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" LES MISÉRABLES "

Par JEAN DE BARONCELLI

Publié le 20 mars 1958 à 00h00, modifié le 20 mars 1958 à 00h00

Temps de Lecture 4 min.

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" Ce n'est ni bien ni mal ; cela n'est pas un produit humain, mais quelque chose de fabriqué par un élément. " Ainsi s'exprimait Théophile Gautier à propos des Misérables (1).

Les dix volumes du roman avaient paru en 1862, chez l'éditeur Lacroix. Cinquante ans plus tard le cinéma s'emparait déjà de cette histoire grouillante de vie, malgré les interminables digressions et le pathos philosophique de certaines pages, et dont les personnages étaient devenus en quelques années des héros universellement connus. Cela se passait en 1912, et c'était Robert Capellani, grand homme de la Société cinématographique des auteurs et gens de lettres, qui avait mis le film en scène. Film " colossal ", puisqu'il mesurait 5 000 mètres et qu'il avait coûté 200 000 franc-or.

Le succès de ces premiers Misérables cinématographiques fut prodigieux. Si prodigieux qu'en moins de cinquante ans huit autres versions de l'œuvre de Victor Hugo devaient être réalisées : trois aux États-Unis, une en Italie, une au Japon, une en Égypte, et deux en France. Ce sont Henri Fescourt et Raymond Bernard qui mirent en scène les deux versions françaises, le premier en 1924, le second en 1934, On projetait encore il n'y a pas longtemps dans les petits cinémas de campagne le film de Raymond Bernard, dont les principaux interprètes se nommaient Harry Baur, Charles Vanel, Charles Dullin, Marguerite Moreno.

Voici donc, si nos comptes sont exacts, la dixième mouture des Misérables. Elle bénéficie évidemment des récents " progrès " du cinématographe : couleurs et grand écran. Elle a coûté, dit-on, près d'un milliard de francs et nécessité vingt-cinq semaines de travail. En province le film est projeté en deux " époques ". A Paris les deux " époques " sont jointes, et le spectacle dure quatre heures. Soit dit en passant, le système provincial me parait mieux adapté aux capacités d'absorption cinématographique du spectateur moyen.

De ce spectacle, on peut écrire, à la manière de Théophile Gautier : ce n'est ni bien ni mal ; cela n'est pas du cinéma, au sens où nous entendons ordinairement ce mot, mais de l'illustration cinématographique. Jean-Paul Le Chanois, qui jusqu'à présent avait surtout marqué du goût poux les œuvres " intimistes ", n'a pas cru devoir se découvrir un tempérament lyrique à propos de ce film. Nous ne l'en blâmerons pas. Il ne faut jamais forcer sa nature - et une entreprise de l'importance des Misérables convient mal aux exercices de style. Il ne reste donc rien ou presque rien de la boursouflure hugolienne dans cette histoire clairement, minutieusement et prudemment contée. En revanche l'architecture proprement dite du récit a été respectée dans ses lignes essentielles. Aucun des épisodes du fameux roman ne manque à l'appel, et l'on retrouve tels qu'en eux-mêmes l'immortalité les a figés les personnages aux noms légendaires : Mgr Myriel, Javert, Fantine, Cosette, Gavroche, les Thénardier, Marius et Jean Valjean.

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