Nous trois ou rien: résilience, optimisme et grand coeur
Une histoire d'exil pétrie d'un peu de naïveté, mais de beaucoup de tendresse.
Peut-on rire de tout? Le cinéma nous l’a tellement chantée que, oui, maintenant on peut dire que l’on connaît la chanson : bien sûr que l’on peut, tout dépend comment. Les films à s’emparer, sans aucun complexe, d’histoires tragiques pour mieux les transformer en prétexte à rire sont légion. Parfois, l’émulsion ne se fait pas, et l’impression de voir le plus grave traité par-dessus la jambe empêche l’adhésion du public, mais parfois aussi l’alchimie fonctionne, peut-être parce que le cœur y est et que la sincérité de l’approche permet d’avaler plusieurs couleuvres.
C’est ce qui se passe avec Nous trois ou rien, première réalisation du jeune humoriste français Kheiron qui, malgré ses maladresses, touche droit au cœur et, mieux, galvanise en laissant penser, comme dans une pub de Benetton, que c’est bien en se tenant tous et toutes la main que les lendemains pourront chanter.
Naïf? Sûrement. Réconfortant? Assurément.
Tout commence en 1955, dans un petit village iranien, au sein d’une famille de 12 enfants. Immédiatement, le ton sera donné. Quelque part entre un conte bon enfant et une Amélie Poulain d’ailleurs, notre protagoniste nous présentera sa famille, en voix hors champ et en effets de style amusants. L’enfance, l’adolescence, la naissance des convictions et de la résistance au Shah, l’emprisonnement… tout cela se passera sous le chapiteau d’une légèreté presque pimpante qui, miracle, n’empêchera pourtant pas la tragédie.
Comme dans la vie, les coups pleuvent, mais les sourires parviennent à rester.
Rapidement, on réalise alors ce qui se joue au fond de ce film-cœur sur la main.
Plus qu’un récit de vie, une déclaration d’amour filial (Kheiron raconte en réalité l’histoire de ses propres parents) ou une lettre de (bonnes) intentions, Nous trois ou rien est en réalité un film sur la résilience, ce concept que nous avons appris à appliquer malgré nous en 2020.
Oui, des montagnes iraniennes aux banlieues parisiennes où atterriront Hibat, sa femme (joués par les formidablement attachants Kheiron lui-même et Leïla Bekhti) et son fils, les personnages seront d’abord et avant tout résilients. Pour eux, bien sûr, pour leur survie immédiate, mais surtout pour les autres. Car absorber les chocs de la vie, quelle importance cela peut-il avoir si l’on n’apprend pas à en faire profiter les autres?
Nous trois ou rien, parfois longuet, parfois hésitant, n’en reste pas moins un baume, de ceux et celles qui parviennent, le temps d’une projection, à nous rappeler que dans le pire reste toujours deux valeurs refuges : le dialogue et l’entraide. On peut trouver ça cucul, mais on peut aussi penser que
le cucul, pour qui veut bien passer par-dessus son dégoût, ne cache que tendresse, optimisme et grand cœur, ce qui au cinéma comme dans la vie a des vertus insoupçonnées.
La bande-annonce (source : YouTube).