NBA - Pourquoi Luka Doncic et les Dallas Mavericks peuvent croire aux finales NBA cette saison

Quand James Harden est arrivé aux Los Angeles Clippers au tout début de la saison, il s’est défini comme un système à lui tout seul. C’était sans doute vrai à une époque, ça l’est beaucoup moins maintenant. En revanche, c’est un constat qui peut s’appliquer à Luka Doncic, un joueur parfois comparé à l’ancien MVP. Aux Dallas Mavericks, tout, ou presque, passe par le génie formé au Real Madrid. Ça en devient agaçant par moments, comme ça pouvait l’être pour Harden justement. En grossissant le trait, ses coéquipiers donnent parfois l’impression d’avoir pour seules tâches de défendre, courir et shooter quand leur meneur daigne leur passer le ballon.

Mais ça, c’est une caricature. Si Doncic est effectivement un système à lui tout seul, c’est d’abord parce qu’il représente un casse-tête unique pour toutes les autres équipes NBA. Prises-à-deux, prises-à-trois, passer sous les écrans, le laisser en un-contre-un… il n’y a aucune bonne réponse ou bon schéma tactique à adopter contre un attaquant aussi complet et talentueux. "Il suscite la crainte de tout le monde. C’est impossible de l’arrêter. Le mieux que vous pouvez faire est d’essayer de le ralentir mais c’est un si bon passeur pour sa taille que ça en devient presque impossible. C’est mon MVP", confiait par exemple Draymond Green, spécialiste des missions défensives aux Golden State Warriors.

Le Slovène tourne à plus de 36 points par match à 51% aux tirs et 45% à trois-points, avec aussi 9 rebonds et 9 passes, lorsqu’il a affronté l’une des dix meilleures défenses du championnat cette saison. Il excelle aussi bien en transition que sur demi-terrain contre des adversaires pourtant bien en place et prêts à lui barrer la route vers le cercle. Ça tombe bien, c’est exactement dans cette configuration que se gagnent les plus grands matches de playoffs : avec de l’intensité, des possessions cruciales et des défenses resserrées. Avoir un joueur capable de faire la différence dans ces moments-là est un "must" pour les candidats au titre. Les Mavs n’ont pas juste un joueur, ils ont LE joueur parfait pour ça avec Doncic.

En réalité, ils en ont même deux. Parce que le maestro n’est plus tout à fait seul aux commandes, même si ça ne se voit pas toujours. Les dirigeants l’ont associé à Kyrie Irving depuis février 2023. Une association qui a d’abord plombé l’alchimie de l’équipe – sans que ce soit la faute du All-Star – qui a plongé jusqu’à la onzième place de la Conférence Ouest après le transfert l’an dernier. Dispersé aux Brooklyn Nets, où il s’est mis à dos une grosse partie du public mais aussi sa direction, Irving revient en grâce cette saison. Il ne fait pas de vague, si ce n’est dans les défenses adverses.

L’ancien compère de LeBron James est impérial dans son rôle de seconde lame. C’est un finisseur hors-pairs et, avec l’attention portée sur Luka Doncic, il se retrouve avec des espaces pour mettre en avant l’étalage de sa palette offensive. Avec 57% de réussite dans les situations "clutch" (5 points d’écart ou moins à 5 minutes ou moins de la fin du match selon la définition retenue par la NBA), il est l’un des joueurs les plus efficaces, si ce n’est le plus efficace, dans les moments les plus chauds. Plus globalement, il compile 25 points, 5 rebonds et 5 passes à 49% aux tirs et 41% à trois-points cette saison, ce qui en fait l’une des deuxièmes options les plus prolifique de la NBA.

C’est surtout la capacité de Doncic et Irving à faire des différences seuls qui rend leur équipe aussi dangereuse dans l’optique des playoffs. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Dallas a gagné 70% des matches au cours desquels les Mavs se sont justement retrouvés avec 5 points d’écart ou moins à 5 minutes ou moins du buzzer final. Hormis les Los Angeles Lakers de LeBron James et Anthony Davis, personne ne fait aussi bien en NBA. Pas même les Denver Nuggets de Nikola Jokic et Jamal Murray.

Le premier réflexe reviendrait à dire que le basket est un sport collectif et qu’il ne suffit pas de deux grands talents pour aller tout au bout. Et c’est vrai, même si, chaque campagne de playoffs tend à montrer que les meilleurs joueurs sont ceux qui font les différences séries après séries. Mais les dirigeants texans ont peut-être trouvé le casting idéal pour entourer leurs deux All-Stars. En tout cas, les ajustements opérés le soir de la deadline en février dernier ont fait basculer l’équipe dans une autre dimension.

Ils ont sacrifié Grant Williams pour faire venir PJ Washington, 25 ans, tout en rameutant Daniel Gafford, qui a le même âge. Tous les deux titulaires, ils apportent du sang neuf et un surplus de dynamisme au groupe mais aussi de qualités athlétiques. Leur présence change notamment la donne en défense, le vrai point faible des Mavericks. Les joueurs de Jason Kidd ont encaissé seulement 106 points sur 100 possessions sur les 10 derniers matches, l’équivalent de la troisième meilleure défense sur la période. Tout en restant l’une des attaques les plus prolifiques.

Gafford est un partenaire idéal sur pick-and-roll avec Doncic. Il est aérien et s’offre panier facile sur panier facile quand la défense décide de se concentrer sur le porteur de balle. Il tourne d’ailleurs à 75% de réussite depuis son arrivée à Dallas. Quand ce n’est pas lui qui dunke, ce sont Washington, Tim Hardaway Jr ou Dante Exum qui mettent dedans de loin. "Je ne comprends pas pourquoi les équipes adverses le prennent à deux sur les picks-and-roll. Surtout avec les shooteurs qu’il y a autour de lui. Ça n’a aucun sens", remarque LeBron James à propos de la superstar.

Luka Doncic reste au centre de tout, peut-être même trop, mais ça joue de mieux en mieux autour de lui. Cette équipe des Mavericks est plus forte que celle de 2022, qui avait atteint les finales de Conférence. L’Ouest est aussi encore plus dense mais la lutte reste très ouverte avec plusieurs équipes inexpérimentées aux premières places. Doncic sera le meilleur joueur sur le papier sur chaque série, si ce n’est contre un éventuel duel avec Denver. Et avec lui, Dallas peut rêver grand.