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Le racisme, sa mère, les médias… Le Picard Rudy Gobert à cœur ouvert dans une tribune

Dans un long texte publié sur le site « The Players’ Tribune » lundi 15 avril, Rudy Gobert se confie longuement sur sa vie. Et notamment sur son enfance et le racisme qu’il a subi au sein de sa propre famille.
Par J.H.
Temps de lecture: 1 min

Il avait le cœur lourd, Rudy Gobert. Alors, à quelques jours des play-off qu’il va disputer avec sa franchise des Minnesota Timberwolves, le basketteur français s’est livré longuement, en anglais, dans un texte d’une rare sincérité, publié sur le site The Players’ Tribune.

Celui qui se définit comme une personne « relativement pudique » éprouve néanmoins le désir d’être compris en partageant « un pan de son histoire ». Le natif de Saint-Quentin commence par le racisme, qu’il a subi « avant même d’être conscient ». « Quand j’étais enfant, à peine venu au monde dans le nord de la France, certaines personnes ne voulaient pas de moi pour ce que je suis. Et pas n’importe qui. Les miens. La famille très proche », écrit-il.

« Ma mère est blanche. Mon père est noir. (…) Ma mère avait deux enfants blancs d’une précédente union quand je suis né. (…) Après ma naissance, certains proches ont été clairs avec elle : elle était la bienvenue au repas de Noël tant qu’elle ne m’y amenait pas. »

Ma mère… Que serais-je sans ?
Rudy Gobert, basketteur professionnel

Alors les liens avec ce côté de la famille ont été coupés. « Ça l’a dévastée. Et évidemment, elle a passé Noël avec moi », poursuit Gobert. Qui s’interroge : « Ma mère… Que serais-je sans elle ? »

Dans de longues lignes, le sportif rend hommage à celle dont il porte le nom. Les HLM, le manque d’argent, son père qui repart en Guadeloupe alors qu’il n’a que deux ans : le Picard évoque son enfance au cours de laquelle sa mère « avait plein de responsabilités à assumer ».

À partir du moment où le jeune homme devient obnubilé par le basket-ball, à l’âge de 12 ans, tout ce qu’il a pu entendre de sa mère est : « Poursuis tes rêves, je vais m’en sortir. »

Avant de fouler les parquets de la NBA, Gobert est passé par le pôle espoir d’Amiens. « On avait deux ou trois entraînements quotidiens, en plus de l’école. Amiens était loin de chez moi (Saint-Quentin, ndlr), donc je ne rentrais que les week-ends. Je prenais le train de 6h20 le lundi et je rentrais le vendredi soir. » Ce n’est que « quelques années plus tard » qu’il réalise « combien ça a été dur pour [sa] mère de voir son plus jeune enfant quitter le foyer ».

Conseil aux plus jeunes

De son histoire, le pivot aborde aussi un épisode qui, selon lui, « a déterminé plus que tout autre comment on [le] perçoit aux États-Unis ». En 2019, à la fin d’un entraînement, plusieurs journalistes l’interrogent sur sa non-sélection au All-Star Game. L’homme fond alors en larmes. « Bien sûr, les réseaux sociaux se sont déchaînés. La séquence est devenue un mème, tout le monde s’est moqué », se souvient-il.

Il explique son émotion parce qu’il pense alors à sa mère, qui lui avait annoncé plus tôt, elle-même en pleurant, sa non-sélection. « Je n’étais pas ému parce que je manquais un All-Star Game. C’était bien plus profond. À quel point ma mère compte pour moi. À quel point ce match de basket-ball compte pour moi. Tout ce qu’on a traversé, ensemble. »

De cette séquence et sa carrière en général, le sportif donnerait ce conseil aux jeunes qui rêveraient de marcher dans ses pas : « Personne ne devrait avoir peur d’échouer, surtout les enfants. Montrer ses émotions, ce n’est pas de la faiblesse. C’est seulement être authentique. »

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