Avec "Frères", le réalisateur girondin Olivier Casas raconte l'histoire de son ami Michel, enfant de la forêt

Une mère absente, une forêt, la survie et une fraternité salvatrice. "Frères", du réalisateur girondin Olivier Casas est un film inspiré d'une histoire vraie qui sort en salles ce mercredi. Yvan Attal et Mathieu Kassovitz jouent deux frangins, Michel et Patrick, unis par le secret d'une enfance passée dans un bois de Charente-Maritime. Et si Olivier Casas a choisi de mettre cette histoire à l'écran, c'est qu'il connaît personnellement Michel, âgé de 78 ans aujourd'hui. "Ca fait 20 ans qu'on démarre nos journées tous ensemble avec une bande de copains, dans un café du 17e arrondissement à Paris", raconte-t-il, ce mercredi, invité de France Bleu Gironde.

"Je l'ai vu tailler un bout de bois avec un couteau comme l'aurait fait un indien Cherokee"

Michel de Robert de Lafregeyre, c'est un homme avec "une stature de notable". Sauf que son image change lors d'un "weekend chez des amis en commun. Je l'ai vu au bord de la piscine tailler un bout de bois avec un couteau comme l'aurait fait un indien Cherokee. Ca m'a interpellé, et il m'a dit qu'il avait eu une enfance un peu particulière", poursuit Olivier Casas. C'est le cas de le dire, puisque Michel et son frère Patrice, abandonnés par leur mère, grandissent dans un bois  de Châtelaillon-Plage, au sud de La Rochelle, de 1949 à 1956. Les enfants, âgés de 5 et 6 ans au début, vivent dans une cabane construite au milieu des arbres, se nourrissent de baies, de poissons et de lièvres.

"Ils se sont aimés comme personne, peut-être encore plus qu'un parent aime son enfant, tellement ce qu'ils ont vécu a été fusionnel et intense", décrit le réalisateur, qui a décidé de raconter cette histoire par une suite de retours en arrière, comme un "écho permanent avec l'enfant" que Michel était. "Il a 78 ans, mais quand il en parle, on a l'impression que c'était hier".

"On a fait une projection juste lui et moi. C'était un moment très fort pour nous"

Finalement récupérés par leur mère en 1956, les enfants vécurent ensuite chez un couple de précepteurs parisiens, avant d'être séparés puis envoyé en pension dans le Nord-Pas-de-Calais pour l'un, scolarisé dans un lycée parisien auprès de sa mère pour l'autre. En vieillissant, Patrice a cependant souffert des carences alimentaires de son enfance, et a été diagnostiqué stérile. Il s'est suicidé en 1993, à 48 ans.

S'il a donc raconté son histoire et rencontré les équipes, Michel n'a pas souhaité assister au tournage, explique le réalisateur girondin. "Il m'a dit 'je ne vais pas venir sur le plateau, pour moi ça va être trop dur, ça va remuer trop de choses'. On a fait une projection juste lui et moi. Je lui ai projeté le film de sa vie, et c'était un moment très fort pour nous".