Histoire. Quand il fit vraiment froid en Normandie : le redoutable hiver 1879-1880

Tempête de neige, températures glaciales, rivières gelées... en Normandie, l'hiver 1879-1880 fut l'un des plus rigoureux depuis 200 ans. Frissons garantis.

Pas d’hiver sibérien sans neige (© Laurent Ridel)
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Par sa situation en bord de mer, la Normandie bénéficie des influences océaniques qui modèrent le mordant hivernal. Malgré cet avantage géographique, elle subit parfois des conditions climatiques glaciales au point d’être comparée à la Sibérie ou au Groenland. En témoigne le redoutable mois de décembre 1879

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Une tempête de neige pour déclencheur

« L’hiver de 1879-1880 désire se faire classer parmi les hivers les plus froids du siècle ; comme précocité, nous serons obligés de lui donner la palme », commente le Journal de Falaise, le 20 décembre 1879.

Depuis la mi-novembre, il gèle en effet fréquemment dans la région, mais une chute brutale du baromètre avertit les Normands d’une terrible aggravation. Toute la journée du 3 décembre et la nuit suivante, une tempête de neige s’abat. Au matin, les habitants d’Alençon (Orne) découvrent par exemple une couche de 50 à 60 cm, mais le vent a provoqué des congères dépassant le mètre dans certains secteurs de l’Orne. Les rails et les routes encombrés, les trains et les véhicules ne peuvent plus circuler.

À la différence de nos hivers parfois neigeux du XXIe siècle, le manteau blanc tient. Car durant tout le reste du mois de décembre, les jours de température positive se comptent sur les doigts d’une main.

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La Seine est gelée

Toute la France est touchée. Le mercure du thermomètre descend à -28 °C à Orléans (Loiret), -30 °C à Nancy (Meurthe-et-Moselle), -33 °C à Langres (Haute-Marne). À Rouen (Seine-Maritime), plus proche des influences océaniques, on relève -14 °C dans la nuit du 6 au 7 décembre. Le lendemain, la Seine est complètement gelée. Dans l’intérieur de la Normandie, la situation est pire. À Verneuil-sur-Avre (Eure) par exemple, les habitants subissent -21 °C le mercredi 17 décembre ! Et le gel dure…

Dans ces conditions, les fabriques, mal chauffées, ne peuvent plus fonctionner. Une masse de Normands se retrouvent au chômage technique. En réponse, les municipalités des grandes villes financent des ateliers de travail : les chômeurs sont notamment employés pour déblayer la neige. Du sable et de la cendre sont répandus sur les chaussées. Régime sans sel à l’époque.

À Rouen, un bateau-remorqueur se consacre à briser les glaces dans le port dans le but de maintenir un trafic fluvial et d’empêcher la détérioration des bateaux. L’inspecteur de la navigation préfère utiliser la dynamite pour casser la calotte !

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Le froid tue

Des spectacles et des souscriptions sont organisés pour récolter des fonds afin de secourir les plus malheureux. Depuis leurs bureaux de bienfaisance, les municipalités urbaines distribuent nourriture, vêtements et bois.

Mais la question de la survie sous un pareil froid ne se pose pas seulement pour les pauvres. Le Journal d’Alençon raconte la tragédie du facteur de Rânes (Orne). Malgré la tempête de neige, il fait sa tournée du jeudi. Alors qu’il ne lui reste plus que deux lettres à délivrer, il s’écroule de fatigue et de froid avant que les flocons n’ensevelissent son corps inanimé.

À la mi-décembre, Mme Ozerais, 46 ans, se rend de son village à Honfleur (Calvados) en voiture à cheval. Elle parvient jusqu’à sa destination, mais inconsciente. Quoique n’étant plus dirigé, son cheval a continué la route par habitude. La femme meurt dans la nuit.

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Quelques heureux et une bonne nouvelle

La température est si basse que des mesures rarissimes sont prises. Dans les casernes de Rouen, les soldats emprisonnés sont extraits de leurs cellules chaque soir pour passer la nuit, plus au chaud, dans les chambres. En voilà qui peuvent remercier le ciel.

Le temps exceptionnellement froid autorise des loisirs inhabituels : le jour de Noël, environ 200 personnes s’amusent à patiner sur la Seine au Petit-Quevilly (Seine-Maritime).

Enfin, le dimanche 28 décembre, la température s’élève à 4 °C à Rouen si bien que les glaces et la neige fondent rapidement. Ce réchauffement, qui se confirme au début de l’année 1880, crée néanmoins de nouveaux problèmes : les trottoirs et les chaussées se transforment en bourbier ; la Seine charrie de dangereux blocs de glace.

Mais le plus dur est passé. Comme une compensation, le mois de mars est particulièrement doux.

À quand un hiver si terrible ?

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