RENCONTRE – Nora Hamzawi : “La dépression ? Je voulais en parler joyeusement”

Séverine Servat | à 06h42

RENCONTRE – Nora Hamzawi : “La dépression ? Je voulais en parler joyeusement”

On l’a connue chroniqueuse, notamment à Quotidien. Sur scène, l’humoriste apparaît dans toute la fantaisie de son intensité. S’assumant hypocondriaque et complexe. Miroir de nos névroses.

La mine grave, Nora Hamzawi pousse la porte de la pharmacie où nous avons décidé de la photographier : elle confie dans son spectacle adorer les officines où s’épanouit, soupçonne-t-on, sa tendance à l’hypocondrie. Elle n’aime pas poser mais se plie à l’exercice comme si une petite catastrophe planait sur ses épaules. Entre elle et le rapport à l’image, à la coquetterie, il y a ce monde qu’elle refuse de franchir pour laisser la part belle à sa vision de la vie, un peu décalée, toujours singulière. Sans se coller la pression du look. « Quand je suis arrivée à Canal+, en 2014, se souvient-elle, les filles à l’antenne étaient toutes des mannequins. Je ne voulais pas me mesurer à elles, être celle qui force. Rien de pire que d’essayer d’être belle. » Elle a préféré porter des sweat-shirts, prendre le créneau finalement très moderne de la « normcore », cette femme à laquelle on s’identifie, l’impertinence en plus. De quoi prendre le contrepied de sa mère : « Je l’ai trop entendue, vue, obsédée par le physique. Elle est interdite de commentaires – même positifs – sur le sujet quand elle me voit à la télé ou sur scène. »

Le 27 mars, lors de l’audition de Yann Barthès à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête sur l’attribution des fréquences TNT, il a cité quelques noms dont le sien comme talents lancés par son émission Quotidien. C’est dire l’envol qu’elle a pris avec son one-woman-show. En mars, Nora et son talent pour l’observation des petits riens d’une existence traversée par des interrogations à la Woody Allen ont fait rire, plusieurs soirs d’affilée, les 1 700 spectateurs des Folies Bergère, à Paris. Sur scène, entre deux logorrhées sur ses imperfections, elle a osé le coming out sur sa prise d’antidépresseurs. « J’ai commencé le Prozac entre 18 et 20 ans, j’ai un peu arrêté, puis repris. On parle beaucoup de santé mentale depuis le Covid, mais assez peu de la façon dont on s’en sort. La dépression ? Je voulais en parler joyeusement, comme de la question du désir dans le couple. Ses hauts et ses bas. » Tout au long de son show, son amoureux vient la hanter, figure fantomatique omniprésente. Au sein de son binôme, elle ne s’épargne pas, se présente comme la mouche du coche, insupportable et attachante. « On me demande si je raconte ma vraie vie. Oui et non. Je ne donne pas d’âge, de dates, de prénoms ou de photos. Je prends la lumière, pas mon mec, et ça ne le gêne pas. Je crois que ce serait même son pire cauchemar. Il est très différent de moi, aussi rationnel que je ne le suis pas. Je l’ai rencontré il y a près de quatorze ans. Depuis, j’ai énormément changé affectivement. Les trois premières années, j’avais un gros syndrome de l’abandon. Quand il partait en week-end, j’avais peur qu’il me quitte. Il disait : “Ne fais pas ces yeux-là, ça va.” Lui et moi, cela fait un moment maintenant. Parfois, j’ai le fantasme d’être cette femme libre qui enchaîne les mecs, qui papillonne. Et puis non, je ne suis pas ainsi. Je vis une histoire longue. »

Fidèle presque malgré elle à l’écouter. Elle nous avoue observer son compagnon en soirée, en cachette. « Je m’aperçois qu’il est super. Il a de l’humour, il est beau, très intelligent, très loyal, avec beaucoup d’esprit critique. Je ne vois pas ce que je trouverais ailleurs… à part une réassurance narcissique. Je trouve que les gens qui arrêtent des histoires pour se donner un frisson de nouveauté sont un peu comme des hamsters dans une cage. Dans le couple, on finit toujours par se battre contre la routine. » Nora Hamzawi, qui fêtera ses 41 ans le 29 avril, aime son âge. « J’ai l’impression qu’à la trentaine, on se dit : “Voilà je veux devenir comme ci, comme ça. A 30 ans, on a peur de ne pas baiser autant qu’il faudrait, on lit les articles sur le sujet. A 40, on s’assume tel quel. On pense enfin à son désir, on est moins dépendant de celui des autres. » Actrice depuis 2012, elle est celle qui, dans une story Instagram, a estimé que la sortie – initialement prévue fin mars – du film CE2 de Jacques Doillon (où elle tient l’un des rôles principaux) n’était pas opportune en plein scandale Judith Godrèche, qui accuse le réalisateur d’agressions sexuelles. L’agent d’acteurs devenu producteur Dominique Besnehard s’en est pris à elle, la jugeant sans talent. Elle réplique : « Je ne me suis pas posé la question de me taire. J’ai fait ce qui me paraissait juste. Parler, c’est s’exposer. On s’attend à être attaqué. » Dans son entourage, Nora ne connaît pas de ces hommes qui pensent que « c’était mieux avant » ou « qu’on est dans une époque où on ne peut plus rien dire ». Elle sait juste qu’« être un relou, c’est être un relou, c’est tout ». Bien dans son temps, elle éduque son fils, qui est à l’école primaire, dans le respect du rapport à autrui. A son sujet, elle murmure ces jolis mots : « Je ne crois pas que ce soit parce qu’il est mon enfant mais je trouve qu’il a des réflexions pertinentes. Il m’intéresse. » Dans sa bouche, comme pour tous les sujets qu’elle aborde, le compliment est lourd de sens.

* Du 25 avril au 8 juin au Théâtre de l’Atelier à Paris, puis en tournée dans toute la France à partir de mai

Cet article était à retrouver dans le Gala N°1609, disponible le 11 avril dernier dans les kiosques. Pour suivre l'actualité en direct, vous pouvez rejoindre le fil WhatsApp de Gala. Le nouveau numéro de Gala sort ce jeudi 18 avril 2024. Bonne lecture.

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Crédits photos : PHOTO ALEXANDRE ISARD

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