David West Read, créateur de “The Big Door Prize” : “C’est une série sur la crise de la quarantaine”

Une petite ville américaine est bouleversée par une machine magique, qui incite ses habitants à remettre en question leurs choix de vie. Rencontre avec l’auteur de cette belle comédie, dont la deuxième saison est à voir sur Apple TV+.

Chris O’Dowd dans « The Big Door Prize », disponible à partir du 24 avril 2024 sur Apple TV+.

Chris O’Dowd dans « The Big Door Prize », disponible à partir du 24 avril 2024 sur Apple TV+. Apple TV+

Par Pierre Langlais

Publié le 24 avril 2024 à 18h00

Une étrange machine, sorte de Photomaton divinatoire, apparaît mystérieusement dans l’unique supérette de Deerfield, une bourgade de l’Amérique rurale. Elle distribue à celles et ceux qui s’y installent une carte où s’affiche leur « potentiel de vie ». Bientôt, toute la population locale remet en cause ses choix intimes et professionnels… Comédie métaphysique, portrait d’une communauté en pleine crise existentielle, The Big Door Prize est une série injustement méconnue, aussi drôle qu’émouvante. Rencontre avec son créateur David West Read (Schitt’s Creek), alors que sa deuxième saison débute sur Apple TV +.

Une série entre réalisme et surnaturel

« The Big Door Prize est avant tout une comédie, mais avec un soupçon de drame et une pointe de magie qui lui donnent un petit côté surréaliste. Son récit, très ancré dans la réalité de l’Amérique contemporaine, recèle quelques citations rétro, et ses personnages ne semblent pas surpris qu’une machine capable de lire en eux se matérialise comme par miracle. Ce sont les conséquences de son utilisation, la remise en cause de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font sur cette planète, qui secouent la série. »

Chris O’Dowd interprète le personnage principal, l’Irlandais Dusty Hubbard.

Chris O’Dowd interprète le personnage principal, l’Irlandais Dusty Hubbard. Apple TV+

Une réflexion sur nos choix de vie

« Le personnage central, Dusty Hubbard (Chris O’Dowd), confie dans la première saison : “Je ne sais pas si je suis heureux, mais jusqu’ici je ne m’étais jamais posé la question. Et ce n’était pas si mal.The Big Door Prize est une série sur la crise de la quarantaine, ce moment où l’on pense aux chemins laissés de côté, quand l’angoisse monte et que l’herbe paraît toujours plus verte ailleurs. Mais elle dit aussi que la route empruntée a donné un sens à nos vies, qu’il y a quelque chose d’apaisant à simplement apprécier ce que l’on a. »

Un miroir tendu au monde de l’après-Covid

« J’ai lu le livre de M.O. Walsh, dont la série est tirée, en pleine pandémie. J’y ai vu une amusante réflexion sur toutes les décisions plus ou moins existentielles que nous prenions alors, comme apprendre à tricoter ou à faire du pain, changer de job ou mettre fin à notre couple… C’est aussi une œuvre qui évoque notre rapport aux technologies. Les habitants de Deerfield confient à la machine des informations personnelles et attendent d’elle qu’elle change leur vie. Ils se mettent une pression comparable à celle que produisent les réseaux sociaux en nous confrontant à la réussite – réelle ou prétendue – des autres, nous poussant à nous dépasser, à toujours rêver à “mieux”. »

Josh Segarra, Mary Holland, Crystal Fox, Aaron Roman Weiner et Damon Gupton dans « The Big Door Prize ».

Josh Segarra, Mary Holland, Crystal Fox, Aaron Roman Weiner et Damon Gupton dans « The Big Door Prize ». Apple TV+

Une critique douce-amère de l’Amérique profonde

« Je suis canadien et mon héros est irlandais. Je regarde donc avec un peu de distance l’idéal américain de la bourgade accueillante, habitée par des bons vivants. D’une part, je réfléchis à la notion d’intimité dans ce genre de petite communauté, où l’on se retient souvent d’être soi-même par peur du jugement de ses voisins. D’autre part, plutôt que de me payer la tête des gens “simples”, je m’amuse à montrer leur complexité. Le propriétaire de la supérette, sous ses airs bonhommes, est terriblement seul car il n’a jamais pu vivre au grand jour sa sexualité. Le patron du restaurant, ancien sportif mégalo, cache mal son besoin d’amour… La machine au cœur de la série devient aussi un moyen de se faire connaître des autres au-delà des apparences. »

Des personnages émouvants

« Il y a quelque chose de drôle et d’attendrissant à regarder des personnages vulnérables, indécis, essayer maladroitement de changer. Devenir quelqu’un d’autre ou bien apprendre une nouvelle discipline, c’est irrémédiablement se prendre les pieds dans le tapis, du moins au début. Un quinqua qui se met au patinage artistique, comme dans cette deuxième saison, est d’abord cocasse. Mais le voir tomber, se relever et dépasser la sensation de honte, est aussi bouleversant. »

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