elle s’est révélée au grand public, en devenant finaliste avec les relais 4 x 400 m mixte et dames. Pour la première fois depuis 2012, Louise n’a pas pensé à combiner course, saut et lancer durant l’hiver 2023-2024. Certes, lors des régionaux à Nantes, elle a couru deux 60 m haies et deux 200 m dans la même journée. Mais ensuite, elle s’est uniquement concentrée sur le 400 m en salle. Vice-championne de France Élite, elle a conclu sa saison en 52’’00, alors qu’elle courait en 53’’57, l’an passé en plein air. « Je savais depuis longtemps que si je devais me spécialiser, ce serait pour faire du « 4H », révèle Louise. Depuis que je suis minime, j’aime cette discipline. C’est seulement l’été dernier que j’ai commencé à faire du spécifique sur la distance. »

Lire aussi. Maraval dans la cour des grandes

Nassau, Rome et Paris

Mondiaux de relais à Nassau (Bahamas) en mai, championnats d’Europe à Rome en juin et Jeux olympiques de Paris 2024 en août, des pages de l’agenda international de Louise Maraval sont déjà crayonnées. Il ne reste plus qu’à les colorier… Si collectivement, elle a le niveau et l’esprit pour devenir une titulaire indiscutable des relais 4 x 400 m ; individuellement, pour l’instant, elle se projette uniquement jusqu’en Italie. « Les minima sont à 55’’70 sur 400 m haies, annonce-t-elle. S’il peut y avoir des qualifications au ranking (classement européen), ce serait mieux de se qualifier avec un chrono. » Une première étape vers les Jeux où les 40 meilleures dames des 212 nations membres de la Fédération internationale d’athlétisme, capables de courir sous les 54’’85, pourront être au Stade de France.