La célèbre soupe de nouilles japonaise est un des plats les plus connus dans le monde. Au Japon pourtant, les ramens sont largement considérés comme un plat d’hommes. D’ordinaire, ce sont plutôt des hommes qui essuient une larme d’émotion en parlant de leurs nouilles préférées, et non des femmes. Une culture qui est toutefois en train de changer avec l’émergence des “ramens de filles”.

Dans les années 1960, les ramens deviennent le carburant du Japon, alors en pleine croissance économique, et s’imposent comme une sorte de prérogative mâle. Une source de joie intime et un point d’entrée dans le saint des saints de la masculinité. La plupart des hommes se rendent seuls au restaurant de ramens. Ils s’installent seuls à table et ne parlent à personne. On ne vient jamais ici pour l’atmosphère, ni pour discuter avec des gens.

Puis, en 2023, la tendance “dîner de filles” fait fureur sur les réseaux sociaux après une vidéo sur TikTok d’Olivia Maher [une influenceuse californienne] montrant une assiette de snacks – essentiellement du pain et du fromage – joliment présentés, et ne nécessitant pas d’autre forme de préparation qu’un peu de coupe. En réalité, ce “dîner de filles” s’inscrit dans la droite ligne des “ramens de filles”, en vogue depuis 2015, année où s’est tenu le premier Ramen Girls Festival dans la ville de Yokohama.

“Aider les femmes à ne pas trop manger”

La fondatrice de l’événement, Satoko Morimoto, s’est fait connaître en bloguant sur son amour des ramens, dont elle confesse engloutir près de 600 bols par an. Elle appelait les jeunes femmes japonaises à s’aventurer dans les meilleurs restaurants de ramens du pays, à rester fières dans la file d’attente, majoritairement constituée d’hommes, et à assouvir leur désir obsessionnel pour ce plat emblématique quand elles auraient enfin entre les mains le bol fumant contenant les nouilles si ardemment attendues.

Au Ramen Girls Festival, des c