Sur l’écran radar, le trait luminescent qui figure la trace d’un navire à une vingtaine de kilomètres fait demi-tour et se rapproche de l’Aquitaine. Au «central opérations», sorte de bunker caché au cœur de la frégate française, la vigilance monte d’un cran. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, des marins se relaient devant les consoles reliées aux capteurs ultra-perfectionnés qui hérissent le grand bâtiment gris. Caméras, radars et sonars sont les yeux et oreilles du navire, mais aussi ceux du commandement en chef de l’Atlantique à Brest, de l’état-major français à Paris, et de tous leurs alliés.
Le matin même, la frégate multimissions (Fremm), en patrouille dans la mer Baltique sous commandement tactique de l’Otan, a quitté le port polonais de Gdynia pour se rendre dans une zone située au large de la Lituanie où elle a annoncé qu’elle s’entraînerait au tir. Il est 20 heures passées, et elle fait route dans les eaux internationales à une centaine de kilomètres au large de l’exclave russe de Kaliningrad. Grande comme les deux tiers de la France, la Baltique étend ses longs bras d’eau froide et saumâtre le long de la Suède, de la Finlande et des pays baltes jusqu’à Saint-Pétersbourg, encore bloqué par les glaces. Aucun navire ni sous-marin ne peut y entrer ou en sortir sans fra