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Le youtubeur Inoxtag part à l’ascension de l’Everest, un projet qui agace les professionnels de la montagne

Inès Benazzouz, plus connu sous le pseudonyme d’Inoxtag, est un youtubeur aux 7,2 millions d’abonnés. Il y a un an, il commençait l’alpinisme avec, en ligne de mire, l’ascension de l’Everest. Le voilà enfin parti pour le Népal, une aventure qui ne ravit pas les professionnels de la montagne.

Journaliste web
Temps de lecture: 4 min

« Je me déconnecte pour vivre l’aventure à 100 %, je ne reviendrai pas avant d’avoir réussi mon but », tels sont les derniers mots d’Inès Benazzouz, plus connu sous le pseudonyme d’Inoxtag, avant de partir au Népal pour une expédition d’un mois et demi à deux mois.

Cela fait un an qu’Inoxtag, l’une des stars d’internet les plus influentes du moment, prépare l’ascension de l’Everest. Il avait annoncé ce grand projet le 24 février 2023. Jugé inconscient, le jeune homme de 21 ans (il en a aujourd’hui 22) avait été vivement critiqué sur les réseaux sociaux.

Entouré par une équipe de pros

Pour le youtubeur, les mois qui ont suivi cette annonce ont été rythmés par l’apprentissage de l’alpinisme. Inès Benazzouz, de son vrai nom, partait de zéro. Il a su s’entourer d’une équipe de professionnels pour l’accompagner dans son objectif ambitieux, dont le Chamoniard Mathis Dumas, guide de haute montagne et pièce maîtresse de ce projet, avec qui il gravira l’Everest au mois d’avril. Cette ascension sera aussi une première pour le professionnel.

« Sur 365 jours, j’ai dû faire 300 jours de sport », a déclaré le youtubeur juste avant son départ. Cardio, randonnées, alpinisme, escalade, musculation, Inoxtag ne s’est pas arrêté. Passage obligatoire de son entraînement, il a escaladé le mont Blanc et le Cervin consécutivement, en plus d’une quinzaine d’autres sommets, dont certains dans le massif de l’Himalaya.

« C’est du grand n’importe quoi »

Déjà controversé aux yeux du grand public, le défi d’Inoxtag ne ravit pas non plus les professionnels de la montagne. Pascal Tournaire, journaliste, graphiste et photographe habitué de l’Everest et basé à Chamonix, n’apprécie pas le projet du jeune youtubeur. « C’est du grand n’importe quoi », a-t-il déclaré à BFMTV. Lui a gravi l’Everest en 1988 mais, aujourd’hui, il dénonce une exploitation commerciale du plus haut sommet du monde, jurant que ces gens le font « pour l’ego » et non pour l’amour de la montagne. Toujours auprès des journalistes de BFMTV, il a confié que « n’importe quelle célébrité peut gravir l’Everest si elle y met les moyens » (de 41 000 à 128 000 euros rien que pour l’ascension). Pascal Tournaire regrette de voir arriver ces influenceurs et leurs gros partenaires « pour les vues » alors même que beaucoup d’alpinistes professionnels peinent à trouver des sponsors.

Hausse du nombre d’accidents

Marc Batard, un autre professionnel de la montagne, voit en ce projet « l’illustration de la marchandisation de l’Everest », soit une augmentation du nombre d’ascensions à l’année et comme conséquences : la pollution des massifs, la surpopulation en altitude et la hausse du nombre d’accidents. Si l’alpiniste est reconnaissant de l’image positive de la montagne véhiculée par Inoxtag, il craint qu’une telle médiatisation pousse d’autres amateurs à tenter leur chance.

En Haute-Savoie une fois par mois

Mathis Dumas, acolyte d’Inoxtag pour gravir l’Everest et lui-même professionnel de la montagne, se disait aussi réticent. « J’étais un des premiers à critiquer », admet-il auprès de BFMTV. Mais le guide de haute montagne a finalement accepté d’entraîner Inoxtag et de vivre l’aventure à ses côtés. « En apprenant à le connaître, je me suis rendu compte qu’il avait une vraie démarche réfléchie derrière », a confié le Chamoniard. Finalement, Mathis Dumas, qui emmène Inoxtag tous les mois en Haute-Savoie pour l’entraîner, s’est dit surpris par les progrès du jeune homme, qu’il juge impressionnant, autonome et prêt pour l’ascension. Les deux montagnards viennent de décoller pour le Népal pour finaliser enfin ce « projet d’une vie ».

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