Unia n’est pas compétent en la matière
Pour Unia, le centre interfédéral contre les discriminations, "en principe, la discrimination sur base de la langue est interdite par la loi. Depuis pas mal d’années, il fallait désigner une structure compétente mais cela n’a toujours pas été fait. Unia n’est pas (encore ?) compétent en la matière", explique Denis Bouwen, porte-parole d’Unia. "Mais Unia serait bien intéressée", si les moyens lui sont octroyés.
Unia réceptionne des signalements liés à des problèmes linguistiques : un francophone discriminé en Flandre parce qu’il s’exprime en français, un Flamand discriminé en Wallonie parce qu’il s’exprime en néerlandais. "Mais nous ne pouvons pas vraiment traiter ces dossiers. Souvent, nous renvoyons vers d’autres institutions comme la Commission permanente de contrôle linguistique, certaines administrations, des ombudsmans, etc."
Les dossiers dans ce sens concernent souvent le milieu du travail
Evidemment, langue et origine ethnique ou régionale sont liées. "Par exemple, on refuse d’embaucher quelqu’un comme jardinier parce qu’il ne parle pas parfaitement le français ou le néerlandais. Dans un tel cas, Unia est compétent. Les dossiers dans ce sens concernent souvent le milieu du travail."
Attention, prévient Unia, à ne pas confondre discriminations et validation de compétences linguistiques. "Un professeur de français ou de néerlandais doit bien maîtriser la langue" qu’il est censé enseigner.
Cependant, "dans des call-centers, il arrive que l’on refuse parfois des candidats hollandais : leur accent pourrait 'effrayer' des clients (belges) qui reçoivent des appels." Un cas jugé "limite". Des exigences linguistiques peuvent donc être "tout à fait justifiables. Mais pas pour tous les métiers. Cela dépend du job, du contexte…"
Pas embauché en raison de son accent d’origine africaine
En 2012, Unia est toutefois intervenu dans le cadre d’un dossier de discrimination à l’embauche sur base de l’accent. Bien que répondant à toutes les conditions, une personne d’origine africaine n’avait pas pu accéder à un emploi de téléphoniste. Motif ? "Il avait un accent d’origine étrangère."
"Après intervention du MRAX et du Centre, l’agence d’intérim a dû reconnaître que les faits étaient en infraction avec la loi Antidiscrimination", rappelle Unia sur son site Internet. "L’affaire a débouché sur un compromis extrajudiciaire et une indemnisation à concurrence de trois mois de salaire brut pour la victime. Parallèlement, l’entreprise s’est engagée à œuvrer à l’optimalisation de sa politique de diversité et de non-discrimination en collaboration avec le Centre et le MRAX."