Histoires d’Or : Dans son Nid d’Oiseau, Tia Hellebaut s’envole à 2 m 05 et devient championne olympique en 2008
La DH raconte les médailles d’or olympiques de la Belgique (38/43). Tia Hellebaut a fait chavirer la Belgique entière en clôture des JO 2008, en remportant le concours du saut en hauteur.
- Publié le 17-04-2024 à 13h18
- 38 (23 août 2008) Tia Hellebaut > Athlétisme (saut en hauteur)
- Née à Anvers, le 16 février 1978
Ce 23 août 2008 reste l’un des plus grands moments de l’histoire du sport belge. Tia Hellebaut crée la surprise en battant la Croate Blanka Vlasic, immense favorite du concours de saut en hauteur féminin des JO. À Pékin, 44 ans après Gaston Roelants, à Tokyo, 8 ans avant Nafi Thiam à Rio, l’Anversoise montait sur la plus haute marche d’un podium olympique en athlétisme. Le plus beau moment de sa carrière…
”Oh oui ! s’exclame Tia Hellebaut. Une médaille d’or aux Jeux olympiques, c’est vraiment spécial. J’ai décroché quatre médailles internationales, toutes d’or, en 2006, à Göteborg, en 2007, à Birmingham, en 2008, à Valence, et bien sûr, à Pékin. Il faut croire que je n’aime que l’or…”
Une médaille d’or aux Jeux olympiques, c’est vraiment spécial.
Tia n’a rien oublié de ce samedi 23 août 2008 dans le Nid d’Oiseau.
”J’étais très calme ! Normalement, en compétition, j’étais toujours nerveuse. Mais, là, j’étais très concentrée, mais très calme. Je ne sais pas pourquoi… Quand je compare Pékin 2008 avec Athènes 2004 et Londres 2012, le contraste est frappant. J’étais 'easy' (facile). J’avais la sensation que tout devait bien se passer.”
La pression était sur les épaules de la Croate Blanka Vlasic. “C’était la grandissime favorite parce qu’elle avait remporté 34 concours d’affilée avant les Jeux ! En outre, elle a franchi toutes les barres au premier essai jusqu’à 2 m 05, une sacrée hauteur, même pour elle. Moi, j’étais très heureuse parce qu’en franchissant 2,03 m, j’étais déjà assurée d’une médaille. Le bronze, à ce moment-là. Mais je me suis souvenue de l’Euro de Göteborg où j’étais quatrième et où j’ai quand même fini par gagner avec un saut à 2 m 03 ! À Pékin, avec 2 m 01, j’avais réussi mon meilleur saut de la saison. Mais j’étais en grande forme et je savais que 2 m 03 ou même 2 m 05, c’était possible !”
Et Tia s’envola à 2 m 05.
Enceinte, elle mit fin à sa carrière quelques mois plus tard. Avant de revenir, puis de définitivement ranger ses spikes (pour la troisième fois après 2008 et 2010 !) le 6 mars 2013, accouchant de son troisième enfant, Lars, un an plus tard.
”J’étais une compétitrice dans l’âme”
Tia raconte ce 23 août 2008, le jour d’un concours qui a changé sa vie…
Dans un Nid d’oiseau sous haute tension, en ce samedi 23 août 2008, elles n’étaient donc plus que trois, la Croate Vlasic, la Russe Chicherova et Tia Hellebaut, à s’attaquer à 2,05 m, une barre qui s’avéra décisive pour l’attribution du titre olympique. Si elle savait qu’elle était capable de la franchir, Tia craignait logiquement la longiligne Blanka. Mais celle-ci manqua son premier essai, tout comme la Russe, alors que notre compatriote l’effaça de la plus belle manière. Le poing rageur, elle se doutait qu’elle venait de porter un coup au moral de ses deux dernières rivales.
”Dans un premier temps, je me suis dit que j’avais gagné. Puis, je me suis ravisée parce que ce n’est jamais fini avec Vlasic. Bien sûr, j’étais très contente avec 2,05 m et je savais que c’était 'enough' (assez) pour gagner. Mais Blanka avait, déjà sauté 2,06 m ou 2,07 m auparavant. Mais là, elle se retrouvait sous pression. Et je pense que ça a joué. Toutes, nous savions qu’elle perdait une partie de ses moyens quand elle se retrouvait au pied du mur. Alors, j’étais assez confiante. Je n’étais, bien entendu, sûre de rien. Mais bon… Après avoir franchi 2,05 m, elle s’est attaquée, la première, à 2,07 m. Je n’ai pas vu ce saut. Mais j’ai entendu la réaction du public. Moi-même, j’ai tenté cette barre. Sans succès. J’avais un début de contracture au mollet et Wim m’a dit de passer l’essai suivant. Mais, au fond, quand j’y repense, j’étais très confiante. J’ai regardé le dernier saut en étant persuadée qu’elle ne pouvait pas franchir ces 2,07 m sous la pression.”
Tia comprend alors qu’elle est championne olympique.
”J’étais très fière ! Et puis, a posteriori, je me dis que j’ai toujours bien sauté en compétition officielle, ce qui est essentiel pour la confiance. Pour Blanka, c’était un peu l’inverse. Elle a gagné beaucoup de meetings mais a connu quelques échecs, notamment aux Jeux, même si elle a décroché deux médailles, l’argent à Pékin et le bronze à Rio.”
Derrière ce titre olympique de Tia, il y a, bien entendu, Wim Vandeven, son compagnon et entraîneur.
”J’avais une confiance aveugle en lui. Je me souviens que cette saison-là j’ai connu quelques soucis avec les tendons. Je n’ai d’ailleurs commencé l’année 2008 qu’avec un saut à 1,93 m. Mais j’ai été en progrès constant et, pour le moral, c’était capital !”
Paradoxe : avant son titre olympique à la hauteur, Tia Hellebaut a été sacrée championne du monde du pentathlon ! C’était en mars 2008, à Valence…
”J’avais besoin des épreuves combinées dans ma préparation. En fait, je n’étais pas qu’une sauteuse en hauteur, mais une athlète multidisciplines, ce qui m’a sans doute donné un avantage par rapport aux autres. Bon, quand on voit comment je termine le 800 m à Valence, ce n’est pas évident. Mais je ne m’étais pas spécialement entraînée pour ça ! En revanche, toutes les épreuves explosives m’ont servi pour le saut en hauteur.”