ATP Barcelone 2024 | Rafael Nadal est-il vraiment prêt ? "Je ne serais pas surpris de le voir en finale"

Trois mois que le monde du tennis attendait cela. Rafael Nadal va effectuer son grand retour à la compétition mardi sur le court qui porte son nom à Barcelone (un 1er tour contre Flavio Cobolli à suivre sur Eurosport) où il a triomphé à 12 reprises et où il n'avait plus remis les pieds depuis son dernier sacre en 2021. Quand il a confirmé la nouvelle lundi, nombre de ses fans ont dû exulter, tant ils avaient dû prendre leur mal en patience ces dernières semaines, le Majorquin ayant successivement déclaré forfait à Doha en février, à Indian Wells en mars (malgré une exhibition jouée à Las Vegas contre Carlos Alcaraz) puis à Monte-Carlo il y a une dizaine de jours.

Ce dernier renoncement avait d'ailleurs encore haussé le niveau d'inquiétude quant à sa capacité à se préparer pour Roland-Garros (26 mai-9 juin prochains), son probable ultime grand rêve. Alors le voir revenir dès le tournoi suivant, aussi incertain soit son état physique, est une agréable surprise. "Je ne peux pas faire un point sur mes blessures parce que la liste est longue, s'est-il amusé en conférence de presse d'avant-tournoi. Tout ce que je peux dire, c'est que je me sens assez bien pour être sur le court demain. C'est très important de pouvoir jouer une fois de plus à Barcelone pour moi, un tournoi où j'ai connu un succès fantastique et beaucoup de moments inoubliables."

Mais que signifie exactement pour l'homme aux 22 titres du Grand Chelem "être prêt" ? Une chose est certaine, si Nadal s'aligne, ce n'est pas pour faire de la figuration. C'est d'ailleurs pour cela qu'il avait renoncé à revenir dans le désert californien, s'estimant trop court pour servir correctement à cause de problèmes de dos et aux abdominaux. Mais il ne s'est pas arrêté de s'entraîner pour autant, bien au contraire.

Peut-être n'a-t-il d'ailleurs jamais eu autant de temps pour accumuler les séances et travailler son tennis avant un printemps sur terre battue dans sa carrière. Et en arrivant à Barcelone sans savoir s'il jouerait ou pas, il a légèrement modifié son geste au service, une manière peut-être de soulager ses douleurs, et surtout, d’améliorer ses sensations. Parlez-en au pauvre Andrey Rublev, lui qui est en plein doute en ce moment – il reste sur 3 défaites – et qui a essuyé un cinglant 6-1 à l'entraînement contre Nadal, lui-même étonné par son niveau.

Pourrait-il surprendre son monde malgré son manque de rythme ? Stefanos Tsitsipas, vainqueur à Monte-Carlo et dernière victime du Majorquin en terre catalane, y croit en tout cas. "Qu'il n'ait pas joué depuis longtemps ou que ce soit son premier tournoi, peu importe, nous savons tous ce dont Rafa est capable et à quelle vitesse il peut s'adapter à sa surface préférée, la terre battue. Je ne serai pas surpris si Rafa est en finale à Barcelone, parce que c'est quelque chose qu'il a fait encore et encore pendant des années", a-t-il expliqué aux journalistes sur le Rocher.

Et le Grec de pousser plus loin l'analyse, malgré les incertitudes du Majorquin sur le plan physique. "Ce qu'il a en lui, c'est cet esprit de compétition et ce tennis féroce quand il a la dynamique pour lui qui donne parfois l'impression de l'extérieur qu'il est inarrêtable. Sur le court, c'est encore différent, parce que vous sentez le poids de sa balle. Quand vous regardez, vous n'avez qu'une sensation visuelle, mais quand je lui fais face sur le court, mes six sens sont en éveil. C'est le défi ultime sur terre. Et je pense que ce qu'il a maintenant, c'est l'expérience. Il connait des manières de gagner les points et de s'imposer plus à l'économie qu'il ne le faisait avant."

La terre battue est en tout cas la surface où Nadal est peut-être le moins susceptible de rechuter car elle est moins rude pour les articulations que le dur. Elle augmente aussi la durée des échanges, ce qui représentera assurément un test d'endurance et de résistance. Mais le plus important est ailleurs pour Nadal : retrouver le plaisir d'évoluer sur ocre, son terrain de jeu favori qu'il n'avait plus foulé en compétition depuis près de deux ans. Alors plus que jamais, pour lui comme pour nous, il faudra savourer. Car rien n'assure qu'il puisse enchaîner ou que ça dure.

"En 2022 après Roland-Garros, je marchais avec des béquilles. J'avais joué le tournoi avec beaucoup de problèmes. Ça fait partie de la vie. Je ne pensais pas au temps que ça me prendrait de rejouer un tournoi sur terre battue, a-t-il avoué. Je profitais de ma victoire et je me tournais vers le prochain match. Et c'est ce que j'ai fait toute ma vie. J'ai toujours essayé de m'adapter aux situations et d'être un meilleur joueur. Maintenant, j'ai une perspective différente sur ma carrière : j'essaie juste de profiter de chaque moment. Les trois dernières années, je n'ai pas passé beaucoup de temps sur le circuit et ça signifie beaucoup pour moi de retrouver mes collègues au niveau professionnel." Tout simplement.