Vers 8h ce matin, les élèves étaient peu nombreux à descendre des bus pour franchir les portes de leur établissement. Pour cause, une journée « collège mort » est organisée ce vendredi 12 avril 2024 au collège Abel Didelet d’Estrées-Saint-Denis, le plus grand de l’Oise en nombre de collégiens.
Seule une petite centaine d’élèves sur les 900 qui y sont scolarisés au total se sont rendus en cours. « On a demandé aux parents de garder leurs enfants à la maison. Aujourd’hui, on a un effectif très réduit », explique une professeure d’histoire-géographie devant le bahut. Une large majorité des enfants ont suivi cette initiative et sont restés au chaud.
Moins de 100 élèves présents sur 900 ce vendredi
Les enseignants de ce collège sont opposés à la réforme des groupes de niveau prévue pour la rentrée de septembre 2024 pour les classes de sixième et de cinquième, en français et en mathématiques. « L’idée aurait pu être bonne de faire des groupes en fonction des besoins mais il aurait fallu des moyens horaires. Là, on va devoir enlever des manipulations en sciences pour les élèves, enlever l’option théâtre… », pestent les enseignantes évoquant un « soucis organisationnel ».
« Il faudrait davantage de professeurs, davantage de salles de cours et davantage d’heures. Mais on n’a rien de tout ça », résume une autre enseignante. « Techniquement, on ne voit pas comment c’est possible de mettre ces choses en place dans des conditions favorables ».
On a 900 élèves, les bâtiments sont déjà à flux tendu et les salles tout le temps occupées. Avec ces groupes de niveau, il faudrait plus de salles. Mais nous, on ne peut pas pousser les murs.
« Cette réforme n’est ni faite ni à faire. Pour nous, c’est de la stigmatisation sur les groupes les plus faibles », souligne Sandra Galopin, représentante des parents d’élèves du collège d’Estrées-Saint-Denis.
« Il va y avoir du harcèlement »
Ce qui inquiète également les professeures rassemblées, ce sont les conséquences de ces groupes de besoins sur les collégiens eux-mêmes.
« Cela va augmenter la stigmatisation des élèves. Il va certainement y avoir du harcèlement alors qu’on mène un projet contre ça. Ce sera un système avec de la discrimination et très vite, le groupe des élèves en difficulté deviendra ‘le groupe des nuls’ et les enfants seront moqués », détaille une enseignante.
On a fait des réunions d'information avec les parents. Ça les a choqués de savoir qu'on devra trier leurs enfants. Aujourd'hui, c'est toute la communauté éducative qui râle (...). Il y a aussi un sentiment de ras-le-bol général de la prise en compte de l'intérêt de notre profession.
Ce vendredi, les élèves présents sont reçus par leurs professeurs mais n’ont pas cours. « Ils font des révisions mais n’avanceront pas sur le programme », souffle-t-on chez les profs. Ceux-ci se relaieront pour se mobiliser devant les grilles, sur les heures où ils n’ont pas cours ou pas d’élève présent, accompagnés de quelques parents.
Des opérations similaires sont organisées un peu partout en France par les professeurs et parents opposés à cette réforme du Gouvernement. La veille à Méru, une journée « collège désert » était orchestrée à Pierre Mendès-France. Seuls 18 élèves sur 456 étaient présents.
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