Gérard Collomb : Un Homme de Pouvoir, une Vie de Contrastes

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Gérard Collomb : Un Homme de Pouvoir, une Vie de Contrastes

Le rideau se ferme sur une figure politique incontournable de la France. Gérard Collomb, l’ancien maire de Lyon, s’est éteint à l’âge de 76 ans, laissant derrière lui une carrière politique riche en rebondissements, en réussites, mais aussi en controverses. Alors que le pays pleure sa perte, revenons sur le parcours fascinant de cet homme qui a marqué de son empreinte la vie politique lyonnaise et nationale.

Un Combat contre la Maladie

Gérard Collomb a lutté courageusement contre un ennemi redoutable : le cancer de l’estomac. Il avait révélé sa maladie en septembre 2022, annonçant ainsi une bataille qui s’est étalée sur un peu plus d’un an. Samedi soir, cette lutte a pris fin, plongeant le pays dans le deuil.

L’ancien maire laisse derrière lui une famille aimante. Marié à Caroline Collomb, il était le père de cinq enfants. Sa femme a confirmé sa disparition et a expliqué qu’il avait souhaité bénéficier d’une sédation profonde pour s’éteindre paisiblement aux côtés de ses proches lorsque le traitement anticancéreux n’avait plus d’efficacité.

Un Parcours Politique Exceptionnel

Gérard Collomb, fils d’un foyer modeste de Chalon-sur-Saône, a connu un parcours politique exceptionnel. Avant de devenir une figure incontournable du paysage politique, il était professeur agrégé de lettres classiques à Lyon. Sa carrière politique a été jalonnée de défaites avant de connaître des sommets.

Mais avant d’être le baron de Lyon au système bien huilé, Gérard Collomb a été « Gégé le loser ». Avec sa moustache fournie, il a fait son entrée au conseil municipal en 1977, mettant près de deux décennies pour devenir maire de son 9e arrondissement. Son adhésion au Parti socialiste en 1981 lui a ouvert les portes du parlement, où il a été député de la 2e circonscription du Rhône jusqu’en 1988. Malgré deux défaites électorales, il a tenté sa chance comme sénateur en 1999.

Le Règne sur Lyon

Le coup de maître de Gérard Collomb est survenu en 2001. À la tête des listes de gauche plurielle, il a profité du partage des voix entre Michel Mercier et Charles Millon pour devenir maire de Lyon, succédant ainsi à Raymond Barre. Ce mandat de trois législatures a marqué le début de sa mainmise sur la politique lyonnaise et métropolitaine.

Parmi ses réalisations majeures, on se souviendra des Berges du Rhône, transformées en espace de promenade et de rassemblement festif. Le système de vélos en libre-service, Vélo’V, a également été lancé à Lyon, ouvrant la voie à une nouvelle façon de se déplacer en ville. La Confluence, quartier en développement avec ses réussites architecturales et ses défis en termes de transport et de vie de quartier, est un autre projet phare.

Gérard Collomb avait également rêvé de faire de la Part-Dieu une petite sœur de La Défense en développant une skyline moderne. Enfin, il a été à l’origine de la création de la Métropole de Lyon, une collectivité unique en France, qui a renforcé son pouvoir et permis au Département de se débarrasser de dettes préoccupantes.

Les Zones d’Ombre

Malgré ses réalisations, Gérard Collomb n’a pas échappé aux controverses et aux zones d’ombre. Sa personnalité colérique et son refus de céder le moindre pouvoir l’ont parfois mis en conflit avec ses collègues et successeurs. Plusieurs personnalités politiques locales ont fait les frais de son ambition dévorante.

En tant que franc-maçon, Collomb a souvent été critiqué pour son utilisation de réseaux d’influence, notamment dans les domaines de la culture et de l’immobilier. Certains de ses proches se sont considérablement enrichis au cours de ses mandats.

La justice s’est rarement penchée sur ses affaires présumées. L’affaire Meriem Nouri, impliquant son ex-femme dans un emploi fictif à la mairie de Lyon, est restée active jusqu’à son décès. Plus récemment, ses liens avec Vinci dans le cadre du chantier de la tour To Lyon ont suscité l’intérêt de la justice.

Un Passage Éclair à Beauvau

Récompensé pour son soutien actif à Emmanuel Macron en 2017, Gérard Collomb a été nommé ministre de l’Intérieur. Cependant, son passage au gouvernement n’a duré qu’un an. Il a été choqué par le manque de soutien de l’exécutif lors de l’affaire Benalla et inquiet de voir ses successeurs locaux prendre de l’ampleur.

Sa loi sur l’immigration a sonné le glas de son engagement socialiste, et il n’a plus été considéré comme un membre de gauche par ses anciens camarades de parti.

Un Héritage Incontestable

Battu par les écologistes en 2020 aux élections métropolitaines, Gérard Collomb a eu du mal à s’adapter à son rôle d’opposant. Son successeur l’a souvent critiqué pour avoir laissé Lyon à la traîne en matière de transition écologique et pour ne pas avoir saisi les enjeux futurs.

Qu’on l’ait aimé ou non, Gérard Collomb restera un maire marquant pour Lyon. Son héritage politique, ses réalisations, et son impact sur la ville sont indéniables. Il entre, comme il l’a toujours souhaité, dans l’histoire aux côtés d’Edouard Herriot, comme l’un des édiles les plus marquants et les plus attachants que les Lyonnais n’oublieront jamais.

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