FA Cup | Manchester City - Chelsea | Cole Palmer, déjà le tube de l'année

Qu'il faisait froid, lundi soir, à Stamford Bridge. Et pour une fois, la météo londonienne n'y était pour rien. Non, cette fois, toute la faute est revenue à un seul homme : Cole Palmer. Ou plutôt "Cold Palmer" (jeu de mots avec "cold", soit "froid" en anglais). Ce soir-là, l'attaquant à la célébration désormais culte, celle qui le voit mimer le froid en se tapant les mains sur ses bras, a encore frappé avec Chelsea. Et à quatre reprises. Face à Everton (6-0), celui qui fêtera ses 22 ans début mai s'est d'abord offert un triplé express, du pied gauche, de la tête et du droit, en moins de 30 minutes (13', 18', 29'). Avant d'en rajouter un quatrième sur penalty en deuxième période non sans polémique, puisque Palmer, le tireur attitré, a refroidi les ardeurs de certains de ses coéquipiers désirant le frapper, le tout alors que le tableau d'affichage affichait déjà 4-0. Un "penalty gate" dont se serait bien passé un Mauricio Pochettino ébahi au bord du terrain. Mais qu'importe pour Palmer, qui signait là son premier quadruplé de sa carrière.

Mieux, le numéro 20 des Blues a rejoint Erling Haaland en tête du classement des buteurs de Premier League avec 20 réalisations. Un chiffre ahurissant pour un joueur qui n'en avait inscrit aucun en 19 apparitions avec Manchester City, son club formateur, qu'il affronte ce samedi en demi-finale de la Cup. Surtout qu'il comptabilise désormais 22 buts et 13 passes décisives en 37 matches toutes compétitions confondues pour sa première vraie saison complète chez les pros. Lors des 6 derniers matches, il a inscrit pas moins de... 11 buts. Impressionnant. L'attaquant de 21 ans porte sur ses frêles épaules le club de l'ouest londonien qui, à l'ultime journée du dernier mercato estival, l'a recruté en provenance des Citizens, où son temps de jeu était réduit. Le tout pour un peu moins de 50 millions d'euros. Cela semblait une folie à l'époque. Mais maintenant...

"Par rapport à tout l'argent qu'ils ont gaspillé, Chelsea pourrait bien avoir réussi la signature de la saison", a résumé Sky Sports, car "tout ce que touche Palmer en ce moment se transforme en or". "Je l'adore, s'est enthousiasmé Jamie Carragher, ancien défenseur de Liverpool et désormais consultant à Sky Sport. Quand il a le ballon à l'entrée de la surface, on dirait qu'il a tout le temps du monde." De son côté, Mauricio Pochettino, lui, a assuré "ne pas être surpris" des performances de son joueur. "J'attends toujours avant de juger des nouvelles recrues, disait-il de lui lundi. Il prouve au club que le recruter était une bonne décision. La manière dont il enchaîne les performances est tout simplement fantastique."

Né dans le sud de Manchester, Palmer a quitté son club formateur cet été pour augmenter son temps de jeu, malgré un début de saison plutôt prometteur avec City. Barré par une énorme concurrence chez les triples champions d'Angleterre en titre, il a préféré faire ses valises pour s'envoler vers Londres, motivé notamment par l'idée de gagner en temps de jeu. C'est ce qui lui avait été promis par les Blues. "Je n'avais aucun doute sur sa qualité", déclarait fin février Pep Guardiola, son ex-entraîneur, en conférence de presse. Avant d'ajouter : "Il voulait des minutes, ce n'était qu'une question de temps pour qu'il puisse montrer son immense qualité". Mais pour Chris Sutton, ex-attaquant de Chelsea notamment, le manager des Citizens peut s'en mordre les doigts. "Pep Guardiola ne fait pas d'erreurs, mais il en a fait une ici", a-t-il jugé à l'antenne de la BBC.

"Coming 4 you Pep" ("il vient vers toi"), a lancé The Daily Star après le quadruplé du prodige contre Everton, en référence aux retrouvailles programmées samedi à Wembley. Le "roi du but", selon le journal, a lancé "un avertissement" et "semble prêt à revenir hanter Pep Guardiola".

"Une personne du staff m'a dit 'Cole est de Manchester mais on dirait qu'il vient du Brésil ou de l'Argentine'. Il a cette capacité à s'adapter très vite. Une de nos forces, les Argentins, les Brésiliens, les Sud-Américains, c'est de venir en Europe et de survivre, nous nous adaptons très vite", racontait Pochettino en conférence de presse il y a quelques semaines.

"Pour certains ici, qui viennent du nord pour aller au sud (de l'Angleterre, ndlr), ou dans l'autre sens, c'est vraiment dur de s'adapter à cause du temps, de l'accent, tout est différent, poursuivait Pochettino, parti d'Argentine à 22 ans pour jouer en Europe. Mais pas pour lui. Il s'est adapté à vitesse grand V à Cobham (le centre d'entraînement de Chelsea, ndlr), à Londres, au club, cela lui permet de montrer tout son talent. Il est également très intelligent dans la gestion de ses émotions." Et froid, on vous dit. De quoi rendre le gamin de Wythenshawe, un quartier populaire de Manchester, imperméable à une certaine pression. Celle des grands matches, par exemple. Cette saison, il a notamment marqué contre Arsenal, Tottenham, Manchester United... et Manchester City. Sans trembler, Palmer avait inscrit le penalty du 4-4 dans les ultimes instants du match.

Aux onze-mètres, Palmer a réussi un sans faute cette saison, en neuf tentatives, avec un calme bluffant, son principal trait de caractère. "C'est pour ça qu'on l'appelle 'Cold' Palmer", en avait rigolé Noni Madueke en décembre, après un doublé de son coéquipier contre Luton. Sa célébration "frissons" ? Le geste a été emprunté à son ami Morgan Rogers, ancien partenaire chez les jeunes de Manchester City, désormais à Aston Villa.

Au passage, il est devenu depuis le premier joueur de Chelsea à être directement impliqué dans plus de 25 buts en une seule saison de Premier League depuis Eden Hazard (31) lors de la saison 2018/19. Mais aussi le premier à inscrire un quadruplé pour Chelsea depuis Frank Lampard en mars 2010. Pour retrouver un joueur des Blues à plus de vingt buts, il faut remonter à Eden Hazard lors de l’exercice 2018-2019.

Toutes compétitions confondues, il a contribué à 38 buts (25 marqués et 13 passes décisives), plus que tout autre joueur de 21 ans ou moins parmi les cinq championnats majeurs d'Europe. Au total, il est impliqué dans 29 des 61 buts de Chelsea, soit près d'un sur deux. Au-delà de ces statistiques, l'international anglais se comporte en leader technique, mature et décisif d'une équipe trop irrégulière pour jouer les premiers rôles encore cette saison.

Devant de telles performances, même Gareth Southgate a craqué. Palmer, vainqueur de l'Euro U21 l'été dernier avec l'Angleterre et dont le nom est dans tous les débats en vue de l'élection du meilleur joueur de la saison en Premier League, a ainsi été récompensé par une convocation avec les "Three Lions" en novembre dernier, pour les deux derniers matchs de qualification pour l'Euro 2024. Un préambule de ce qui pourrait l'attendre en juin prochain ? Difficile de ne pas y penser. Avec lui dans ses rangs, l'Angleterre serait encore plus redoutable. "Mais la concurrence dans ce secteur est rude", prévenait le sélectionneur britannique.

"Pour être honnête, je ne pense pas que l'envie d'être appelé en sélection ait joué un rôle important dans ma décision de quitter City. Je n'y pensais pas quand je suis allé à Chelsea. Je voulais juste jouer plus de matches, avoir plus d'occasions de prouver ma valeur. Être appelé (en sélection) est un bonus", déclarait l'intéressé en novembre dernier. Cinq mois plus tard, le voilà aux portes de l'Euro.

(Avec AFP)