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Caroline De Mulder : la pouponnière d'Himmler, un livre glaçant sur les pouponnières nazies

La romancière belge Caroline De Mulder entourée de Lucile Poulain et de Thierry Bellefroid

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Cette semaine, on parle d'un pan méconnu de l'histoire, celui de Heim Hochland,  la première maternité nazie installée en Bavière en 1944. Thierry Bellefroid et Lucile Poulain accueillent ce dimanche 21 avril Caroline De Mulder venue leur présenter La pouponnière d'Himmler chez Gallimard, une véritable plongée dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à créer une  race pure et aryenne et à fabriquer de futurs combattants.

"La pouponnière d'Himmler" de Caroline De Mulder chez Gallimard

Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l’ordre SS et à leurs mères " de sang pur " un cadre harmonieux.
La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s’être éprise d’un soldat allemand, trouve là un refuge dans l’attente d’une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu’ils ne correspondent pas aux critères exigés : face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent.
Alors que les Alliés se rapprochent, l’organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l’abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu’à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ?
Reconstituant dans sa réalité historique ce gynécée inquiétant, ce roman propose une immersion dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l’Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes.

Caroline De Mulder s’est imposée en une quinzaine d’années comme une des grandes plumes belges. Originaire de Gand, parfaitement bilingue, elle a fait des études de philologie romane d'abord à Namur, puis à Gand et enfin à Paris. Professeur de littérature comparée et d’écritures fictionnelles à l’Université de Namur, elle vient de rejoindre le Master en création littéraire de la Cambre. Profondément convaincue de l'enrichissement  que procure le fait de baigner dans les deux cultures francophone et flamande, elle vient de créer un cours de littérature bilingue avec l’Université de Gand et celle de Namur.

On est dans deux langues, deux rythmes, deux univers, deux manières de placer les mots, deux types d'expressions. Je pense que je n'aurais pas écrit de la même manière si je n'avais pas été bilingue, même si je n'écris qu'en français.

Ce qui frappe chez cette autrice, c'est sa faculté d'adapter son style aux sujets qu'elle traite.  Son premier roman Ego Tango (Ed. Champ Vallon) en 2010, couronné du Prix Rossel,  plongeait dans l'univers du tango parisien. Dans Manger Bambi (Ed. Gallimard), elle s'intéressait au phénomène des gangs de filles, dans les banlieues françaises. Pour reproduire au mieux leur champ lexical si particulier, elle s'est plongée dans cette langue en écoutant beaucoup de rap français, trainant des jours sur des forums, sur YouTube. Résultat, une langue orale, argotique, presque une scansion. Je ne pouvais pas voir le monde à travers les yeux d'un gang de filles si je ne maîtrisais pas leur manière de parler 

Dans son dernier roman La pouponnière d'Himmler, Caroline De Mulder adopte un style nettement plus sobre :

Il y a eu deux grands défis pour écrire ce livre. Le premier défi, c'était la documentation et c'était moins le fait de s'approprier toute cette documentation que de réussir à en sortir pour entrer dans le romanesque. Parce que la réalité, elle est tellement forte, tellement renversante, qu'il faut trouver un romanesque qui soit à la hauteur de ce réel. Et le deuxième défi, c'était le défi de l'écriture. Parce qu'évidemment, on n'écrit pas "La pouponnière d'Himmler" comme on écrit "Manger Bambi". Et pour ce sujet là, il y a une sobriété qui s'est qui s'est imposée à moi, une sobriété de l'écriture.

Envie d'en savoir plus sur Caroline De Mulder et sur ces étranges lieux de vie dans une machine de mort (la SS), alors rendez-vous ce dimanche 21 avril à 23h sur La Trois dans Sous Couverture !

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